L’art en Europe – Le continent que l’UE ne connaît pas

L’art en Europe – Le continent que l’UE ne connaît pas

En partenariat avec de grands musées tels que le Palais des Beaux-Arts (BOZAR) à Bruxelles, le musée national des beauxarts Pouchkine et le Centre d’État des Musées et des Expositions ROSIZO à Moscou, le ZKM présente le vaste projet d’exposition L’art en Europe.

L’exposition passe en revue les forces culturelles fédératives sur le continent eurasien et se penche donc sur une aire culturelle centrale, ébranlée et déchirée par plusieurs crises et guerres au cours du XXe siècle. À l’aide d’œuvres d’art et d’une frise chronologique documentaire, l’exposition met en lumière la rupture civilisationnelle de la Seconde Guerre mondiale et la manière dont les néo avant-gardes de l’après-guerre y réagissent. Trois musées de renom international unissent leurs efforts pour rassembler 500 pièces de plus de 200 artistes et offrir un panorama de l’évolution artistique paneuropéenne des deux côtés du Rideau de fer. Les trois musées insistent sur des aspects différents en fonction de leur histoire et situation géographique. Au ZKM, qui s’est notamment voué aux évolutions artistiques expérimentales des années 1950 et 1960, l’exposition est personnalisée et agrandie. Des plasticiens des néo avant-gardes occidentales, comme Zero, Nul ou le Groupe de recherche d’art visuel y sont présentés pour la première fois dans le contexte de l’émergence parallèle de nouvelles tendances en Europe de l’Est et en URSS – telles que Nove Tendencije ou le groupe Dvizhenie. Cette juxtaposition met au jour de nouveaux récits de l’Europe, parlant d’innovation, de la liberté de l’individu, de risque et de résistance, de recherche et d’expérience. L’Europe de 1945 à 1968 La période sur laquelle l’exposition braque les projecteurs, 1945 à 1968, incarne à plusieurs égards celle de perspectives artistiques et politiques tendues vers l’avenir. À l’issue de la Deuxième Guerre mondiale en 1945, les frontières politiques et culturelles se durcissent progressivement avec le Rideau de fer qui divise le continent européen entre Est et Ouest. La conférence de Yalta (1945), réunissant Roosevelt, Churchill et Staline, signe l’abandon politique de l’Europe de l’Est à la page.

Partenaires de l’exposition Avec le soutien de Partenaires du projet européen Donateurs du ZKM Partenaire du ZKM Partenaire de mobilité dictature stalinienne, l’Europe procédant ainsi à sa propre amputation. Une nouvelle Ostpolitik est inaugurée en 1968, qui débouche, grâce à la chute du Mur, sur la réunification de l’Allemagne de l’Est et de l’Ouest, qu’on peut aussi lire comme le signal de la naissance consécutive de l’Union européenne. Art et Guerre froide Jusqu’à présent, l’historiographie s’est principalement intéressée à l’expressionnisme abstrait entendu comme symbole de l’Ouest libre, tandis que le réalisme socialiste incarnait l’Est communiste. Nous savons toutefois aujourd’hui que ce modèle prédominant de l’histoire de l’art était un produit de la Guerre froide. C’est pourquoi l’exposition tente de réinterpréter l’évolution de l’art européen dans une perspective paneuropéenne. Elle montre ce faisant une renaissance spécifique de la culture et de l’art européens entre 1945 et 1968. En réunissant les néo avant-gardes d’Est et d’Ouest, le projet d’exposition révèle que les origines d’un grand nombre de nouvelles formes artistiques produites après la guerre – de l’art numérique à l’art conceptuel, de l’actionnisme à l’art sonore – se trouvaient en Europe ou qu’elles ont émergé de façon concomitante en Europe de l’Ouest, aux États-Unis, en URSS et en Europe de l’Est. Les artistes du pop art d’Europe de l’Est, souvent mus par des motivations politiques, sont ainsi bien moins connus à ce jour que leurs collègues américains ou anglais. Un nouveau récit pour l’Europe L’exposition et le catalogue qui l’accompagne déploient plusieurs nouveaux récits de l’Europe. Premièrement, l’art de l’après-guerre est interprété comme une voie pour surmonter les expériences traumatiques de la Seconde Guerre mondiale, de la Shoah et de la destruction atomique. La réponse a été double, d’une part : crise et rejet de la représentation au moyen de l’abstraction, de l’autre : destruction des outils de représentation et dépassement de l’aspect matériel des blessures. Vers 1960, deuxièmement, on observe un abandon de l’abstraction et une prédilection pour les objets, sous la forme du Nouveau réalisme, par exemple. C’est le début de l’expansion de l’art vers les médias techniques et les formes d’action de l’artiste comme du public. Troisièmement émerge une résurgence de l’utopie, dont 1968 est l’épicentre. Cette même année, les troupes du pacte de Varsovie entrent dans Prague, événements qui marquent la fin de l’exposition. Quatrièmement, l’exposition a pour objectif d’unifier sur le plan culturel l’Europe historiquement divisée. Un phénomène en ressort clairement : en dépit de la fin de la Guerre froide, les nations séparées pendant des décennies ne connaissent pas suffisamment les cultures des autres nations.

Artistes présentés (sélection) : Giovanni Anselmo, Arman, Vojin Bakić, Max Beckmann, Joseph Beuys, Günter Brus, Alberto Burri, Alberto Biasi, Dadamaino, Alexander Deineka, Herman de Vries, Öyvind Fahlström, Jean Fautrier, Stano Filko, Poul Gernes, Tomislav Gotovac, Karl Otto Götz, Raymond Hains, Eva Hesse, Alfred Hrdlicka, Tadeusz Kantor, Yves Klein, Gyula Konkoly, Vladimir Kristl, Erkki Kurenniemi, Laszlo Lakner, Fernand Léger, Heinz Mack, Karel Malich, Piero Manzoni, Almir Mavignier, Mario Merz, Harald Metzkes, Frieder Nake, Nam June Paik, Pablo Picasso, Victor Popkov, Equipo Realidad, Gerhard Richter, Mikhail Roginsky, Alina Szapocznikow, Nicolas Schöffer, Kjartan Slettemark, Jesus Raphael Soto, Daniel Spoerri, Zdeněk Sýkora, Paul Talman, Jean Tinguely, Werner Tübke, Günther Uecker, Timm Ulrichs, Gabriele de Vecchi, Wolf Vostell, Stephen Willats, Ossip Zadkine, Gilberto Zorio