RUNNING Nicolas Brun : Marathon man décomplexé

RUNNING Nicolas Brun : Marathon man décomplexé

Nicolas Brun, dossard 51 303 passe la ligne d’arrivée sur la célèbre avenue du 17 juin de Berlin, il s’arrête quelque peu essoufflé, plutôt en forme, mais peste sur sa „contre-performance“. Dix secondes, dix petites secondes, c’est ce qui lui a manqué pour réaliser un exploit : battre son record personnel sur un marathon. Par Khalad

Le marathon de Berlin est considéré comme le plus rapide dans les épreuves élites majeures et aussi prédestiné aux records. Pour Nicolas Brun, ce choix fut judicieux pour une performance. Mais il s’en est fallu de peu, car son départ était parfait et conformément à son tableau de marche, il fendait l’air et le bitume de la capitale allemande avec un très bon rythme. Pendant le premier quart du parcours, il comptait même un peu d’avance, avant de fléchir soudainement, victime d’un gros coup de chaleur. Sur l’asphalte brûlant, le parisien marque le coup et concède du temps. Une grosse défaillance de plus de 10 km, avant de se ressaisir dans la dernière partie pour tenter de combler son retard.
À l’arrivée, Nicolas avait du mal à cacher sa déception : „Je suis vraiment déçu, j’ai tout donné, mais j’ai souffert de la chaleur au 18e km avant de retrouver un second souffle, mais cela n’a pas suffi, et j’échoue de peu. C’est frustrant“. Il boucle quand même ce marathon en 2 h 48, une performance plus qu’honorable. Il faut préciser que nombre d’athlètes élites ont eu également une défaillance avec la chaleur et notamment Kenenisa Bekele, ancien vainqueur et multiple champion olympique.


Photos: Nicolas Brun/Khalad/SCC Events/Jean Marc Giao/DR

Fort désormais d’une dizaine de marathons,  Nicolas Brun continue de repousser les limites, se forgeant une belle réputation en la matière. Son approche est unique, avec des entraînements assez chiadés et un objectif aussi personnel qu’ambitieux. Intrépide mais parfait inconnu, ce sportif accompli est arrivé au marathon sur le tard. Excellent footballeur dans la région lyonnaise et ensuite à Paris, il fut confronté dans la capitale à une concurrence féroce qui ne lui convenait plus et le peu de matchs joués en titulaire a sonné le glas de sa carrière footballistique. Que faire alors pour garder un pied dans le sport ? Courir un marathon est quelque chose à cocher sur la liste des choses à faire dans une vie.
Alors pourquoi pas un marathon ? Son expérience de sportif assidu, l’a bien aidé pour sa première participation, censée être un événement unique. Essai transformé et déclic pour le jeune parisien qui n’arrivait pas à y croire : pour son premier marathon, il n’aurait pas parié sur un temps de 3 h 36. En fait, il y a un genre particulier d’effervescence autour d’un marathon, au niveau national et international qui ne fait que grandir avec chaque coureur qui pénètre dans le sas de départ.

Être dans le bon rythme

Traditionnellement, la mystique d’un marathon tient en partie au fait qu’il exprime autant la fierté de la ville organisatrice que celui du sportif qui choisit de le dompter. Dans le cas de Nicolas Brun, c’est particulièrement vrai. C’est ce qui rend le processus sportif si spécial, le but est de défier la distance en moins de 3 h.
Sa vitesse est impressionnante, bien sûr, ainsi que sa capacité à se présenter et à se surpasser sans même que les gens se rendent compte qu’il court. Mais Nicolas Brun se démarque également de la concurrence grâce à une combinaison d’entraînements féroces, toujours à l’écoute de son corps en premier. Il possède aussi une approche apparemment décontractée les jours de course ainsi qu’une capacité à maintenir sa joie de courir après un kilométrage élevé.
Pour s’entraîner et courir, les méthodes de Nicolas se traduisent clairement par des finitions dignes d’une médaille avec certaines stratégies les plus éprouvées.


Photos: Nicolas Brun/Khalad/SCC Events/Jean Marc Giao/DR

Avec son coach, il rédige son plan d’entraînement quelques mois à l’avance et ensemble ils y apportent des changements, sachant qu’ils le réviseront plusieurs fois à l’avenir. Il est très minutieux dans son entraînement et ajuste ses plans et sa façon de courir en fonction de sa forme, laquelle est l’un des facteurs les plus importants de l’entraînement.
Il sait se concentrer sur son physique et sa santé pour tirer le meilleur parti de son entraînement et garde ses efforts faciles la plupart des jours d’entraînement pour avoir un rythme de course optimale le jour J. Beaucoup de coureurs, en particulier les nouveaux coureurs, courent trop vite ou trop lentement tous les jours au risque de s’épuiser ou de se blesser.
Aller trop lentement tous les jours peut aider à rester en forme au début, mais cela peut aussi coincer ensuite. Dans son parcours d’entraînement, sa technique lui permet la bonne séparation entre le rythme poussé et le rythme facile.
Dans l’esprit du néo marathonien, pour atteindre ses objectifs, c’est le rythme lent et régulier qui gagne la course. Après s’être glissé en mode marathonien, il a vite découvert que le diable était dans les détails.
Nicolas Brun se fixe un objectif de temps à chaque marathon, sans prendre la course en général trop au sérieux. Son approche, est claire et consiste à se sentir à l’aise d’être mal pendant toute la course et cela fonctionne à peu près à chaque fois. Néanmoins, il sait quand prendre du recul par rapport à la course à pied, comme il le fait entre chaque marathon, avec une grande pause sportive.
En 2016, il retourne faire le marathon de Paris et, pour la première fois, il termine une épreuve en moins de 3 h (2 h 57). Performance qu’il égale à quelques secondes près sur le célèbre marathon de Boston (3 h 02). Ensuite, Nicolas Brun participe en moyenne à un ou deux marathons par an avec des chronos souvent en amélioration de moins de 3 h chacun. Ses temps de course sont depuis à l’avenant avec un record personnel lors du marathon de Londres 2019 en 2 h 42. Pour un homme ou une femme de tout âge, une performance marathon de moins de 3 h est considérée comme une marque de distinction , environ 6 % du peloton d’un marathon court aussi vite…

Photos: Nicolas Brun/Khalad/SCC Events/Jean Marc Giao/DR
LES 11 MARATHONS DE NICOLAS.
Paris 2013 : 3h36
Barcelone 2014 : 3h18
Lyon 2014 : 3h32
Berlin 2015 : 3h14
Paris 2016 : 2h57
Boston 2017 : 3h02
Valence 2017 : 2h48
Amsterdam 2018 : 2h46
Londres 2019 : 2h42
Chicago 2019 : 2h44
Berlin 2021 : 2h48