La collection automne-hiver 2023 de VALENTINO défie le code vestimentaire traditionnel de la cravate noire, la redéfinissant comme une invitation à l’expression créative. Pierpaolo Piccioli s’inspire du quotidien, transformant les signifiants conventionnels en une gamme de vêtements qui brouillent les frontières entre tenues de jour et tenues de soirée. Par Khalad

La cravate noire est un code vestimentaire, un facteur vestimentaire restrictif qui doit être respecté. C’est un faux pas de s’éloigner des normes attendues lorsqu’il est nécessaire de suivre le code, et c’est quelque chose qui est habituellement enraciné dans la mode. Dans cet esprit, la cravate noire est rarement renversée, mais c’est exactement ce que Valentino a osé.
Se libérant des conventions, la marque italienne met à jour les attentes désuètes de la cravate noire pour cette collection Automne/Hiver.

Photos : Valentino

L’uniformité, souvent associée à la suppression de l’individualité, est repensée comme un outil sociétal de conformité qui améliore l’humanité et accentue la personnalité individuelle. En défiant les notions conventionnelles d’uniformité et de codes vestimentaires, honorant l’essence multiforme de Valentino, PierPaolo Piccioli témoigne du pouvoir de réinterprétation et de redéfinition. La cravate, symbole du pouvoir masculin et de l’orthodoxie, est déliée et transformée en diverses permutations de robes et toges portées par les hommes et les femmes.Tout au long de ce défilé, la cravate noire, description littérale, devient une figure de style pour une collection qui joue avec les règles, émancipe le sens. Elle est déclinée en étant nouée, déliée, ample ou formée dans le cadre d’une chemise, d’une robe ou d’une veste, portée aux côtés de jupes androgynes. L’accent est axé sur la couture et une palette de couleurs épurée met en exergue la modernité et le dynamisme tout en conservant le vocabulaire distinctif de la Maison Valentino. Rockstud, signature de la marque depuis 2010, ponctue le show, ajoutant un double langage esthétique, entre histoire, renaissance, contemporain et punk.

Photos : Valentino

Un pari osé

Les conventions ont été déconstruites et réinventées de manière cohérente, avec une paire de shorts incrustés de clous de roche fonctionnant aux côtés de touches formelles de chemises et de cravates et la puissance d’un manteau en cuir noir allongé. Quelques looks rockstar, à l’instar d’une veste de motard-blazer argenté scintillant associé à un pantalon cigarette et des chaussures derby pointues roses et noires vernies.
Cependant, le créateur de la marque a également présenté des vêtements qui allaient bien à contre-courant. Des combinaisons amples, des gilets fabriqués à partir d’arcs interconnectés, des manteaux de voiture à double boutonnage recouverts d’un motif d’échiquier en noir et blanc et des robes éthérées recouvertes de paillettes variées ou d’une autre utilisant du tulle noir transparent, des poignets en plumes et des ornements en cristal et à chaque fois, la cravate noire pour ajouter de la formalité au style, histoire de décoder les normes.

Photos : Valentino

Une parfaite célébration de la nuance et de l’individualité, amplifiée par le cadre de l’homogénéité. Chaque vêtement, comme chaque personnage, est unique en soi, mais renforcé par les similitudes qui les unissent. Cette collection est une contradiction des notions préconçues de codes vestimentaires et d’uniformité, entièrement redéfinies avec un nouveau sens et un nouveau contexte.
Un bel exemple de la façon dont Valentino adapte et remanie son identité. Un succès, en tout cas.

Photos : Valentino