Sept ans qu’elle n’avait plus gagné. Sept ans de silence, de blessures, de doutes, puis ce matin-là, la piste de Saint-Moritz s’est offerte à elle comme une vieille amie retrouvée. Le haut du parcours, timide, presque hésitant, semblait dire qu’il fallait encore apprivoiser le moment. Mais, dans le mur, là où la descente se fait plus brutale, la belle championne américaine a lâché les freins. À 114 km/h, elle a tranché la neige comme autrefois, avec cette autorité qui ne s’explique pas, qui se vit. Ses adversaires, Magdalena Egger et Mirjam Puchner, ont résisté un instant, mais l’expérience a parlé. La montagne, elle, paraissait sourire, comme si elle savait que ce retour était écrit depuis longtemps.
À l’arrivée, Lindsey Vonn a dérapé jusque dans les boudins de protection, sourire éclatant, skis brandis vers le ciel. Sa célébration “night-night”, inspirée de Stephen Curry, avait tout d’un message, les autres pouvaient aller dormir, elle venait de les envoyer au tapis. Ce geste, simple et puissant, disait plus que les chiffres. Oui, c’était sa 83ᵉ victoire en Coupe du monde. Oui, elle devenait la skieuse la plus âgée à s’imposer. Au fond, ce n’était pas de records qu’il s’agissait, c’était de la fidélité. Fidélité à un rêve, à une passion, à une montagne qui l’avait tant blessée et qui, ce jour-là, lui rendait tout.
L’Autriche avait pourtant aligné ses forces. Magdalena Egger, 24 ans, a signé son premier podium. Mirjam Puchner a complété le trio. Sofia Goggia, la skieuse italienne, a cru tenir sa place mais a été repoussée au pied du podium. Toutes ont skié fort, avec courage. Mais, face à Lindsey Vonn, elles n’étaient que des silhouettes dans la lumière.
Il y a des victoires qui ressemblent à des recommencements. Celle-ci en est une. Lindsey Vonn a certes gagné la course, elle a surtout rappelé que le temps peut plier devant la volonté, que la passion peut repousser les frontières de l’âge. Comme une scène de retrouvailles. La montagne avait gardé son secret, celui d’une reine qui, même après les blessures et les années, n’avait jamais cessé d’appartenir à la neige.