CHAMPIONNAT DU MONDE WRC SAFARI RALLYE DU KENYA : Sébastien Ogier, le taxi brousse

CHAMPIONNAT DU MONDE WRC SAFARI RALLYE DU KENYA : Sébastien Ogier, le taxi brousse

Sébastien Ogier (Toyota) a survécu aux routes brutales du Kenya pour vaincre au terme d’un incroyable scénario l’emblématique Safari Rally de retour au Championnat du monde des rallyes après une interruption de 19 ans.
Par Khalad

Le Safari Rallye au Kenya a assurément été à la hauteur de sa réputation d’événement atypique des rallyes WRC. Dans un parcours compliqué dans la vallée du Grand Rift autour des lacs Naivasha et Elmenteita ou les routes en graviers, en terre et en sable parsemées de roches se chevauchent, les équipages en ont pris plein les yeux. Dans un vrai décor de carte postale ou la faune exotique de la savane et la chaleur des habitants sont légion, les organisateurs ont réussi leur pari en redonnant ses lettres de noblesse au Safari Rally. Une épreuve kényane confirmée au moins jusqu’en 2023.
Le champion du monde en titre, pourtant handicapé d’emblée de près de 2 minutes et demie de retard le vendredi en raison d’un problème de suspension, a bien géré ce déplacement africain complexe avec un retour impressionnant aux avant-postes. Pourtant c’est le belge Thierry Neuville (Hyundai) qui s’est montré le plus véloce dans la journée. Le pilote Hyundai a dû faire face à un défi de taille en affrontant le finlandais Kalle Rovanperä (Toyota), mais le jeune pilote Toyota s’est retrouvé coincé dans le fameux « fesh-fesh » lors de la dernière étape de la journée et fut contraint à l’abandon. Avant de pouvoir repartir le lendemain en Super Rally pour tenter de marquer quelques points.

Photos :Jaanus Ree/Red Bull Content/DPPI/Pirelli

Kalle Rovanperä était loin d’être la seule victime du vendredi, Elfyn Evans (Toyota)  a abandonné aussi suite à un choc avec une pierre cachée dans un buisson qui lui a détruit l’avant droit de sa Yaris. Dani Sordo également, a quitté la compétition dans la même spéciale que le gallois lorsqu’une pierre a cassé son bras de suspension et jeté sa Hyundai hors de la route, tout comme Oliver Solberg (Hyundai) qui a heurté un talus et endommagé son arceau de sécurité. Quant à Ott Tänak (Hyundai), victime d’une crevaison à l’avant gauche, il concède plus d’une minute. Le samedi, Thierry Neuville jouit de son excellente position de départ, et contrôle une avance bien méritée tout au long de la journée de samedi non sans croiser quelques zèbres en plus d’un orage sporadique. Il porte son l’avantage à 57,4 secondes sur son dauphin japonais à 57,4 secondes. Sébastien Ogier a aussi établi un rythme soutenu en remportant trois victoires de spéciales pour remonter, mais tout ce petit monde fut durement touché en fin de journée par l’arrivée d’une averse soudaine et le pilote belge a eu la chance de s’en sortir relativement indemne pour sceller sa belle avance. Contrairement à l’estonien Ott Tänak qui a été contraint de s’arrêter dans la dernière spéciale pour nettoyer son pare-brise embué. Le retard s’est avéré coûteux pour le champion du monde 2019 qui se voit arracher sa troisième place par Sébastien Ogier avant la dernière journée. Takamoto Katsuta (Toyota) , a perdu lui plus d’une demi-minute face au septuple champion du monde des rallyes et coéquipier lors de cette dernière spéciale dantesque. En aveugle dans la tempête, le japonais a toutefois conservé sa deuxième position avec seulement 18,1 secondes. Les pilotes Ford ne sont pas en reste et se sont chamaillés durant une grande partie de la journée. Le britannique Gus Greensmith (Ford)s’est montré cette fois plus vaillant en gardant un petit avantage de 12 secondes sur son coéquipier français Adrien Fourmaux (Ford).

Photos :Jaanus Ree/Red Bull Content/DPPI/Pirelli

Kalle Rovanperä, revenu 7e, mais encore éloigné des Ford pour les attaquer mais le finlandais vise les points de la Power Stage du dimanche. Plus loin, Elfyn Evans et Dani Sordo (Hyundai) ont poussé pour remonter vers le top 10 après leurs abandons du vendredi. Le pilote catalan est même passé entre les gouttes lors de la tempête dans l’ultime spéciale du jour pour y signer le meilleur temps. Les équipages du dimanche s’attaquent aux 5 spéciales situées à proximité des pistes utilisées lors du shakedown et de la grande centrale géothermique de la région, et c’est le gallois Elfyn Evans qui se voit affubler de la tache de balayeur pour cette dernière étape.

Le sort s’acharne pour Hyundai

Première victime, Dani Sordo (Hyundai) pointe avec 20 minutes de retard en raison d’un problème de pression de carburant. Seconde victime et non des moindres puisque que c’est le leader incontesté de l’épreuve Thierry Neuville (Hyundai) qui tape fort le droit de sa i20 et perd près d’une minute, mais le belge a quand même réussi à conserver une fine avance de 11,7 secondes sur son dauphin. Mais à l’arrivée de cette douloureuse spéciale son amortisseur arrière droit n’a pas résisté, le verdict est sans appel, abandon.
Les deux sociétaires de Ford M-Sport Adrian Fourmaux et Gus Greensmith qui n’étaient séparés que de 12 secondes en début de journée ont continué leur affrontement pour la 5e place. Le pilote français fut d’entrée le plus prompt, réduisant l’avantage de son coéquipier britannique à 6 secondes.
Devant, Sébastien Ogier (Toyota) chaussé de gommes tendres signe le meilleur temps et réduit son retard sur son coéquipier japonais de 18,1 secondes. La disparition de Thierry Neuville a propulsé Takamoto Katsuta (Toyota) en tête, mais son rythme est trop lent pour contrer la pression d’un Sébastien Ogier virevoltant.
Une autre Toyota, celle d’Elfyn Evans parvient aux portes de la 10e place au classement général en revenant comme une bombe sur Lorenzo Bertelli (Ford). Le pilote italien qui participait à son premier rallye sur terre depuis le Rallye du Chili en 2019 fut le premier abandon WRC le vendredi suite à un problème de fuite d’eau, reparti en Super Rally, il s’est fait plaisir et termine 11e.
Sébastien Ogier a battu Takamoto Katsuta pour remporter l’épreuve pour la première fois avec 21,8 secondes d’avance. Deuxième, le japonais a décroché un premier podium en WRC, bien mérité. Ott Tanak (Hyundai) a récupéré la dernière marche à plus d’une minute du vainqueur mais s’est adjugé les 5 points de bonus de la Power Stage. Une maigre consolation pour le constructeur coréen au terme d’un week-end noir. Ford a obtenu son meilleur résultat de la saison avec en prime un Adrien Fourmaux, auréolé d’une première victoire de spéciale en WRC, pour terminer au pied du podium en étant en plus le seul pilote à ne pas avoir eu de problèmes au cours des 3 jours de course. Son coéquipier Gus Greensmith a terminé 5e devant Kalle Rovanpera (Toyota), qui a du repartir la veille en Super Rally après avoir abandonné vendredi.
Fidèle à sa tradition forgée dès le milieu du siècle dernier, le Safari Rallye du Kenya a connu de nombreux rebondissements. Sébastien Ogier lui-même s’est retrouvé 7e après avoir subi des problèmes de suspension vendredi, avant son incroyable remontée au classement. À mi-saison, cette quatrième victoire en six manches lui permet d’augmenter un peu plus son avance en tête du championnat.

Photos :Jaanus Ree/Red Bull Content/DPPI/Pirelli

WRC3: Bataille de locaux

Onkar Rai (Volkswagen) a battu son rival Karan Patel (Ford), qui, à son tour, a pris le dessus sur la légende du Safari Rally, Carl Tundo (Volkswagen). Ce dernier, multiple vainqueur l’épreuve lorsqu’elle ne faisait pas partie du mondial WRC, était l’un des rares à équiper sa voiture d’un schnorkel et d’un pare-buffle, autorisés par le règlement pour les voitures de cette catégorie.

Photos :Jaanus Ree/Red Bull Content/DPPI/Pirelli

Classement Safari Rally
1 Ogier/Ingrassia (Toyota)
2 Takamoto Katsuta/Daniel Barritt (Toyota)
3 Tänak/Järveoja (Hyundai)
4 Fourmaux/Jamoul (Ford)
5 Gus Greensmith/Chris Patterson (Ford)
6 Rovanperä/Halttunen (Toyota)
7 Onkar Rai/Drew Sturrock (Volkswagen) 
8 Karan Patel/Tauseef Khan (Ford) 
9 Carl Tundo/Timothy Jessop (Volkswagen) 
10 Evans/Martin (Toyota)

Classement championnat pilotes
1 Sébastien Ogier 133 
2 Elfyn Evans 99 
3 Thierry Neuville 77 
4 Ott Tänak 69 
5 Takamoto Katsuta 66 
6 Kalle Rovanperä 54 
7 Adrien Fourmaux 32 
8 Gus Greensmith 32 
9 Dani Sordo 31 
10 Craig Breen 24

Classement des constructeurs
1 Toyota Gazoo Racing 273 
2 Hyundai Motorsport 214
3 M-Sport Ford 109
4 Hyundai 2C 28

 

Photos :Jaanus Ree/Red Bull Content/DPPI/Pirelli