né en 1973 à binzhou, dans la province du Shandong, au sud-est de Pékin, Liu bolin appartient à la génération née sous la présidence de Mao et devenue adulte dans les années quatre-vingt dix, sur les cendres de la révolution Culturelle. Sa carrière et sa production artistiques sont liées au contexte d’une Chine en mutation, connaissant un développement économique fulgurant et une urbanisation frénétique, une ouverture intellectuelle et un épanouissement des arts inimaginables auparavant.
Étudiant en art, Liu bolin s’est spécialisé dans la sculpture à l’université du Shandong. Il y a ensuite enseigné le dessin pendant presque dix ans, de 1995 à 2005. Son premier séjour à Pékin remonte à 1999 quand il entre à l’Académie Centrale des beaux-Arts. Pendant cette période, Liu bolin découvre le milieu des communautés alternatives qui, sur le modèle de l’expérience du beijing east Village (1993-1998), ont permis aux artistes d’expérimenter l’art de la performance à l’abri de la censure et du conservatisme. d’ailleurs, Liu bolin est très marqué par l’oeuvre de Zhang huan, dont la carrière d’artiste et de performeur commença au sein de cette communauté de pionniers de l’art contemporain chinois.
en 2001, Liu bolin accepte un poste d’enseignant à l’université du Shandong, jusqu’au jour où son mentor, Sui Jianguo, lui propose de travailler avec lui à Suojiacun, un quartier de la banlieue de Pékin comptant une centaine d’ateliers d’artistes. en mai 2005, Liu bolin apprend que le gouvernement veut démolir ce quartier, dans le cadre des rénovations de la capitale pour les Jeux olympiques de 2008. C’est dans ce climat qu’il crée sa première sculpture monumentale. Il s’agit d’un poing en fer de plus de deux mètres de hauteur, premier exemplaire de la série Fist.
Le 16 novembre 2005 les démolitions et les expulsions des habitants de Suojiacun commencent. Liu bolin choisit d’exprimer son impuissance et son attachement en rélisant sa première photoperformance de camouflage. Il pose immobile, recouvert de peinture, jusqu’à se confondre avec les ruines des ateliers. C’est le début de la série Hiding in the city et le début de la reconnaissance pour Liu bolin, qui prend la décision de se consacrer entièrement à ses œuvres et abandonne l’enseignement. en mai 2006, huang rui sélectionne Liu bolin parmi les artistes émergents invités à l’exposition « Soldiers at the Gate » pour réaliser des performances in situ. Il fait poser six ouvriers qui ont perdu leur emploi dans l’usine abandonnée. dans cette œuvre, la technique du camouflage est élémentaire et montre toute sa force conceptuelle : il s’agit des deux simples bandes, blanche et bleu. Liu bolin réalise ainsi une des photo-performances les plus emblématiques de la série Hiding in the city (Laid-off Workers), attirant l’attention sur les exclus du développement économique en Chine.
Liu bolin vit aujourd’hui entre Pékin et new York, ses œuvres ont désormais rejoint des collections d’art privées comme publiques.
en 2012, la Fondation ekaterina de Moscou lui consacre une exposition individuelle; au cours de cette meme année il participe au festival Images de Vevey (Suisse). en avril 2014, sa sculpture en fer Fist, 2014 – représentant son propre poing frappant le sol comme pour imposer son point de vue – triomphait devant le Grand Palais à l’occasion d’Art Paris Art Fair où la Chine était à l’honneur. À partir de 2008, son œuvre est marquée par des sujets politiques et sociaux. L’artiste réalise une série devant des murs affichant des slogans de propagande du parti communiste, ainsi que les deux célèbres images où il disparaît à la fois dans les bras d’un policier et dans la place tiananmen. depuis 2009, l’oeuvre de Liu bolin transmet de plus en plus des messages critiques au sujet de la société de consommation: les performances où il se fond dans les étalages des supermarchés, parmi des produits de qualité douteuse, et les sculptures réalisées avec des milliers de chargeurs de téléphones portables, qu’il a patiemment recyclé, en sont les exemples les plus éloquents. Plus récemment, l’attention de Liu bolin s’est tournée vers l’occident, traitant de sujets universels, comme le rapport entre la société civile et le pouvoir financier, l’écologie et l’exploitation des ressources, la tradition et l’innovation, la conservation et la destruction du passé. À partir du mois de Septembre 2017 l’artiste se verra consacrer une rétrospective à la Maison européenne de la Photographie, ses travaux plus récents seront exposés simultanément à la Galerie Paris-beijing.