En 2005. le duo François Gautret et Hayette Fellah, ont posé les premières pierres d’un festival pas comme les autres. Pas de tapis rouge, pas de projecteurs en haut des marches. Juste la rue, brute, vivante, imprévisible. Ils voulaient un cinéma qui ne regarde pas la ville de loin, mais qui l’habite. Un cinéma qui parle des gens qu’on ne filme jamais. Des corps qui dansent, des voix qui protestent, des regards qui racontent. Ils ont appelé ça l’Urban Films Festival. Et depuis, ils n’ont jamais cessé de marcher.
L’Urban Films Festival, c’est un tour du monde sans passeport. Paris, Bamako, Boston, São Paulo… Chaque film est une fenêtre ouverte sur une ville qui respire, qui lutte, qui rêve. On y croise des skateurs en cavale, des graffeurs en pleine nuit, des danseurs qui défient la gravité. On y entend des récits de galère, de gloire, de survie. C’est brut, c’est drôle, c’est poétique. Parfois absurde. Toujours humain. Ce n’est pas un festival de plus. C’est un cri collectif. Une caméra posée au ras du sol.
Pour cette 20e édition, Paris se transforme en décor vivant. Le 2 octobre, le Quai de la Photo a ouvert le bal avec une expo monumentale, “Urban Photo: 50 ans d’esthétiques urbaines”. Puis, du 13 au 15, le Mur du Marais s’est mis à respirer au rythme des bombes de peinture. Mais le cœur du festival bat au Théâtre du Châtelet, du 20 au 26 octobre. Là, les courts-métrages s’affrontent en live, les idées fusent dans des talks sur l’IA et la créativité avec le célèbre directeur artistique, américain Rick Carter et les voix féminines du design prennent le micro.
Urban Films Festival fête ses vingt ans. Battle Pro souffle ses vingt-cinq bougies. Et les deux événements s’embrassent dans une même pulsation. Les 25 et 26 octobre, place au breakdance avec une scénographie à 360°. Trois catégories, des duels de haut vol, des kids qui envoient du rêve, et des légendes comme Dokyun, Hong 10 et Omar en workshops gratuits. Le cinéma urbain, lui, investit la Grande Salle du Châtelet. Une compétition qui donne la parole aux quartiers, aux récits alternatifs, à ceux qu’on ne voit jamais sur les écrans.
Chaque jour, une ambiance. Vendredi 24, cap sur le Pacifique avec Pasifik’Art, entre projections et danses polynésiennes.
Samedi 25, Skate Day dans le Marais avec Andy Anderson et Val Laforge, suivi d’un échange à roulettes.
Dimanche 26, clap de fin avec l’avant-première de “Battle La Rényon”, nouvelle série ARTE. Et au milieu de tout ça, Waly Dia monte sur scène les 29 et 30 octobre avec “Une heure à tuer”, un spectacle qui cogne juste, entre humour et uppercuts d’actualité.
Depuis vingt ans, l’Urban Films Festival a révélé des centaines de films, des dizaines de talents, et surtout, une autre manière de faire du cinéma. Un cinéma qui ne cherche pas à plaire, mais à dire. François et Hayette ont tenu bon. Ils ont cru en cette idée un peu trop libre. Et ils ont eu raison. Aujourd’hui, leur festival est une référence. Une respiration. Une nécessité. Et Paris, pour une semaine, devient capitale du cinéma qui bat au rythme du bitume.