Depuis la sortie de son album Mayhem en mars 2025, Lady Gaga s’est lancée dans une tournée titanesque baptisée The Mayhem Ball. Après Las Vegas, Londres et Berlin, c’est à Paris qu’elle a posé ses valises pour quatre soirs à guichets fermés. Les 90 000 billets se sont envolés en quelques minutes, preuve que la “mother monster” reste une aimantation irrésistible. Le 17 novembre, la salle était pleine à craquer, et les “little monsters” rivalisaient de créativité dans leurs costumes baroques, dentelles rouges, voiles noirs, perruques extravagantes, comme si chacun voulait participer au rituel gothique orchestré par leur idole.
Le rideau s’est levé sur un décor monumental, mi-château shakespearien, mi-Colisée, où les flammes jaillissaient des tours. Lady Gaga est apparue perchée sur une robe-cage rouge carmin, entonnant „Bloody Mary“, „Abracadabra“ et „Judas“. Tout était pensé pour plonger le public dans une fresque sombre et maximaliste, où la mort et la renaissance s’entrechoquent. Les danseurs, silhouettes noires aux gestes squelettiques, accompagnaient cette plongée dans un univers baroque et grotesque, à la fois kitsch et sublime. On retrouvait l’esprit de ses premiers tubes, mais magnifié par une scénographie digne d’un opéra halluciné.
Dans le deuxième acte, „And She Fell Into A Gothic Dream“, Lady Gaga s’est allongée dans un tombeau hanté pour chanter „Perfect Celebrity„. Elle a enchaîné avec Disease et Paparazzi, jouant la comédie jusqu’au bout, avançant sur des béquilles comme une héroïne tragique. Sa voix, puissante et immobile même dans la danse, a rappelé qu’elle est autant actrice que chanteuse. Les chorégraphies signées Parrris Goebel ajoutaient une précision chirurgicale à ce chaos flamboyant.
Le troisième acte, The Beautiful Nightmare That Knows Her Name, a déployé des costumes grandiloquents et des tableaux burtoniens, drôles et délirants. Mais c’est le quatrième acte, „Every Chessboard Has Two Queens“, qui a marqué les esprits. Lady Gaga, seule sur une barque, a livré une version bouleversante de Shallow, avant de s’asseoir au piano pour interpréter „Die with a Smile“, „Always Remember Us“ „This Way“ et „The Edge of Glory“. La salle entière retenait son souffle, puis éclatait en larmes. La chanson, elle aussi, laissait transparaître son émotion.
Avec ses deux heures de spectacle, ses flammes, ses têtes de mort géantes et ses envolées lyriques, „The Mayhem Ball“ ressemblait à une messe rock, parfois métal, digne de l’Hellfest. Lady Gaga a prouvé qu’elle est une performeuse totale, capable de nous faire danser, rire et pleurer dans le même souffle. Sa force est d’autant plus bouleversante qu’elle continue de se battre contre la douleur de la fibromyalgie et les fantômes de la dépression. Ce soir-là, à Paris, elle n’était pas seulement une star, elle était une survivante, une reine noire qui transforme le chaos en art.