Tout commence dans le noir. Une scène posée sur l’eau, comme suspendue entre ciel et mer. Quelques néons bleus dessinent des silhouettes. Puis, un frisson. Les premiers accords des violons s’élèvent, rejoints par les souffles des vents, les vibrations des cordes. Et soudain, la pulsation. Worakls entre en scène, les mains sur ses machines et le cœur de Marseille commence à battre plus fort. Ce n’est pas un simple concert, c’est une cérémonie. Une vingtaine de musiciens et chanteurs classiques entourent le DJ, chacun trouvant sa place dans cette fresque sonore. On pense aux grands shows américains, à ces fusions audacieuses entre l’organique et l’électronique. Mais ici, c’est Marseille et l’eau du port reflète chaque note.
Dix minutes plus tard, un premier clapping traverse la foule. Les corps se réchauffent, les sourires s’élargissent. Et puis, elle arrive. Nozomi Hiwatashi, percussionniste japonaise au style libre et fulgurant, entre en scène comme une tempête. Son set est un feu d’artifice rythmique. Le parvis de la mairie devient une piste de danse géante. Les gens ne dansent plus, ils vibrent. La musique monte, redescend, repart. Les lumières virent au rouge, les sons se durcissent. L’orchestre prend le relais, offre des respirations, des instants suspendus. Puis Worakls relance la machine, cette fois avec des accents tziganes. C’est inattendu, c’est brillant. Les platines s’envolent, les violons galopent, Marseille chavire.
Il est presque minuit quand les derniers élans électro s’échappent dans la nuit. 15 000 personnes applaudissent, hurlent, s’enlacent. Le Vieux-Port a vécu un moment rare, un de ceux qui restent longtemps dans les mémoires. Et ce n’est que le début. Jusqu’au 3 août, la Scène sur l’eau promet encore bien des vertiges. Worakls a mis la barre très haut. Marseille a dansé, chanté, rêvé, l’été peut vraiment commencer.