JACQUES VILLEGLÉ EXPOSITION MONOGRAPHIQUE​

JACQUES VILLEGLÉ EXPOSITION MONOGRAPHIQUE​

La galerie delphine courtay est honorée d’accueillir en ses murs une seconde exposition personnelle de Jacques Villeglé, artiste majeur de l’art contemporain, membre fondateur du groupe d’artistes les Nouveaux Réalistes en 1960.

L’exposition montre la richesse de ses décollages d’affiches lacérées glanés dans les rues parisiennes à travers une sélection exceptionnelle de petits formats historiques de 1958 jusqu’à 1990. Ils accompagnent des éditions récentes provenant de son atelier (objets, sculptures, estampes) ainsi qu’une série de photographies de reportage réalisées par son ami François Poivret. Releveur de traces de civilisation, et plus particulièrement lorsqu’elles sont anonymes, Jacques Villeglé présente une « peinture » aux couleurs déchirées sans avoir touché un pinceau.

Au fil de ses flâneries dans les rues françaises en mutation, de la fin des années 40 au début des années 2000, l’artiste prélève des murs et des palissades urbaines une multitude d’affiches superposées lacérées par des passants et délavées par le temps et la pluie. Il questionne ainsi le rôle de l’artiste qui profite du geste collectif et anonyme ; les passants qui lacèrent, collent ou décollent les affiches participent ainsi à la création de l’oeuvre future. Ainsi sur une même oeuvre diverses impressions (publicité, actualité politique, artistique…) se mèlent aux couleurs multiples et aux typographies variées.

Avec ce qu’il arrache, il cherche à rendre illisible le slogan et le sourire commercial laissant apparaître dans le feuilletage de leurs épaisses couches de papier autant de témoignages et de multitudes d’événements qui ont marqué l’histoire de la rue.
Le 28 février 1969, lors de la venue du président Nixon à Paris, l’artiste est frappé par l’écriture d’un graffiti anonyme repéré sur les murs d’un couloir de la station République, dans lequel on distingue le nom du président américain NIXON, avec les trois flèches de l’ancien parti socialiste pour le N, la croix de Lorraine pour le I, la croix gammée pour le X et la croix celtique inscrite dans le cercle du mouvement Jeune Nation pour le O. L’impact d’idéogrammes ainsi assemblés sans commentaire avait plus de violence que tous les NIXON
AT HOME inscrits par milliers. Jacques Villeglé le mémorise comme il mémorisera toutes les écritures singulières qu’il rencontrera par la suite (signes religieux, politiques, alphabets d’écrivains, typographies de la finance…)
et qui, combinés, deviendront le matériau de son alphabet socio-politique, en constante évolution, matrice des graphismes et des textes à venir.

François Poivret est devenu le photographe attitré de grands artistes de notre époque : César, Olivier Debré, François Bouillon, Antonio Saura, Brice Marden, Jacques Villeglé. Avec ce dernier, il a développé une collaboration étroite depuis 1985, qui englobe le travail à l’atelier et le reportage sur les lieux d’arrachage, donnant ainsi une image urbaine bien particulière. Il réalise très régulièrement des portraits de Jacques Villeglé au cours de ses voyages, pendant la réalisation de ses œuvres, et lors d’expositions. François Poivret vit près de Rennes.

Jacques Villeglé, né à Quimper en 1926, a commencé en 1947, à Saint-Malo, une collecte d’objets trouvés : fils d’acier, déchets du mur de l’Atlantique… En 1949, il limite son comportement appropriatif aux seules affiches lacérées. Juin 1953, publication de Hepérile éclaté, poème phonétique de Camille Bryen rendu illisible à travers les trames de verre cannelé de son partenaire intellectuel Raymond Hains (1926 – 2005). Février 1954, le poète lettriste François Dufrêne les présente à Yves Klein, puis à Jean Tinguely et Pierre Restany, avec lesquels sera constitué, en avril 1960, à Milan, le groupe des Nouveaux Réalistes, après leur participation commune à la première Biennale des jeunes de Paris d’octobre 1959. Au préalable, en 1958, Villeglé avait rédigé une mise au point sur les affiches lacérées intitulée Des réalités collectives, préfiguration du manifeste des Nouveaux Réalistes d’avril 1960. En 1959, il avait créé l’entité Lacéré anonyme.
Releveur de traces de civilisation, et plus particulièrement lorsqu’elles sont anonymes, il a réuni à partir de 1969 un alphabet sociopolitique en hommage au Professeur S. Tchakhotine, auteur en 1939 de le Viol des foules par la propagande politique. Une première exposition rétrospective consacrée aux graphismes sociopolitiques a été organisée par le musée
Sainte-Croix de Poitiers en 2003.
En 2006, Jacques Villeglé entreprend un travail de sculpture s’attaquant à des techniques traditionnelles (bronze, verre) comme à des techniques industrielles (acier corten, inox poli miroir, fonte).
Depuis 1957 l’œuvre de Villeglé a fait l’objet de plus de 250 expositions personnelles dans quatre continents, et a participé à des manifestations collectives dans les cinq continents. Ses œuvres ont été acquises par les plus importants musées européens, américains et du Moyen-Orient.
Plusieurs monographies lui ont été consacrées : Bernard Lamarche-Vadel (Marval, 1990), Odile Felgine (Ides et Calendes, 2001), Gérard Durozoi (Hazan, 2008). En 2007, les éditions Linda & Guy Pieters ont publié une importante biographie par Odile Felgine préfacée par Arnaud Labelle-Rojoux. En 2013, les éditions Filigranes ont édité un livre réunissant 25 ans de portraits par François Poivret. En 2019, Gallimard publie « Jacques Villeglé, l’anarchiviste » par Alain Borer.

En 2022, sera publié un ouvrage biographique écrit par Barnaby Conrod, actuellement en cours de production intitulé « Jacques Villeglé and the Streets of Paris ».
En 2005, l’ensemble de ses écrits est édité par Transéditions, Paris. En 2007, à l’occasion de la présentation de sa collection dans son musée de Hanovre, Ahlers Pro Arte fait paraître leur traduction en allemand. En 2012, Martin Muller Books de San Francisco publie une large sélection de chapitres en anglais. En 2013 Petit vocabulaire (interview par Odile Felgine) paraît chez Jean-Pierre Huguet. En 2018, Jacques Villeglé a publié Jacques Villeglé et ses compagnons du Nouveau Réalisme chez Bernard Chauveau et Gala Bryand aux Éditions de la pierre d’alun. Depuis 1988 huit des dix-neuf volumes du catalogue thématique et exhaustif de ses affiches lacérées ont été édités. Jacques Villeglé est représenté en France par la galerie parisienne Georges-Philippe & Nathalie Vallois.

JACQUES VILLEGLÉ

EXPOSITION MONOGRAPHIQUE​
DU 22 JANVIER AU 19 MARS 2022

AFFICHES LACÉRÉES   ÉDITIONS   PHOTOGRAPHIES DE FRANÇOIS POIVRET

GALERIE DELPHINE COURTAY
120 Grand’Rue 67000 Strasbourg
+33 622 520 592