Elliott Erwitt, illustre photographe dont l’existence fut consacrée à l’art de l’image, s’est éteint, laissant derrière lui un héritage d’une richesse incommensurable. Sa carrière, jalonnée par une diversité de sujets saisissants, s’étendait des portraits intimistes aux paysages grandioses, en passant par les événements historiques qui ont marqué l’ère contemporaine. Doté d’un talent inégalé, il parvenait à immortaliser avec une maestria incontestable les instants éphémères de la vie quotidienne. Sous l’influence de son mentor, l’icône Henri Cartier-Bresson,
Elliott Erwitt a su développer un style unique, empreint d’humour et d’ironie, qui lui permit de documenter la vie américaine pendant plus de six décennies. Son œil aiguisé et sa sensibilité artistique ont fait de lui un membre éminent de la prestigieuse agence Magnum Photos, au sein de laquelle il s’est érigé en véritable pilier. Son œuvre, d’une ampleur remarquable, s’étend sur plus de 70 ans et se compose d’une collection impressionnante de tirages, d’affiches, de planches-contact et d’ouvrages qui témoignent de sa vie dédiée à la quête de l’instant décisif. Parmi les images célèbres qu’il a capturées, certaines évoquent les heures sombres de l’histoire politique, tandis que d’autres illustrent les instants de gloire et de glamour des célébrités. La polyvalence d’Elliott Erwitt l’a conduit à explorer divers domaines, de la mode à la politique, en passant par le monde des célébrités. Il a publié plus de vingt livres et ses œuvres ont été exposées dans des institutions de renom à travers le monde.
Cependant, l’une des facettes les plus charmantes de son travail réside dans sa passion pour la photographie canine, où il a su capturer l’essence des chiens avec esprit et tendresse dans des ouvrages tels que „Son of Bitch“, „To the Dogs“ et „Woof“.
L’unicité de photographe se manifestait également dans son approche spontanée de l’exploration urbaine, notamment à New York, où il affirmait que les meilleures choses se produisaient lorsqu’il se trouvait là, appareil photo en main. Ses clichés, d’une apparente simplicité, révélaient en réalité l’authenticité des êtres dans leur quotidien. Parmi ses photographies emblématiques, l’on se souvient de celle où Richard Nixon, doigt accusateur, confronte Nikita Khrouchtchev lors de l’Exposition nationale américaine de 1959 à Moscou, ou encore de l’image poignante de Jacqueline Kennedy, voilée de noir, lors des funérailles de son époux. Elliott Erwitt choisissait ses sujets pour leur capacité à évoquer les émotions les plus profondes et les plus sincères. Sa compétence à se rapprocher des sujets les plus insaisissables était remarquable. Lors d’un voyage à La Havane en 1964, il a passé une semaine avec Fidel Castro et Che Guevara, capturant des images d’une rare intensité. Les gens lui faisaient confiance, lui permettant d’entrer dans leur intimité avec une discrétion et une dignité qui lui valaient le respect universel. Malgré sa renommée, Elliott Erwitt est resté humble et pragmatique quant à son art, le considérant comme une réaction spontanée à ce qu’il observait, une quête incessante de l’image parfaite à travers un nombre incalculable de clichés.
Né Elio Romano Ervitz à Paris en 1928, Elliott Erwitt a connu une vie mouvementée, marquée par de multiples déménagements avant de s’établir aux États-Unis. C’est à Los Angeles que son intérêt pour la photographie s’est éveillé, avant de s’épanouir pleinement à New York, où il a entamé sa carrière professionnelle.
Marié et divorcé à quatre reprises, il laisse derrière lui une famille nombreuse, composée de six enfants, dix petits-enfants et trois arrière-petits-enfants. Sa disparition marque la fin d’une époque, mais son héritage perdurera à travers ses œuvres intemporelles, qui continueront d’inspirer les générations futures de photographes. Sa disposition à capturer l’essence de ses sujets, son opportunisme et son sens de la composition font d’Elliott Erwitt l’un des grands maîtres de la photographie, dont l’approche spontanée et la renommée internationale lui assurent une place indélébile dans l’histoire de cet art.