Orchestrée par la famille de la star défunte et le studio portugais Gullane, la série adopte une approche multilingue, avec de nombreux dialogues en portugais, ce qui enrichit la narration d’une texture et d’une profondeur supplémentaires. Les atouts de la série résident dans son immersion et son souci du détail. Les épisodes couvrent une vaste gamme d’événements, notamment les débuts d’Ayrton Senna en Formule Ford et en F3.
Les scènes de course sont particulièrement réalistes, surpassant même celles de films comme „Rush“ et „Le Mans ’66“. Les livrées, les kits et les sponsors des équipes de F1 sont fidèlement reproduits, offrant une véritable plongée dans l’univers des Grands Prix des années 90. La série brille également par sa représentation des figures emblématiques de la F1, telles que Ron Dennis et Frank Williams, ainsi que des personnages de l’ombre comme Gordon Murray et Neil Oatley. Les voitures de F1, de la Toleman TG183B à la Williams FW16, sont magnifiquement mises en scène, bien que certaines scènes de course puissent sembler un peu lentes.
Cependant, „Senna“ n’est pas sans défauts. La bande-son pop des années 80 devient parfois ringarde, et certains choix de casting sont discutables. Keke Rosberg, par exemple, n’est pas aussi charismatique qu’on pourrait l’espérer, tandis que James Hunt est dépeint comme un supporter charismatique d’Ayrton Senna, cigarette et verre de vin rouge à la main. La série parvient à capturer toutefois l’essence du championnat du monde de F1, avec ses héros de vitesse courant dans des lieux glamour différents tous les quinze jours. Cependant, elle souffre de quelques incohérences historiques et d’une tendance à embellir la réalité. La réalisatrice Julia Rezende affirme que la série permet de connaître l’homme derrière le mythe, mais en réalité, elle met en avant les aspects que la famille d’Ayrton Senna souhaite montrer, en évitant les parties plus complexes et moins agréables de sa personnalité.
Le champion brésilien était un individu complexe, et la série tente de simplifier cette complexité. Ses idées sur le bien et le mal ne sont pas aussi claires que le film le laisse entendre. Les conversations fictives avec son rival de karting Terry Fullerton glorifient sa volonté de creuser l’écart à tout prix, souvent au détriment de la sécurité de ses rivaux. Alain Prost, son rival de toujours, est une fois de plus présenté comme le méchant de l’histoire, une simplification qui ne rend pas justice à la réalité.
La série atteint son point culminant avec la tragédie d’Imola ’94, mais la fin émotionnelle, bien que déchirante, semble presque banalisée par son inévitabilité. „Senna“ sur Netflix, c’est un peu comme „Rush“ étendu sur six heures, avec moins de blagues et une vision plus édulcorée de la réalité. „Senna“ est une série qui plaira aux fans de F1 pour son immersion et son souci du détail, mais qui laissera peut-être les puristes sur leur faim en raison de ses simplifications et de ses embellissements. C’est un hommage à la légende d’Ayrton Senna, mais un hommage qui, à force de vouloir trop bien faire, finit par lisser les aspérités de l’homme complexe qu’il était.