Sur les routes tortueuses du Rallye d’Europe centrale, Kalle Rovanperä (Toyota) a signé une partition magistrale. Entre République tchèque, Autriche et Allemagne, le pilote finlandais a dompté les pièges d’un parcours inédit pour s’imposer avec autorité. Résultat : une 3ᵉ victoire cette saison, un doublé Toyota avec Elfyn Evans (Toyota), à 43,7 secondes, et un 5ᵉ titre constructeur consécutif pour l’écurie japonaise. L’ère hybride du WRC a trouvé son maître. Par Khalad

Photos : WRC/Toyota/Hyundai/DR

Vendredi : Sébastien Ogier en éclaireur, Kalle Rovanperä en chasseur

La première journée a offert un duel de haute volée entre Sébastien Ogier (Toyota) et Kalle Rovanperä. Sur des spéciales rapides, mais piégeuses, les deux pilotes Toyota se sont échangé les meilleurs temps. Le pilote français, solide malgré la poussière et l’humidité, a terminé en tête avec six dixièmes d’avance. Son jeune rival, plus incisif l’après-midi, a recollé. Derrière, Elfyn Evans a limité les dégâts malgré une pénalité pour une chicane touchée. Toyota plaçait déjà quatre voitures dans le top 5, démontrant sa supériorité technique et stratégique.

Hyundai en panne, Ford en souffrance

Chez Hyundai, le vendredi a viré au cauchemar. Thierry Neuville (Hyundai) a enchaîné les galères : capot récalcitrant, crevaison, rythme en berne. Grégoire Munster (Ford) lui, a vu sa Puma Rully1 céder sur une bosse fatale. Le parcours, exigeant et changeant, a mis à mal les mécaniques et les nerfs. Le taux d’abandon a grimpé, confirmant la rudesse de ce rallye transfrontalier.

Photos : WRC/Toyota/Hyundai/DR

Samedi : Sébastien Ogier s’envole… dans un arbre

Le samedi a tout changé. Dès la seconde spéciale, Sébastien Ogier a perdu le contrôle de sa Yaris sur une portion détrempée et feuillue. L’impact contre un arbre, violent, a mis fin à ses espoirs. Miraculés, Sébastien Ogier et son copilote Vincent Landais ont quitté la course. Kalle Rovanperä, désormais seul en tête, a géré son avance avec une sérénité glaciale. Ott Tänak (Hyundai) a tenté de revenir, Elfyn Evans a peiné, Takamoto Katsuta (Toyota) a brillé. Toyota, encore, partout.

Dimanche : la consécration et les frissons

Le dimanche a confirmé la domination du double champion finlandais. La spéciale “Beyond Borders” a été annulée après l’accident de Thierry Neuville, qui a glissé sur un pont. Sans blessure, mais avec un nouvel abandon pour Hyundai. Sébastien Ogier, pénalisé de 40 minutes, a signé un baroud d’honneur en remportant la Power Stage. Kalle Rovanperä, lui, a bouclé les 18 spéciales avec une avance nette, offrant à Toyota son 9ᵉ titre constructeur, à une unité du record de Lancia. Oliver Solberg (Toyota), non inscrit pour les points parmi les Rally2 s’impose largement, devant Jan Černý, vainqueur du WRC-2 à domicile. Elfyn Evans reprend la tête du championnat avec 247 points, ses deux prestigieux coéquipiers Kalle Rovanperä et Sébastien Ogier suivent à 13 longueurs.

Photos : WRC/Toyota/Hyundai/DR

WRC-2 : Jan  Černý, l’émotion d’un sacre sur ses terres

Dans l’ombre des ténors, Jan Černý (Skoda) a écrit sa propre légende. Le pilote tchèque a remporté sa première victoire en WRC-2 au volant de sa Škoda Fabia Rally2. Profitant des abandons de Léo Rossel (Citroën) et Alejandro Cachón (Toyota), il a pris les commandes samedi soir et ne les a plus lâchées. À l’arrivée, il devance son compatriote Filip Mareš (Toyota) de 30,1 secondes, qui signe son premier podium avec une Toyota Yaris Rally2. L’Italien Roberto Daprà (Skoda) complète le top 3, devant Eamonn Boland  (Ford) et Nikolay Gryazin (Skoda) Fabio Schwarz (Toyota), ralenti par des soucis mécaniques, ferme la marche. Ému, Jan Černý a dédié sa victoire à son père et à son équipe : « Après la Finlande, j’étais au plus bas… maintenant, je suis vainqueur. » Un triomphe local, dans un rallye dans lequel chaque mètre semblait peser une tonne.

Photos : WRC/Toyota/Hyundai/DR