Villa Park, Birmingham. Trois semaines avant sa mort, Ozzy revient là où tout a commencé. Entouré de ses frères de Black Sabbath, Tony, Geezer et Bill, il s’assoit sur ce trône imposant, non pas pour régner, mais pour dire adieu. Il lève les bras, les yeux brillants, et lance à la foule : „Vous n’avez aucune idée de ce que je ressens, merci du fond du cœur.“ 42 000 personnes hurlent. Metallica, Guns N’ Roses, tout le gratin du rock est là. Pour lui. Pour son dernier salut.
Né John Michael Osbourne à Aston, c’est dans les ruelles grises de Birmingham qu’il aiguise son cri. En 1970, Black Sabbath change le visage du rock avec un premier album éponyme qui transperce les charts. Avec des titres comme „Iron Man“, ‚“Paanoid“ ou „War Pigs“, Ozzy devient le parrain du heavy metal. Renvoyé du groupe en 1979 pour des excès qui feraient passer Keith Richards pour un moine, il rebondit en solo avec „Blizzard of Ozz“ et „Diary Of A Madman“. Deux bombes. Deux manifestes.
Puis vient la télé, „les Osbournes“ ce chaos familial drôle et touchant. On découvre Ozzy en pyjama, perdu dans son salon, plus drôle que démoniaque. Loin de l’image du rocker possédé, il devient une figure pop, presque tendre, avec Sharon en gardienne du temple domestique.
Ozzy, c’était aussi ça : un homme brisé par la maladie de Parkinson, marqué par les chutes, les douleurs, les annulations. Mais toujours là. Toujours debout. Jusqu’à ce concert final, pensé comme un cadeau. Sa manière à lui de dire merci et au revoir.
Elton John parle d’un „immense pionnier“. Ronnie Wood, brisé. Ali Campbell l’appelle „le roi incontesté du heavy metal“. Et sur X, une photo de Black Sabbath avec ces simples mots : Ozzy Forever. C’est toute une scène qui pleure. Tout un monde qui ralentit un instant.
Ozzy laisse derrière lui Sharon, ses enfants, ses petits-enfants. Mais aussi des millions de fans, des riffs inoubliables et une étoile sur le Hollywood Walk of Fame. Il ne s’est jamais arrêté de créer, de crier, de vivre. Même quand tout semblait l’arrêter. Alors, ouais. Il a arraché la tête d’une chauve-souris sur scène. Mais surtout, il a arraché nos cœurs à la normalité. Et c’est pour ça qu’on ne l’oubliera jamais.