À l’étape de l’année précédente, l’octuple champion du monde des rallyes Sébastien Ogier (Toyota), reconduit son programme sur mesure en WRC cette saison. Exit le n°1 pour le n°17, sur sa Toyota Yaris, il avait à cœur de contester son épreuve favorite en retrouvant tous ses copains de jeu qui eux contestaient la totalité du championnat. D’emblée, le pilote français impose un rythme soutenu que personne d’autre n’est capable d’égaler et le vendredi soir, il avait plus d’une demi-minute d’avance sur son coéquipier finlandais, champion du monde sortant, Kalle Kovanperä (Toyota) en signant le meilleur temps sur quatre des six spéciales du jour, et ce, avec 36 secondes d’avance sur le reste du peloton. Déjà, la veille, il avait remporté les deux spéciales du soir.
Cette journée fut un vrai festival pour le constructeur japonais Toyota avec une Yaris bien au-dessus du lot. Elfyn Evans (Toyota) termine cette journée 5e, mais le pilote gallois aurait pu être plus haut. Il a mis pas mal de pression son coéquipier français dans la boucle du matin sans toutefois le passer, mais une crevaison sur le pneu arrière droit l’a freiné sur sa transmis, l’obligeant à passer l’après-midi pour rattraper du temps . Kalle Kovanperä a pu doubler Thierry Neuville (Hyundai) lors de la boucle de l’après-midi et a vu sa place de dauphin pour le reste de la journée, même si l’écart entre eux n’est que de 1,9 seconde. À la 4e place se trouve Ott Tänak (Ford) , transfuge de Hyundai pour Ford cette saison, qui a tenté de trouver un rythme au volant de sa Ford Puma Rally1, mais en vain,
Même constat, mais bien plus grave pour son jeune coéquipier chez M-Sport, Pierre-Louis Loubet (Ford) , sa direction assistée l’a lâchée dans l’après-midi et il a dû disputer trois épreuves dans cet état, le faisant sortir du top 20 au classement général. Dani Sordo (Hyundai) est étonnamment peu à son aise avec cette nouvelle i20, il perd toujours du terrain et accuse un retard de 30 secondes sur Elfyn Evans. Takamoto Katsuta (Toyota) est resté relativement prudent mais au fil des spéciales, il augmente son rythme avec de bons chronos. Quant à la 3e Hyundai, le finlandais Esapekka Lappi (Hyundai), en découverte, a du mal à trouver les bons réglages de sa nouvelle monture coréenne.
Le samedi, journée souvent cruciale en WRC, a bien démarré pour Sébastien Ogier, confortablement installé avec un avantage significatif de plus d’une demi-minute sur le reste du peloton. Pilote d’expérience, il a choisi un rythme de conduite en deçà lors de la boucle du matin. Pour cette raison, son écart avec son coéquipier est réduit de 6 secondes. L’actuel champion du monde affichait un rythme particulièrement bon, qui, en plus d’avoir signé le meilleur temps sur la première spéciale du jour, ne cessait d’étendre son avance sur son poursuivant Thierry Neuville. Cependant, ce dernier lui a répondu après avoir changé de pneus en rappelant coup sur coup une paire de spéciales dans la boucle de l’après-midi, afin de maintenir la pression sur la Toyota. Il a brisé du coup l’hégémonie de l’équipe japonaise, qui a jusqu’ici triomphé sur toutes les spéciales. Elfyn Evans a continué sa „remontada“ en profitant des problèmes de direction assistée sur la Ford Puma de Ott Tänak, pour prendre la 4e place.
La 6e place est désormais occupée par le pilote nippon Takamoto Katsuta, mais en raison des grandes différences devant et derrière lui, il ne combat pratiquement personne et son objectif est d’atteindre la ligne d’arrivée en toute sécurité. Dani Sordo, qui, après avoir échoué à comprendre la voiture vendredi, a rencontré des problèmes avec le système hybride samedi. Esapekka Lappi, son nouveau coéquipier, est à seulement 2,6 secondes derrière lui. Pierre-Louis Loubet, reparti ce samedi le couteau entre les dents, a quant à lui, terminé la journée prématurément. Le pilote français piégé par une plaque de glace, a heurté
un talus et endommagé sa Ford Puma à tel point qu’il était impossible d’effectuer des réparations suffisantes sur place. L’abandon était irrémédiable.
Dans la dernière étape de la journée, Kalle Rovanperä a fait la preuve d’un très bon pilotage et a terminé avec 6 secondes d’avance sur le reste du peloton. Grâce à cela, il est revenu à 16 secondes du leader avant le dernier jour de course.
Avant le départ de cette dernière journée, Sébastien Ogier, toujours leader de ce Rallye de Monte-Carlo, mais avec un avantage moindre, savait très bien ce qu’il fallait faire pour s’imposer. D’entrée, le français a donné le ton ce qui a de suite freiné toutes les velléités de ses poursuivants. Au vu des circonstances, le jeune champion a fini par préférer garder ses forces pour les points de la Power Stage. Bien lui en une prise, à défaut de victoire, sa 2e place conjuguée à sa victoire dans la Power Stage, est un bon départ pour cette longue saison. La dernière marche du podium revient à Thierry Neuville qui s’est terminée à près de 45 secondes de Sébastien Ogier. Le pilote belge au volant de sa Hyundai i20 n’a pas pu rivaliser avec la Toyota Yaris qui, à l’issue du rallye, comptaient 16 triomphes sur 18 dans les spéciales. Selon la direction de Hyundai Motorsport, l’équipe s’attendait à un rallye plus hivernal et les voitures étaient configurées pour de telles conditions. Elfyn Evans, qui tentait de rattraper son retard depuis la crevaison de vendredi, a finalement dû se contenter de la 4e place. Ott Tänak, 5e, pour qui c’était son retour chez M-Sport et surtout sa première apparition dans une Ford Puma. L’ancien champion estonien a même occupé un moment la 3e place, mais le processus d’apprentissage de la nouvelle voiture ne fut pas aisé, attaché en outre par des problèmes avec la direction assistée, qui l’ont fait chuter de la 4e à la 5e place samedi. Il a cependant marqué 4 points supplémentaires pour son deuxième chrono de la Power Stage. Takamoto Katsuta a bien performé avec sa Toyota et a terminé 6e, malgré une suspension arrière qui a lâché en pleine Power Stage. Cependant, le pilote japonais a réussi à terminer l’étape et tout le rallye, devant le duo Hyundai composé de Dani Sordo et Esapekka Lappi. Ces derniers, n’ont pas pu s’adapter à cette nouvelle i20 N préparée pour cette saison, en plus d’être gangrené par des soucis avec l’hybride pour l’un et la mécanique pour l’autre.
Durant toute l’épreuve, le pilote Nikolay Gryazin (Skoda) a dominé la catégorie WRC 2. Seule une fâcheuse crevaison est survenue dans la dernière spéciale qui lui fit perdre plus de 30 secondes est venue l’inquiéter le samedi, mais il n’a finalement pas eu à forcer le dimanche pour maintenir un écart suffisant sur le français Yohan Rossel pour s’imposer. Ce dernier, pourtant revenu à 15″2 avant l’ultime journée et à moins de 10 secondes après les deux premières spéciales du jour n’a pas pu faire craquer le pilote russe de ce dimanche. À l’arrivée, le gardois termine 2e à 4“4 secondes du leader.
Mais coup de théâtre, donnant suite à une réclamation du team PH Sport contre le pilote Toksport WRT, affirmant que ce dernier avait enfreint l’article 19.2 du Règlement Sportif FIA WRC, les officiels ont infligé après l’arrivée une pénalité de 5 secondes à l’équipage russe pour avoir trop coupé un virage dans une spéciale du samedi. Les positions sont donc inversées dans le classement final pour ces deux équipages qui complètent par ailleurs le Top 10 toutes-catégories.
De retour en WRC 2, Adrien Fourmaux (Ford) n’est pas connu à Monte-Carlo facile. Jamais dans le coup au volant de sa Ford Fiesta Rally2, le pilote nordiste n’a pas pu espérer grand-chose. Trop loin du groupe de tête, il s’en est tiré avec la 5e place à près de 2 minutes du vainqueur. De retour cette fois en WRC2 pour la première fois, François Delecour (Skoda) a pu se confronter avec les ténors de la catégorie au volant d’une Skoda. Il s’en tire avec les honneurs et satisfait de sa prestation sans erreurs. L’ancien pilote officiel, et lauréat 94 qui a participé à son 24e Rallye sait qu’il peut largement s’améliorer dans cette catégorie avec plus de roulage et une autre façon de piloter. La vitesse des pilotes phares du WRC 2 l’a vraiment impressionné. À noter par ailleurs, la performance d‘ Oliver Solberg (Skoda) de retour en WRC 2 au volant d’une Škoda Fabia RS Rally2. N’étant pas inscrit pour les points sur ce rallye, d’ouverture du championnat, il s’est montré largement au-dessus de tous en remportant 10 des 18 spéciales de l’épreuve, mieux encore, le jeune pilote suédois n’est sorti du top 10 général que 5 fois. À domicile pour la prochaine épreuve, Oliver Solberg et son copilote Elliott Edmondson débuteront cette fois la course au titre, à suivre..