Rencontre-débat au CACN

Rencontre-débat au CACN

Rencontre-débat au CACN en lien avec l’actualité carcérale particulièrement intense de ces dernières semaines, et l’exposition. Pour attraper encore quelques détails vivants du dehors. Cet événement ouvert à tous est organisé en partenariat avec le Réseau Nîmois des Droits de l’Homme composé de :

OIP – Observatoire International des PrisonsACATAMNESTY InternationalAPTICIMADELigue des Droits de l’HommeRESF

La prison de Nîmes est l’une des plus surpeuplées de France. En 2017, quatre de ses détenus ont attaqué en justice l’État français pour mise en danger d’autrui due aux conditions de détention déplorables de la maison d’arrêt. En 2015 déjà, une action en justice de l’OIP – par un recours au Tribunal administratif et au Conseil d’État – avait alerté l’opinion publique.

On peut alors regarder en arrière et se rendre compte que l’histoire des prisons en France et à l’étranger fait état d’une lutte permanente, et que les problématiques – excepté dans certains pays – s’accentuent, en défaveur des prisonniers évidemment. Un grand nombre d’ouvrages a été écrit sur ces lieux de privation de liberté. Parfois par les condamnés eux-mêmes (Serge Livrozet, casseur de coffres, emprisonné pendant neuf ans et écrivain qui a fondé en 1972 le CAP – Comité d’Action des Prisonniers, avec Michel Foucault).

Aujourd’hui, il existe en France 186 établissements pénitentiaires dont 82 maisons d’arrêt (avec une surpopulation de 140%) et 13 maisons centrales. Elles renferment environ 70000 détenus (plus de 66000 hommes et 2400 femmes), gérés par 39000 agents. Cela veut donc dire qu’à peu près 110000 personnes (sur)vivent peu ou prou de l’incarcération. Notre « pays des droits de l’homme » est un des seuls d’Europe où la démographie de sa population carcérale augmente alors que dans le même temps les conditions de vie sont qualifiées d’« indignes », voire « inhumaines », que ce soit par les protagonistes qui les expérimentent contre leur gré, ou à travers le constat des différents experts qui les visitent.

Pour venir en aide aux prisonniers, de nombreux groupes gravitent autour et au sein des établissements pénitentiaires : l’OIP – Observatoire International des Prisons, la FARAPEJ – Fédération des Associations Réflexion Action Prison Et Justice, le GENEPI – Groupement Étudiant National d’Enseignement aux Personnes Incarcérées, l’ANVP – Association Nationale des Visiteurs de Prison, et bien d’autres encore… À cela s’ajoutent les ateliers de création délégués à des écrivains et des artistes. Cette solidarité est salutaire, et, s’il s’agit sinon de leur rendre hommage, sans aucune instrumentalisation de notre part, peut-être pourrions-nous proposer dans notre contexte, par le biais d’une réflexion ouverte, une visibilité la plus accrue possible durant ces deux prochains mois*.

Les prisons sont de plus en plus contestées, et depuis des décennies certains s’interrogent sur les alternatives à l’enfermement, qui permettraient de ne plus considérer l’individu qui purge sa peine comme un simple homo incarceratus. Car l’absence de statut et de protection sociale pour les travailleurs détenus par exemple, mais aussi la promiscuité poussée à son paroxysme, ajoutée à la frustration engendrée par tout cela, résulte au final d’une véritable « école du crime ». De plus en plus d’études énoncent la thèse selon laquelle il faudrait, pour que les récidives diminuent, appliquer d’autres alternatives plus humaines que la répression par l’enfermement à tout prix. La prison ne serait alors plus seulement considérée comme une punition, ou même, un châtiment. Par ailleurs, au-delà de l’opinion publique, le discours des politiques reste encore flou et parfois réactionnaire quant à l’avenir de l’incarcération en France. Le président de la République a récemment annoncé en toute contradiction qu’il voulait créer une agence pour mieux encadrer les travaux d’intérêt général, tout en promettant 15000 places de prison supplémentaires durant son quinquennat… Qu’elles soient fermées, détruites, réhabilitées ou bien toujours en activité, les prisons restent des lieux d’exclusion à l’imaginaire très fort mais d’une réalité implacable ; celui qui pénètre en son sein n’en ressortira jamais indemne.