FASHIONWEEK DE PARIS DEFILE CHRISTIAN DIOR AUTOMNE/HIVER 2023:   „Non, Je Ne Regrette Rien“

FASHIONWEEK DE PARIS DEFILE CHRISTIAN DIOR AUTOMNE/HIVER 2023:   „Non, Je Ne Regrette Rien“

Pour ce nouveau défilé Dior, un message était à retenir : „Les années 1950 étaient beaucoup plus cool que vous ne le pensez“. Une manière de renverser l’image rétrograde de cette décennie. Maria Grazia Chuiri s’est appuyée cette fois sur trois icônes des années 50 chères à monsieur Christian Dior : Catherine Dior, Édith Piaf et Juliette Gréco. De fortes personnalités qui ont réussi à renverser les mentalités sur les stéréotypes féminins, en partageant le même esprit d’indépendance. Un bel hommage au premier défilé Christian Dior. Par Khalad et Milena Soci

La créatrice, Maria Grazia Chiuri, a entrepris de se réapproprier les années 1950 pour la France, car elles ont été monopolisées dans la mémoire populaire, surtout par les États-Unis, „J’ai réalisé que, comme beaucoup d’étrangers, une grande partie de mon image de la France était formée par Paris, mais qu’elle est vue à travers une lentille américaine“, a-t-elle déclaré dans les coulisses du défilé, faisant référence aux images romantiques des photographes américains, ainsi qu’aux films hollywoodiens. Toujours en recherche de l’histoire féminine française des années 50, Maria Grazia Chiuri a choisi comme égéries pour cette saison Catherine Dior, Juliette Gréco et Édith Piaf, des personnages aux vies antagonistes qui partageaient le même sentiment de rébellion et qui adoraient porter du noir. L’histoire de sa sœur de Christian Dior, Catherine, grande résistante, arrêtée et envoyée en camp de concentration avant de s’évader, fut un certain déclic pour lui, pour se lancer dans une collection afin de donner de l’espoir et de l’optimisme à des femmes comme sa sœur, qui avaient souffert pendant la guerre.

Photos : Dior/DR

Une imposante sculpture environnementale envahit l’ensemble. Une installation multimédia avec lumières clignotantes intitulée „Valkyrie Miss Dior“, une œuvre in situ créée par l’artiste lusitanienne Joana Vasconcelos, qui s’inspire des archives de la maison et présente des textiles fleuris, ainsi que des détails lumineux dans une multitude de couleurs. Un hommage à la courageuse sœur du couturier fondateur qui fut la première „Miss Dior“. Sur le podium, la directrice artistique Maria Grazia Chiuri a présenté des looks simples de costumes noirs portés fièrement avec des gants en cuir, des costumes pied-de-poule raffinés et les looks structurés plus masculins avec un pantalon de tailleur, une chemise blanche et une cravate noire. Chaque look gracieux cache un détail plus sombre, comme de longs gants en cuir, des talons ondulés, des chemises pour hommes, des modèles Chocker ou Smooky eyes. Maria Grazia Chiuri ne fait pas de l’obscurité un trait caractéristique de ses créations : elle ne laisse que quelques indices ici et là, pour ne pas perdre l’essence du fondateur de la marque. Se concentrant sur le style français, la directrice artistique explique dans un communiqué avoir cette fois-ci été guidée par trois figures extraordinaires qui ont brisé les stéréotypes féminins : Catherine Dior, Édith Piaf et Juliette Gréco. La sœur de Christian Dior l’a fait en cultivant et en vendant des fleurs comme message d’espoir dans l’après-guerre, tandis que pour Edith Piaf et Juliette Gréco, c’était à travers leurs voix et leur suprême présence scénique

Eye-liner noir en exergue

Le défilé s’ouvre sur un mannequin vêtu d’une chemise blanche ravissante, déboutonnée, avec une simple jupe droite noire, clin d’œil à l’esprit libre de Julette Gréco, cliente et amie de Christian Dior dans les années 1950.

Photos : Dior/DR

Un sac à main noir très féminin se balançait d’une main gantée d’opéra. Plusieurs looks du défilé se sont parés des motifs floraux chers à Christian Dior. Ils ont été revisitées de manière abstraite pour habiller les vêtements, comme les jupes corolles et les robes typiques du style des années 1950. Côté couleur, la maison a choisi des couleurs primaires et audacieuses, du rubis à l’émeraude, en passant par le jaune topaze et le bleu. Edith Piaf, dont les nombreuses réalisations ont devancé les États-Unis une décennie avant les Beatles tout en chantant en France, était également ici dans l’esprit, dans un béret noir et dans un t-shirt à slogan „Je Ne Regrette Rien“ , porté avec des coups d’eye-liner khôl et des boucles d’oreilles dépareillées du plus bel effet. La collection était en fait une vision morose et sombrement chic des années 50, dans laquelle les nuages ​​​​d’orage de la prochaine décennie peuvent être vus se rassembler à l’horizon.

Photos : Dior/DR

Dans ces années-là, la silhouette avait les lignes posées et la finesse élancée que le couturier a fini par incarner dans la seconde moitié des années 1950, lorsque l’exubérance initiale du new look à jupe évasée a cédé la place à des lignes plus graphiques. La simplicité de la robe „New York“, un ensemble deux pièces composé d’une veste carrée noire et d’une jupe droite dessinée par Yves Saint-Laurent, qui était l’assistant de Christian Dior et a repris la maison après la mort de ce dernier en 1957, a trouvé écho dans la simplicité de l’encre jupes et vestes. Une différence d’attitude cruciale a été obtenue en utilisant des tissus modernes, plutôt que de recréer à partir des archives : là où les vêtements des années 1950 étaient raides, les versions 2023 portent leur grand volume avec légèreté. Selon Maria Grazia Chuiri : „La façon dont je peux faire des vêtements maintenant ressemble moins à de la sculpture, c’est peut-être moins précis, moins axé sur la perfection, mais je préfère, il a plus de chaleur.“ Si certaines pièces comportaient un plan de la ville lumière comme motif, d’autres s’inscrivaient dans les tendances actuelles comprenant une veste en jean, une jupe transparente, un bombardier, une robe de soirée flamboyante et une paire de jeans surdimensionnés associés à des chaussures à bout pointu. Au final, si Dior reste fidèle à sa forme d’être (le plaçant toujours dans l’Olympe de la haute couture et du prêt-à-porter), la créatrice a décidé cette saison d’abaisser la gamme de couleurs et d’élever le classicisme des lignes et coupes. L’élégance Christian Dior est évidente dans les blazers à taille étroite typiques (tirés du soi-disant nouveau look du même fondateur de la Maison Christian Dior), dans les jupes larges et dans les basques françaises. Dans le même temps, cependant, les bottes de combat ou les accessoires sur les chemises rappellent l’attachement de la marque au contemporain, à son désir d’envoyer des messages toujours nouveaux, mais avec des codes déjà cryptés. Comme toujours, la marque maîtrise une intemporalité constamment en phase avec son temps : jamais trop futuriste, jamais trop nostalgique.

Photos : Dior/DR
Photos : Dior/DR