Il ne menait pas. Il n’était pas favori. Mais il avait ce feu dans les jambes, cette patience dans le souffle. Ilias Fifa, l’Espagnol au regard calme, a attendu son heure. Et quand elle est venue, il a tout donné. À l’approche de Cassis, Mohamed El Tahlaoui semblait filer vers la victoire. Derrière, Mykola Mevsha résistait. Mais Ilias Fifa, lui, remontait. Mètre après mètre, il grignotait l’écart. Et dans l’avenue des Albizzi, il a lancé son attaque. Un sprint. Un cri. Une ligne franchie à 10h01. 1h01’07. Sept secondes devant Mohamed El Tahlaoui. Trente devant Mykola Mevsha. Une poignée de secondes pour une éternité de gloire.
Chez les femmes, la surprise est venue de l’Est. Daisy Jepkemei, venue du Kazakhstan, a couru avec grâce et puissance. Elle a dompté les descentes, savouré les virages, affronté le vent sans jamais fléchir. Son chrono : 1h07’00. Juste devant Mélody Julien, la runneuse française qui découvrait Marseille-Cassis. « Je me suis régalée dans la descente », a-t-elle confié, sourire aux lèvres. Manon Trapp complète le podium féminin, dans une course où les Françaises ont montré qu’elles avaient du cœur.
Cinquième au classement général, Igor Bougnot a été le premier Français à franchir la ligne. 1h02’00. Une performance solide, dans une course où les écarts se jouaient à la seconde. Il n’a pas gagné, mais il a résisté. Et dans une course comme celle-là, c’est déjà beaucoup.
Parmi les 20 000 coureurs, deux visages connus ont pris le départ sans pression. Jimmy Gressier, tout juste sacré champion du monde du 10 000 m, a bouclé la course en 1h28’27, à la 1 264e place. Pierre-Ambroise Bosse, champion du monde du 800 m en 2017, a terminé en 1h21’04. Deux champions, deux sourires, une même envie : courir pour le plaisir.
Cette 46ᵉ édition a été marquée par un mistral puissant, qui a balayé les coureurs du départ au port. Les rafales ont rendu chaque montée plus rude, chaque relance plus incertaine. Mais elles ont aussi donné à la course une saveur particulière. Celle des épreuves qu’on n’oublie pas. Marseille-Cassis 2025, c’était ça : une ligne droite finale comme un duel de western, des visages marqués par le vent, et des corps lancés dans une danse folle entre ciel et mer. Une course où l’on ne gagne pas seulement avec les jambes, mais avec le cœur.