SAUT HERMES 2022 : Kevin Staut tombe le masque

SAUT HERMES 2022 : Kevin Staut tombe le masque

Cette année a marqué le grand retour du spectacle hippique Saut Hermès, qui pour la première fois s’est déroulé au Grand Palais Éphémère, installé aux Champs de Mars en lieu et place du Grand Palais qui a fermé ses portes l’an dernier pour travaux. Une rencontre sportive stylée de grande envergure qui a attiré des milliers de spectateurs pour un spectacle grandiose dans lequel les meilleurs chevaux et cavaliers du monde s’affrontaient pour des prix prestigieux. À ce jeu-là, la France n’a pas failli… Par Khalad

Le saut d’obstacles est radicalement différent des autres sports sur un point : chaque équipe nécessite deux athlètes, ne parlant pas la langue de l’autre, chacun ayant une confiance inconditionnelle dans les capacités de l’autre. Ainsi en est-il au Saut Hermès.
Un événement international où l’élite mondiale du saut d’obstacles participe à un concours doté de la qualification CSI 5* (code pour désigner les concours de saut d’obstacles du plus haut niveau, 5 est le summum), statut dicté par la Fédération Équestre Internationale et la Fédération Française d’Équitation. Sur une période de trois jours, pas moins de neuf concours rythmés par un spectacle équestre inédit, imaginé par la troupe Alma Vaquera de Denis Marquès.


Photos: Hermès/Jessica Rodrigues/Annemarie Ledoux

Les chevaux des champions équestres présents au Saut Hermès sont appréciés pour de nombreuses raisons, mais avant tout pour leurs capacités très développées dans un manège de saut d’obstacles, où ils peuvent sauter à des hauteurs de 2,5 m jusqu’à des longueurs de 5 m. C’est une capacité naturelle, mais elle est affinée par de nombreuses heures d’entraînement, de pratique et d’éducation. Cela s’applique aux deux athlètes : cheval et cavalier. Il est stupéfiant de voir un cheval de 1,70 m franchir une série d’obstacles à grande vitesse sur ce qui s’annonce comme un parcours difficilement calibré. La puissance et la force ne sont qu’une partie de l’équation. Le cheval doit réagir avec précision aux directions, par exemple en alternant sa jambe de tête en plein vol, si nécessaire, pour exécuter le prochain virage serré. Au décollage, quelques centimètres trop tard et les pattes avant vont heurter irrémédiablement les obstacles.
Seule la performance compte : il y a des limites de temps et des fautes pour renverser des obstacles ou être trop lent. Les refus sont les plus graves de tous, et il faut prendre en considération qu’il n’y a rien de sûr. Le cavalier doit également s’entraîner, car il ne doit jamais s’attendre à ce qu’un cheval fasse une chose qu’il ne peut pas faire. Cela peut sembler évident dans une certaine mesure, mais quand on y pense, il est difficile de savoir ce qu’un cheval peut ou ne peut pas faire ? Chaque chevauchée est une sorte d’exercice dans l’incertitude, bien que ni le cheval ni le cavalier ne puissent laisser cette pensée s’insinuer.

Photos: Hermès/Jessica Rodrigues/Annemarie Ledoux

Un Grand-Prix haute couture

Le saut Hermès est un événement qui permet de mettre en exergue les produits haute-couture hippiques de la maison. Depuis 2010, Hermès dispose de la selle Talaris : une selle de saut d’obstacles modulable, conçue par l’écurie Hermès. L’équipe en charge du produit a passé trois ans pour développer cette selle, qui certes ressemble aux autres, mais la vérité est à l’intérieur. La selle Talaris est très structurée et améliore l’ajustement. Elle pèse 1,5 kg de moins qu’une selle traditionnelle, le titane et le carbone remplaçants le métal et le bois pour l’alléger et la rendre à la fois plus légère et plus durable. De plus, elle est ajustable pour s’adapter à n’importe quel cavalier et cheval. Si certains cavaliers s’affichent ici avec une selle Hermès, d’autres concourent avec leur propre équipement, aucune obligation n’est soumise dans cette épreuve.
Le Saut Hermès est aussi l’occasion de faire connaître ce sport exigeant. Dans le public, on y trouve une bonne combinaison entre les amoureux des chevaux et ceux qui ne connaissent rien. Que vous soyez un expert équin ou novice, peu importe, il y a un envoûtement instantané au moment où les sabots du cheval tonnent et que les basques du cavalier claquent. Le ressentit profond de la puissance au trot et du galop, avec une prise de conscience qu’à tout moment que le cheval et son cavalier peuvent prendre leur envol.

Les cavaliers français assurent

C’est dans cette élégante réplique du Grand Palais près de la Tour Eiffel, que les cavaliers venus du monde entier se sont affrontés durant le Saut Hermès. Exit les masques, tout le monde avait hâte de se retrouver afin d’en découdre sur la piste exiguë et sélective de cette épreuve prestigieuse. Plus d’une cinquantaine des meilleurs cavaliers du monde sont ici, le genre de formation que vous voyez aux Jeux olympiques : les suédois Peder Fredricson et Henrik von Eckermann, Rolf-Göran Bengtsson, les britanniques Scott Bras et Michael Whitaker, l’australienne Edwina Tops-Alexander,
l’allemand Marcus Ehning, le marocain Abdelkébir Ouaddar, les Suisses, Martin Fuchs et Steve Guerdat, les belges, Pieter Devos, Grégory Wathelet, Olivier Philippaerts et Jérôme Guéry,
les français, Simon Delestre, Roger-Yves Bost, Philippe Rozier, Kevin Staut, Edward Levy, Mathieu Billot, Olivier Perreau, Julien Gonin, Pierre-Alain Mortier, Alexandra Paillot, Alexa Ferrer, et bien d’autres illustres cavaliers et cavalières.


Photos: Hermès/Jessica Rodrigues/Annemarie Ledoux

Chez les jeunes, le „Talents Hermès‘ épreuve pour les cavaliers de moins de 25 ans, fut l’occasion pour eux de se montrer dans cette compétition. La lutte fut rude et à ce jeu-là, les deux seuls français sont montés sur le podium du Grand Prix 1,45 m : Laura Klein est vainqueur avec sa jument SF Cattleya Plassay, suivie du couple Belge Gilles Thomas/Jetric Van Beek Z, tandis que le duo Antoine Ermann/Azur du Vinnebus a pris la 3e place, et ce, à l’issue d’un barrage qui comptait pas moins de 13 adversaires. Après les „Talents Hermès“, c’était au tour des coureurs du CSI 5* de monter sur le ring avec le Prix GL Events, un beau contre la montre avec des obstacles à 1m50 de hauteur. Et le God Save The Queen a résonné dans l’enceinte du Grand Palais Éphémère en l’honneur du duo britannique Scott Brash/Hello Shelby. Quinzième coureur à entrer dans la mêlée, le n°8 mondial et champion olympique par équipe 2012 à Londres a très vite imposé le rythme avec l’excellent temps de 60“50.
„Je suis très heureux d’avoir obtenu une victoire ici, le public était vraiment sympa aujourd’hui, ce qui était agréable à voir, mon Shelby a vraiment essayé et il est naturellement très rapide, donc tout a payé aujourd’hui“, a déclaré Scott Brash.
Le cavalier belge Jérôme Guery monté sur Grupo Prom Diego a réussi à franchir la ligne d’arrivée en 60 secondes (60“98). Mais cela n’a pas suffi à battre le cavalier britannique, qui signe sa toute première victoire au Saut Hermès.
Sur les trente-sept couples cavalier-cheval au départ, quinze se sont déroulés sans faute. Le troisième meilleur temps a été réalisé par le champion allemand Marcus Ehning associé à Calanda 42 en 61“91. Quant aux français, c’est le couple Kevin Staut/Chepetta, qui s’en sortent le mieux, 5e en 62“73. 
Le Grand Prix Hermès CSI 5 * clôturait de manière éblouissante cette douzième édition du Saut Hermès. Aux commandes de sa jument Cheppetta, le champion olympique par équipe Kevin Staut a brillamment remporté le premier prix du délicat Grand Prix Hermès créé par le légendaire chef de piste espagnol Santiago Varela Ullastres. Parmi les douze duos qualifiés pour le barrage, le champion français était le seul des quatre couples à avoir réalisé un double sans faute pour franchir la ligne d’arrivée en moins de trente-six secondes (35“50).
Une couronne devant deux champions olympiques suédois, Henrik von Eckermann a terminé second sur King Edward en 36“05, juste devant son compatriote Peder Fredricson associé à Hansson WL en 36“22.
Le dernier couple à obtenir un double sans-faute fut l’argentin José Maria Larocca avec Finn Lente qui termine au pied du podium en 36“38.

„La jument a fait sa rentrée sportive après avoir affiché des performances fantastiques, nous connaissons donc bien ses talents. Nous ne nous sommes jumelés que récemment. Nous avons connu une montée en puissance au Portugal à Vilamoura, où elle avait déjà remporté un Grand Prix 3 étoiles, mais il est juste de dire que nous sommes bien au-dessus de ce niveau ici. Je suis ravi ! Ravi pour toute l’histoire de cette jument. Elle est unique. Elle est toujours heureuse de sauter. J’ai eu la chance de monter de très bons chevaux dans ma carrière et là, on forme l’un des meilleurs couples que j’ai eu ! Gagner un Grand Prix comme celui-ci n’est pas une mince affaire ! En parcourant le parcours, j’ai senti que c’était difficile. C’était le plus haut niveau possible dans le monde ici aujourd’hui. Tout le monde est venu pour le Saut Hermès avec les mêmes ambitions : gagner et briller ! Gagner ici à Paris, après que l’événement ait été reporté, c’est sûr que ça fait du bien. Nous avons besoin d’éléments comme celui-ci pour que nous, les coureurs de l’équipe de France, puissions nous remettre en marche et repartir dans la bonne direction. Je pense que cela a fait du bien à tout le monde. Cette victoire est vraiment une victoire d’équipe, une victoire de tous les français, ainsi qu’un peu égoïstement, ma propre victoire. En arrivant ici, j’ai savouré le nouveau décor et je dois dire, ça ne me déçoit pas aujourd’hui ! „, a admis un Kevin Staut ému.

Photos: Hermès/Jessica Rodrigues/Annemarie Ledoux