SPECTACLE LES 7 DOIGTS DE LA MAIN, PASSAGERS: Le train imaginaire

Published by Khalad

Mylène Sanchez-Alsina

Le temps d’un voyage, en attendant le relais suivant « Passagers » raconte le périple de 9 passagers partageant leur vie dans quelques détails avec des non-dits imaginaires métamorphosés par des performances acrobatiques. Au-delà du réel, ce trajet en train, devient alors le lieu de tous les possibles… Par Khalad

C’est à Paris, en cette fin d’année, dans le Parc de la Villette que la compagnie canadienne „Les 7 Doigts de la Main“ a jeté son dévolu pour près d’un mois de représentation de son spectacle „Passagers“. Le chapiteau a été aménagé de manière à plonger le public dans l’atmosphère d’une gare : une imposante horloge est accrochée au mur, il y a des bancs en bois, des valises qui traînent…
Un spectacle vivant mis en scène par la directrice artistique Shena Carroll, symbiose brillante d’un cirque, d’une performance plastique et d’une comédie musicale. Neuf artistes en langage corporel montrent les histoires de passagers d’un train pour une destination utopique, de la tourmente de la gare à la relation entre compagnons de voyage durant le long trajet en train. Le professionnalisme des artistes est tout simplement incroyable : la performance présente largement tous les principaux genres de cirque, chaque acteur présente quelque chose de différent : du cerceau, de l’aérien sur tissu, de la jonglerie, du sol, du funambulisme sur corde, du mât chinois et du trapèze…

Photos: Mylène Sanchez-Alsina

Trajet mouvementé

Durant le spectacle, il faut retenir son souffle à plusieurs reprises, les prises de risques sont fréquentes, superbement maîtrisées. Par ailleurs, les moments vocaux sont légion dans la performance avec une attention particulière à l’artiste britannique Kaisha Dessaline-Wright pour son interprétation en chant. Durant le spectacle, des sujets philosophiques sont abordés : après tout, nombre de personnes a été passager au moins une fois dans son existence, et en fait, tout un chacun est passager sur le chemin de la vie. Les métaphores cousues dans le récit, apparemment en lambeaux, qui font en quelque sorte sens.
Un interlude amusant sur la mécanique quantique comme un voyage dans le temps avec une théorie d’Albert Einstein sur la vitesse à laquelle va le train avec un timing parfait des acteurs. À ce moment précis, alors que le temps semblait figé : une femme est jetée en l’air et attrapée par une autre, qui est elle-même suspendue à l’envers à un trapèze, une fraction de seconde où le temps s’étirait presque comme s’il s’arrêtait pour respirer. La distribution cosmopolite (9 pays représentés) est sans doute ce qui fait le charme de ce spectacle avec des artistes d’univers variés qui durant la prestation se sont exprimés en français sans complexe.
Coté musique, la bande sonore maîtrisée par Colin Gagné tantôt rapide et gaie, puis lyrique, est parfaitement tissée organiquement dans la toile du récit avec un délicieux générique de fin.