Sprint : les frères Márquez volent, Fabio Quartararo chute
La journée avait pourtant démarré comme un rêve bleu-blanc-rouge. Fabio Quartararo (Yamaha) claque la pole, quatrième de la saison, les supporters espèrent. Mais dès le Sprint, les rêves se troublent. Marc Márquez (Ducati) le déborde dès le premier virage, le pilote français tente de résister, freine tard, s’accroche presque. Et ça ne pardonne pas. Très vite, les deux frères Márquez imposent leur tempo. Marco Bezzecchi (Aprilia) en feu sur l’Aprilia, suit de près. Fabio Quartararo dégringole, puis chute au stadium. Silence côté français. Devant, Marc Marquez prend le large, Alex Marquez (Ducati Gresini) le chasse, mais ne peut rien faire. Une 9ᵉ victoire Sprint pour Marc, un 10ᵉ doublé fraternel le samedi. La dynastie est en marche.
Course : Marc Marquez en total contrôle
Dimanche, ciel néerlandais voilé, mais tension maximale sous les casques. Le départ est une litanie de chaos feutré. Fabio Quartararo (Yamaha) en pole, loupe complètement son envol. C’est Pecco Bagnaia (Ducati) qui jaillit en tête, suivi comme son ombre par les deux frères Márquez. À l’approche du premier virage, la messe est dite pour le poleman français, Marc et Álex le déposent sans cérémonie. Rapidement, Marc Marquez passe son cadet et se lance à l’assaut du trône, toujours détenu par son coéquipier Pecco Bagnaia. Puis vient le geste du champion : virage 9, freinage tardif, dépassement chirurgical. le numéro 93 Márquez prend la tête de la procession.
Pendant ce temps, Marco Bezzecchi (Aprilia), véritable révélation du week-end sur l’Aprilia, remonte comme une prière exaucée. Il double Álex Márquez(Ducati Gresini) et installe la pression sur le meneur. Et comme si cela ne suffisait pas, Pedro Acosta (KTM) s’invite lui aussi dans le bal. Puis c’est le coup du sort. Álex Márquez, en lutte avec son jeune compatriote Pedro Acosta, touche la roue du pilote KTM, un léger contact mais une chute spectaculaire vient annihiler toutes ses velléités. Résultat, une fracture à la main gauche. Game over. La nef d’Assen se tait, puis murmure. Le leader est averti. Il ne craque pas. Il hausse le ton.
Derrière, Marco Bezzecchi ne lâche rien. Toujours à une demi-seconde, il titille la ligne invisible que Marc Márquez se refuse de franchir. Plus loin, Pedro Acosta tente de sauver les meubles, mais Pecco Bagnaia le repasse dans un sursaut d’orgueil. Le top 4 est figé, en tension. Le circuit, lui, fait le tri. Joan Mir (Honda), Miguel Oliveira (Yamaha Pramac), Ai Ogura (Oui Aprilia trackhouse), Fermin Aldeguer (Ducati Gresini)… tous balayés par les rugosités de la cathédrale. Même Fabio Quartararo, pourtant en pole position, n’y échappe pas. Invisible ou presque, il termine 10e, écho triste d’un week-end qu’il avait entamé en fanfare.
Les deux derniers tours sont un chant grégorien entonné à pleins gaz. Marco Bezzecchi tente encore, mais Marc Márquez ferme chaque ligne comme une prière silencieuse. Il accélère là où il faut, économise là où d’autres brûlent. Et quand la dernière cloche sonne, c’est bien lui, l’officiant en chef. 94ᵉ victoire en carrière, sixième de la saison, un pas de géant vers un 9ᵉ titre. Sur le podium, Marco Bezzecchi offre à Aprilia son deuxième trophée de l’année. Pecco Bagnaia sauve la troisième marche. Derrière, Pedro Acosta, puis Franky Morbidelli (Ducati VR46) et Fabio Di Giannantonio (Ducati VR46) complètent un top 6 d’orfèvre.
Marc Marquez, , fidèle à son humanité derrière le casque, lâche quelques mots qui résonnent plus fort que les moteurs : „Je ne m’attendais pas à ça ici… Assen, c’est pas mon jardin préféré. Mais c’est peut-être pour ça que cette victoire compte encore plus. Et une pensée pour Álex, mon père m’a dit qu’il s’était blessé à la main.“ Assen, temple sacré des sports mécaniques, a vibré sous les roues de Marc Márquez. Le maestro espagnol y a signé une messe à haute intensité, triomphant d’une course haletante, nerveuse et magistrale. Devant l’autel du MotoGP, il repousse Marco Bezzecchi, brave les chutes et grave un peu plus son nom dans la pierre de la légende.