Entourée de l’œuvre de l’artiste italienne Mariella Bettineschi, une installation spéciale intitulée „La prochaine ère“, composée d’immenses portraits de femmes issues du 16e au 19e siècle recouvrait les murs de l’espace d’exposition installé en plein Jardin des Tuileries. Bien qu’ils n’aient pas été laissés comme ils étaient destinés, l’artiste italienne a coupé et empilé leurs yeux faisant allusion à une notion qui voit tout, faisant en sorte que les femmes du passé jugent les femmes du présent. Un changement de perspective quelque peu sombre, en particulier dans le contexte de l’imminence comme si une mauvaise nouvelle illuminait les téléphones du public. Malgré l’humeur générale, Maria Grazia Chuiri a dévoilé une armée de femmes futuristes et fortes sur la piste. Le look d’ouverture a vu un modèle aux cheveux courts surgir de l’obscurité dans un body noir enveloppé par un motif symétrique en fil de fer, occuper le devant de la scène, apportant un léger arôme de Matrix.
Cette nature contraire était présente tout au long du défilé, la créatrice s’est surtout concentrée sur la fabrication de vêtements assez technologiques avec comme éléments essentiels du design : fonctionnalité et polyvalence.
Comme toujours, les filets épais ont fait un retour dans l’esthétique Dior avec des corsets en tulle et des déclarations féministes, faisant allusion cette saison,à l’œuvre d’art dont la phrase „La prochaine ère“ est imprimée sur des hauts sans manches.
Denim, trenchs en vinyl et blousons aviateurs étaient des clins d’œil clair au jeune public de Dior, pareil pour la gamme de longs gants en cuir d’inspiration motard à mélanger et assortir, et tout comme les robes aux boucles généreuses.avec des poches à fermeture éclair.
La veste Bar emblématique de la maison de couture française a de nouveau été repensée pour cette collection dans des variantes qui ont ajouté un patchwork et des capuches au design original, mais surtout, elle est arrivée avec une technologie littéralement au cœur. Le génie derrière ce look était le „D-Air Lab“, fondée en 2015 pour les motards par Lino Dainese, lequel a créé un système semblable à une veine qui régule l’humidité et la température du corps lorsqu’il est en mouvement ! Une créativité insoupçonnée par l’utilisation de la broderie, qui habille les mailles techniques, les matières imperméables, le nylon ainsi que le cachemire. Le célèbre portrait de Christian Dior posant devant la tenture murale qui ornait son jardin d’hiver est détourné en un imprimé qui orne un grand manteau tandis que des gants couture évoquent eux l’univers motard.
Coté chaussures, les escarpins brodés à bouts carrés sont rehaussées par un empiècement en tissu technique autour de la cheville, évoquant les bandes de protection. Par ailleurs, les bottes noires de style militaire pourront être des incontournables pour la femme Dior à l’avenir.
Une collection qui bouscule l’ordre vestimentaire avec des pièces dans des matières techniques et imperméables.à porter seules ou juxtaoposées avec des ceintures à multiples poches ou des corsets. Cette collection était de loin la transformation la plus audacieuse de Maria Grazia Chiuri pour Dior à ce jour tout en restant fidèle à son cadre reconnaissable de dialogue féministe, de préférences de conception et de silhouettes féminines. Elle cherche à exprimer la complexité d’une mode qui revisite l’héritage pour concevoir les lignes de demain. Bref, un voyage qui façonne les artefacts d’un nouveau monde, un autre monde, à faire et a inventé. Et bien que la technologie fut la force de cette collection, la nature vestimentaire profondément enracinée de la marque est quelque chose qu’il sera difficile de désactiver.
Photos: Dior/Bestimage/Getty Images