Le musée du textile de Lyon est le premier en France à consacrer une exposition sur l’univers de la célèbre créatrice britannique Vivienne Westwood. Icône incontestée de la mode depuis près de cinquante ans, la styliste autodidacte pionnière et actrice de la naissance du mouvement artistique Punk, s’est toujours inspirée des costumes historiques, jouant avec les codes culturels britanniques en les détournant de la plus belle des manières.
La colonne vertébrale de cette rétrospective immersive est l’immense collection rassemblée par Lee Price, ex-collaborateur de la créatrice désormais installé à Lyon. À l’origine de cette grande première, Lee Price qui nourrit une passion sans pareil pour la personnalité et l’univers créatif de Vivienne Westwood, a réuni une riche collection de pièces textiles et d’accessoires uniques de la créatrice pour enfin les présenter en France. Plus de 200 pièces textiles, costumes, accessoires, chaussures, objets d’art, tableaux et dessins accompagneront les visiteurs dans un parcours les invitant à comprendre le processus de création artistique de Vivienne Westwood et à pénétrer dans son intimité allant de la genèse de son œuvre pendant la période punk, ses inspirations sur les costumes du XVIIIe et XIXe qui ont permis de mettre en place des créations décalées et d’aboutir à de véritables chefs-d’œuvre, jusqu’aux combats écologistes actuels qu’elle défend à sa manière. Prenant la totalité des salles du rez-de-chaussée de l’Hôtel de Villeroy, l’exposition divisée en cinq sections est parfaitement illustrée avec çà et là des extraits vidéos et musicaux adaptés à l’univers particulier et déroutant de la styliste. Dans le contexte sanitaire actuel, la scénographie a été pensée pour permettre le respect des règles de distanciation. Et selon un positionnement éco-responsable, sa mise en œuvre a favorisé le réemploi des matériaux utilisés pour les expositions précédentes.
Viviane Westwood a cessé de travailler comme institutrice en 1971 pour ouvrir une boutique de vêtements et de disques des années 1950 sur 430 King’s Road, dans le quartier de Chelsea à Londres avec son partenaire Malcom McLaren. Elle a commencé à créer des tenues pour les punks qui rejetaient le gouvernement dans des conditions économiques difficiles.
Défiant l’establishment britannique en 1974 avec un nouveau concept proposant des vêtements en latex et cuir, des chaînes et des talons aiguilles, inspiré de la pornographie et du fétichisme, elle est le détonateur alors du changement sociétal du mouvement punk. Au début des années 1980 et durant trois années, le couple créé des collections et des défilés de mode sous le label „Worlds End „, révélant la recherche de Vivienne Westwood sur les vêtements dans les sociétés non-occidentales. Les premières collections reflétaient des looks unisexes et amples tandis que la collection „Witches“ s’inspirait de la culture punk new-yorkaise. L’historicisme a alimenté l’inventivité de Vivienne Westwood en interprétant des pièces emblématiques de l’histoire du costume comme les crinolines ou les corsets, qui reflétaient son goût pour la peinture et les arts décoratifs du 18e siècle, découverts à la Wallace Collection à Londres. Certains de ces objets sont exposés ici à côté d’une sélection de textiles et d’objets d’arts décoratifs issus des propres collections du Musée du Textile lyonnais.
Vivienne Westwood a puisé ses sources en fouillant dans les sources emblématiques, recherchant les techniques de couture, les costumes et l’histoire de la mode. Sa fascination pour les „fashion victimes “ des Lumières, l’excès et la frivolité de la noblesse française du XVIIIe siècle, lui ont ouvert de nouvelles voies à explorer comme par ailleurs ses contemporains Christian Lacroix, Jean Paul Gaultier et John Galliano. La créatrice de mode britannique a construit et déconstruit des corsets, des sacoches et des décolletés en os de baleine, comme en témoigne sa collection Portrait (1990), a continué lors de récents défilés de mode avec son mari Andreas Kronthaler. Elle utilise à merveille des tissus de coton français colorés, suivis de couleurs de tissu plus sombres, puis de coupes militaires plus strictes, les transformant en mode du 20e siècle, une réussite!!
Elle a même réinventé le tweed et le tartan en créant son propre tartan dénommé McAndreas. Sa collection Automne/Hiver 1993-1994 baptisée „Anglomania “ est un véritable hommage humoristique à son amour de tout ce qui est anglais en détournant le snob „Teatime “ et l’extrême rigidité de l’aristocratie britannique.
Dans son atelier, Vivienne Westwood démonte les vêtements pour les analyser, puis les recoudre afin de comprendre la coupe et la construction. Ses créations commencent par un croquis et le dragage de tissus expérimentaux sur un mannequin miniature pour donner forme à une idée, suivi d’un prototype appelé « toile ». Le mélange entre le savoir-faire « français » pratiqué dans la « haute couture » et la fine couture britannique « constitue le fondement du style personnel de la créatrice britannique qu’il soit féminin ou masculin. Elle s’est par ailleurs engagée dans un modèle économique avec comme slogan „acheter moins “ et „bien choisir “ privilégiant la qualité plutôt que la quantité. Quant à la chaussure, elle estime qu’elle fait partie intégrante de la mode. Ses chaussures et bottes sont de véritables sculptures qui complètent chaque look. Pour produire ces chaussures à la fois iconiques et impressionnantes, elle a coopéré avec des cordonniers hautement qualifiés, comme l’anglais John Amathus, et le fabricant italien MEG. Vivianne Westwood manifeste une position forte en faveur de l’environnement, de la justice sociale et des droits de l’homme, reflétée dans sa mode au cours de ces 20 dernières années. Depuis les années 2010, son engagement pour l’écologie est omniprésent dans ses collections, car elle et son mari Andreas Kronthaler collaborent régulièrement avec les organisations „Cool Earth“ et „Greenpeace „.