Pulvérisant le record absolu de la piste italienne, Fabio Quartararo était aux anges et surtout sûr de lui avant le départ de cette manche transalpine. Évidemment, les Ducati, toujours en verve ici, font la moue, malgré les 2e et 3e position de Pecco Bagnaia (Ducati) et de Johann Zarco (Ducati Pramac) sur la grille. Juste avant la course, survient une mauvaise nouvelle annonçant le décès du jeune pilote suisse Jason Dupasquier victime d’un accident le samedi lors des qualifications des Moto3. Une annonce qui a endeuillé tout le microcosme du MotoGP et bien au-delà du paddock. Une minute de silence fut observée sur la grille en mémoire et sur toutes les motos figurait un autocollant « Ja50n », en hommage au jeune pilote helvète qui portait le n°50 sur sa machine. À l’extinction des feux, le poleman a bien assimilé le fonctionnement de son nouveau système de „launch control “ et fait même le holeshot devant tous ses rivaux, mais au freinage du bout, son dauphin sur la grille, Pecco Bagnaia plonge à l’intérieur et prend les commandes de la course.
Le pilote italien très à son aise également sur ce circuit essaie de s’échapper pour se mettre à l’abri, en vain puisque les pilotes français lui répondent du tac au tac. Pression ultime sur le pilote local qui part à la faute et finit dans les graviers. La voie fut désormais libre pour Fabio Quartararo mais son compatriote Johann Zarco reste collé à ses basques et finit par passer en puissance dans la longue ligne droite. Mais la réplique du pilote Yamaha est quasi instantanée à chaque fois jusqu’à ce qu’il parvienne à s’échapper dans les parties sinueuses pour s’en débarrasser. Ensuite, il imposa un rythme insupportable pour tout le monde, arrivant à avoir 4 secondes pleines d’avance sur ses poursuivants. Après s’être battu avec son rival et néanmoins ami, Johann Zarco est un peu moins bien et malgré tous ses efforts, il a du mal à contenir les assauts de Miguel Oliveira (KTM) lui aussi auteur d’un bel envol et particulièrement à l’aise ici. Derrière ce trio, les deux Suzuki font front commun, mais peine à dépasser Jack Miller (Ducati) qui profite de la super puissance de sa machine pour retarder l’échéance. Mais la ténacité des deux pilotes espagnols a eu raison de l’australien. S’ensuit une bagarre interne entre coéquipiers et avantage au champion du monde, lequel prend ses distances avec Alex Rins (Suzuki). À une dizaine de tours de la fin, Miguel Oliveira place parfaitement sa KTM devant la Ducati de Johann Zarco et prend la 2e place. Un tour plus tard, c’est au tour de Joan Mir (Suzuki) d’effectuer la même manœuvre au même endroit pour le gain de la 3e place. Le pilote français s’incline encore face à Alex Rins et sent le souffle tout proche de la KTM du sud-africain Brad Binder (KTM).
Dans les derniers tours, la malédiction s’acharne sur Alex Rins qui perd l’avant et met sa Suzuki dans les graviers dans le dernier virage. Encore une quatrième feuille blanche pour le pilote Suzuki qui n’a fini aucun des trois Grand-Prix précédents… Brad Binder (Red Bull), Jack Miller et Aleix Espargaro (Aprilia) forcent pour remonter sur Johann Zarco mais ce fut trop juste. Premier logiquement sous le drapeau à damiers, Fabio Quartararo était vraiment au-dessus du lot ce week-end.
Derrière lui, Miguel Oliveira a bien résisté aux attaques finales de Joan Mir pour prendre une belle seconde place devant ce dernier. Johann Zarco reste au pied du podium tandis que Brad Binder obtient son meilleur résultat de la saison. Jack Miller jamais dans le coup prend malgré tout la 6e place, devant le toujours véloce Aleix Espargaro (Aprilia) et Maverick Viñales (Yamaha). Sans jamais se battre pour des places importantes, mais toujours mieux que leurs dernières sorties, le vainqueur sortant Danilo Petrucci (KTM) est 9e et Valentino Rossi (Yamaha Petronas),10e. Iker Lecuona (KTM), Pol Espargaro (Honda), Michele Pirro (Ducati Pramac), Alex Marquez (Honda LCR) et Lorenzo Savadori (Aprilia) prennent dans cet ordre, les derniers points. Il y a eu plus qu’une petite confusion juste après l’arrivée, au sujet du podium : la direction de course avait communiqué un autre résultat qui mettait Joan Mir 2e et Miguel Oliveira 3e, car le pilote portugais a mordu la ligne verte dans le dernier tour. Avant de se retracter quelques minutes plus tard sur cette permutation de position soudaine, car le pilote espagnol à fait de même. En dépit de certaines rumeurs, l’équipe Pramac a sportivement décidé de ne pas faire appel, puisque la sortie sur la partie verte des deux pilotes était vraiment minime. Elle a simplement demandé une clarification à la direction de course, Johann Zarco a conservé finalement sa 4e place. La victoire de Fabio Quartararo (Yamaha), sa 3e de la saison après Doha et Portimao, lui permet de creuser l’écart au championnat des pilotes, où il compte désormais 24 points d’avance sur Johann Zarco et 26 sur Pecco Bagnaia. Beaucoup d’accidents, surtout dans la première partie de course, Pecco Bagnaia et Marc Marquez (Honda) d’emblée, ensuite Alex Rins (Suzuki) et Takaaki Nakagami (Honda LCR) ont également chuté. Franco Morbidelli (Yamaha Petronas) a terminé hors des points suite à sa sortie de piste après la chute de Marc Marquez. Et que dire du stupide incident du jeune Enea Bastianini (Ducati Avintia) durant le tour de chauffe, déconcentré, le champion du monde Moto2 s’est fait surprendre par le test de freinage de Johann Zarco et a heurté ce dernier avant d’être éjecté violemment de sa Ducati. Dans l’impossibilité de relever sa moto, malgré les efforts des commissaires de piste, il n’a donc pas pu participer à la course.