Running Festival des Templiers 2025 : Les Templiers ont couru, la terre a vibré

Running Festival des Templiers 2025 : Les Templiers ont couru, la terre a vibré

 À Millau, quand les frontales s’allument et que les causses s’éveillent, le trail devient une cérémonie. Le Festival des Templiers 2025 a offert un week-end de feu et de pierre, de jambes en feu et de cœurs en cavale. Entre abandon et triomphe, chaque coureur a laissé une empreinte dans la poussière de l’Aveyron. Par Khalad

Photos : Hoka Les Templiers/Arnibas/Kbsp/DR

Des causses et des cœurs

Il y a des lieux qui appellent le silence. D’autres qui appellent l’effort. Millau, elle, appelle les deux. Chaque automne, la ville devient le point de ralliement des amoureux du trail, des fous de dénivelé, des rêveurs de sentiers. Le Festival des Templiers, né en 1995 dans un recoin de Sainte-Eulalie-de-Cournon, est devenu bien plus qu’un événement sportif. C’est une messe païenne, une célébration à la nature, au terroir et à la ténacité. Les parcours traversent des terres marquées par l’histoire des Templiers, ces chevaliers de l’ombre dont les traces hantent encore les pierres. Ici, chaque montée est une prière, chaque descente une offrande. On court sur les corniches du Larzac, on respire dans les gorges de la Dourbie, on s’élève sur les plateaux du Méjean. Et au bout du souffle, il y a toujours une histoire à raconter.

Samedi course Monna Lisa : trait vif d’un matin clair

Le soleil entamait sa montée quand les coureurs de la Monna Lisa s’élancent. 30 kilomètres de dentelle minérale, entre falaises et forêts. Anthony Mendes court comme on trace une ligne droite dans le vent. Il s’impose en 2h20’13, avec une aisance qui fait taire les cailloux. Derrière lui, Florian Ciliberti, le lozerien, s’accroche, le regard rivé à l’horizon. Paul Le Roch complète le podium, discret mais solide. Chez les femmes, Tiphaine Bazile court avec la fougue de ses vingt ans. Elle s’impose en 2h41’48, devant Emeline Crebassa et Louise Serban-Penhoat. Trois femmes, trois styles, une même intensité. Les amateurs ne sont pas en reste, Sabrina, toujours en préparation, s’est risquée sur cette épreuve qu’elle termine honorablement en 539ᵉ sur près de 1000 engagés. « En reprise d’entrainement, je suis très fier d’avoir réussi à terminer mon premier trail de 30 km. Ce fut très intense et difficile, avec deux grosses montées cassantes. Les superbes paysages n’ont donné la force nécessaire pour arriver au bout du parcours.»

Photos : Hoka Les Templiers/Arnibas/Kbsp/DR

Dimanche course Le Grand Trail : où les corps parlent vrai

5h15. Le silence est dense, presque sacré. Les frontales s’allument, et c’est une rivière de lumière qui s’élance dans la nuit. 80 kilomètres, 3 500 mètres de dénivelé, et une promesse : celle de se perdre pour mieux se retrouver. La course démarre fort. Les favoris sont là, tendus comme des arcs. Mais les Templiers aiment les rebondissements. Roberto Delorenzi jette l’éponge, Thibaut Garrivier et Goulwen Kerneguez s’arrêtent à La Roque. Antoine Thiriat prend la tête, suivi de près par Hugo Deck et Simon Paccard. Mais à Massebiau, le vent tourne. Juho Ylien et Pierre Livache reviennent, dépassent, s’envolent. Pierre Livache franchit la Pouncho avec 1’20 d’avance. Il ne lâchera plus rien. Il coupe la ligne en 6h45’44, juste devant le coureur finlandais Juho Ylien. Antoine Thiriat, vaillant, complète le podium. Chez les femmes, la championne néo-zélandaise Caitlin Fielder joue la partition parfaite. Partie prudemment, elle revient sur Marie Goncalves dans la montée de Massebiau, la dépasse, creuse l’écart. Elle conserve son titre en 7h53’22. Marie Goncalves arrive six minutes plus tard, le regard fier. Adeline Martin complète le trio, 40ᵉ au scratch, mais le sourire intact.

Pierre Livache 1ᵉʳᵉ

« Je vis un rêve éveillé. Je ne suis personne et là, je suis au milieu de coureurs que j’admire. Dans un coin de ma tête, je sais que rien n’est impossible. Je suis resté patient jusqu’à la mi-course, puis j’ai géré, place après place. Toute ma famille est là, je suis tellement heureux ! »

 Juho Ylinen, 2ᵉ

« J’avais entendu dire que c’était une bonne course pour s’aligner sur une plus longue distance. Je suis très heureux de cette seconde place. Si je reviens, ce sera sur le même format. » 

 Antoine Thiriat, 3ᵉ

« Je suis très fier de cette 3ᵉ place, de perpétuer la lignée des Vosgiens sur cette course après les perfs de Sebastien Spehler. Après ma 20ᵉ place sur la TDS alors que j’avais mené jusqu’au 110ᵉ km, j’ai bien rebondi. Ne pas se fixer de limites ! » 

Caitlin Fielder, 1ᵉʳᵉ

« Je ne fais pas la course parfaite, mais comme l’an passé, j’ai eu des hauts et des bas. Jusqu’au moment de franchir la ligne, je n’étais pas sûre de gagner. J’ai bien géré les montées. Ce n’est que vers le km 71 que j’ai senti que c’était mon moment ! »

Marie Goncalves 2ᵉ

« J’ai mené assez tardivement, j’ai profité d’un coup de mou d’Adeline (Martin) pour oser rêver ! Ensuite, on a couru ensemble avec Caitlin, et j’apprends à ses côtés. Il y a encore du travail dans la Puncho ! Les Templiers, c’est ma course de cœur, c’est mon copain qui m’a fait découvrir le plateau du Larzac il y a neuf ans. Les chemins sont exigeants. Il faut être humble… »

Adeline Martin, 3ᵉ 

« Je suis partie trop vite et je suis tombée juste après la ligne de départ, je fais une remontée peut être trop rapide avec un passage à vide autour du km 50.  Bravo aux filles, franchement, elles ont été costaudes. Accrocher une 3ᵉ place aux Templiers, je signe ; je suis plutôt contente de mon chrono en 8 h 11 après un passage à vide. » 

Photos : Hoka Les Templiers/Arnibas/Kbsp/DR

Des causses, des visages, des histoires

Courir les Templiers, c’est accepter de ne pas tout comprendre. C’est se laisser traverser par les paysages, par les silences, par les applaudissements. C’est croiser un accordéon à Saint-André-de-Vézines, sentir l’odeur du café au ravito, entendre son prénom crié par un inconnu. C’est aussi se battre contre soi, contre le doute, contre le sommeil. Et parfois, c’est gagner, pas forcément la course, mais un peu de soi. Millau, on ne vient pas pour briller, on vient pour vibrer, pour écrire, à sa manière, une page de cette grande histoire qu’est le trail. Une histoire de pierres, de souffle, et de lumière…

Millau, capitale du trail et des histoires qui s’écrivent en sueur

On repart de Millau avec les jambes lourdes et le cœur léger. On se dit qu’on reviendra. Qu’on s’entraînera mieux. Qu’on dormira plus. Mais au fond, on sait que ce n’est pas ça qui compte. Ce qui compte, c’est d’avoir été là. D’avoir couru. D’avoir vu le jour se lever sur les causses. D’avoir entendu les cloches, les cris, les silences. Le Festival des Templiers, c’est une course, mais c’est surtout un souvenir. Un de ceux qui restent longtemps dans les mollets. Et encore plus longtemps dans l’âme.

Photos : Hoka Les Templiers/Arnibas/Kbsp/DR

Remerciements à Valérie pour son accueil et son havre de paix :

L’Escampette

Place de l’Église 13 Grand Rue

12230 Saint-Jean-du-Bruel, France

+33 7 81 60 71 06