Le film s’ouvre sur une scène de 1976, plongeant le spectateur au cœur d’une Jamaïque déchirée par la violence politique. Kingsley Ben-Adir, dont le talent a brillé dans des productions telles que („Peaky Blinders“ et „One Night in Miami“) dans le rôle de Bob Marley, apparaît avec une stature maigre et majestueuse, ses dreadlocks symbolisant à la fois sa force et son engagement.
Il se prépare pour un concert de paix à Kingston, espérant apaiser les tensions d’une nation fracturée. Cependant, la réalité est brutale : la Jamaïque est un pays en proie au chaos, où les partis politiques et les gangs se livrent une lutte sans merci pour le pouvoir. La violence atteint même Bob Marley, qui échappe de peu à une tentative d’assassinat, un événement traumatisant qui le contraint à l’exil en Angleterre, à Londres. Le réalisateur Reinaldo Marcus Green, accompagné des scénaristes Terence Winter, Frank E. Flowers et Zach Baylin, se heurte néanmoins à un écueil fréquent des biopics : la difficulté de condenser une vie riche et complexe en quelques heures de film. Le récit semble précipité, manquant parfois de la profondeur émotionnelle nécessaire pour rendre pleinement justice à la figure de Bob Marley. Les flashbacks évoquant son enfance difficile, son rapport conflictuel avec son père blanc et son immersion dans le rastafarisme, bien que pertinents, manquent de force et de détail.
Des épisodes clés de la vie du musicien, comme sa rencontre avec le mouvement Punk à Londres, sont abordés, mais ne reçoivent pas l’attention qu’ils méritent.
Ces moments auraient pu offrir un aperçu plus nuancé de l’influence culturelle de Bob Marley et de la résonance de son message au-delà des frontières de la Jamaïque. Malgré cela, le film brille par moments, notamment lorsqu’il retrace la création de la chanson „Exodus“, offrant une fenêtre fascinante sur le processus créatif de l’artiste. La musique de Bob Marley, interprétée avec passion par l’acteur britannique Kinsley Ben-Adir, est l’une des deux grâces salvatrices du film. L’autre est la performance elle-même, qui parvient à capturer l’énergie scénique et la profondeur spirituelle de Bob Marley, malgré les lacunes du scénario. Le choix de Reinaldo Marcus Green de maintenir le dialogue en anglais jamaïcain authentique, sans recourir à des sous-titres standard, est une décision louable qui immerge le spectateur dans l’atmosphère de l’époque. En définitive, „Bob Marley : One Love“ est un film qui, malgré ses imperfections, rend hommage à la légende de la musique reggae. La performance de Kingsley Ben-Adir et la musique intemporelle de Bob Marley méritent d’être célébrées, même si elles auraient pu trouver un écrin plus à la hauteur de leur grandeur.