Il y a peu de sentiments meilleurs pour un pilote moto que de monter sur la plus haute marche d’un podium MotoGP, mais le refaire pour la première fois après 5 ans de disette et surtout et la première fois en tant que pilote officiel ajoute quelque chose de spécial. Ajoutez à cela un début de saison compliqué avec des courses en deça, une opération chirurgicale puis une chute, l’émotion de Jack Miller (Ducati) à l’arrivée est plus que légitime. Pour la firme de Borgo Panigale, la victoire de l’australien est amplement méritée eu égard à ses performances ultérieures au guidon de Ducati privées avec lesquelles, il a souvent frôlé la victoire.
Le départ lancé, partant de l’extérieur de la première ligne, Jack Miller fait le holeshot avec sa puissante machine, alors que Fabio Quartararo (Yamaha), le poleman, se fait submerger dans le premier virage pour tourner seulement en 4e position, juste devant le virulent Aleix Espargaro (Aprilia) auteur lui aussi d’un départ fulgurant. Dans la roue du pilote australien, tout au long de la ligne droite suivante, les deux italiens Franco Morbidelli (Yamaha Petronas) et Pecco Bagnaia (Ducati) ne se font pas de cadeaux. Dans ce premier tour, Alex Marquez (Honda LCR) chute suivant dans le tour suivant par Brad Binder (KTM) pourtant très à l’aise ici durant les essais ce week-end.
En tête de course, Pecco Bagnaia et Fabio Quartararo se disputent allègrement la 3e place. Tout d’abord, le pilote français a réussi à placer sa Yamaha l’intérieur avant que la puissante Ducati de l’italien le contre dans le petit bout droit. Puis la 2e tentative fut la bonne, Fabio Quartararo prend cette fois l’avantage sur Pecco Bagnaia dans le dernier virage, imparable !!
Au 3e tour, encore une chute, Alex Rins (Suzuki) récidive après sa mésaventure portugaise en perdant l’avant de sa machine. Encore des espoirs de podium à domicile envolés pour celui qui semblait avoir un rythme impressionnant.
Pendant ce temps, Fabio Quartararo continue à faire le ménage devant et plonge irrémédiablement a à l’intérieur de son ancien coéquipier Franco Morbidelli (Yamaha Petronas) pour prendre la 2e position, tandis qu’Aleix Espargaro a trouvé un moyen de se substituer à Pecco Bagnaia pour le gain de la 4e position.
Le plan du vainqueur sortant se met en place, il prend la tête peu de temps après, avec une manœuvre parfaite sur Jack Miller dans le dernier virage. Le pilote Yamaha enfonce le clou immédiatement et prend 4 dixièmes d’avance sur le sociétaire Ducati en l’espace d’un tour avec en prime un nouveau record du tour sur le circuit de Jerez. La stratégie prévue par le jeune pilote français de 22 ans est suivie à la lettre. Jusqu’à présent…
Jack Miller s’accroche quelque peu, mais se montre impuissant face à un Fabio Quatararo au-dessus du lot. Alors que le français creuse l’écart à plus d’une seconde pour la première fois, Aleix Espargaro au guidon de son Aprilia perd son duel avec la Ducati de Pecco Bagnaia, ainsi que sa place, dans la dernière ligne droite. Un autre pilote Ducati se met également en évidence, mais par une chute : le rookie Enea Bastianini (Ducati Avintia) connaît dès lors son premier abandon en MotoGP.
Dans la foulée Pecco Bagnaia revient rapidement dans le sillage de son compatriote Franco Morbidelli. S’ensuit une bataille entre les deux partenaires de la VR46 Academy avant que le pilote Ducati ne parvienne à capitaliser sa domination sur une erreur du pilote Yamaha Petronas dans la dernière courbe.
Soudainement, en tête, ce n’était pas la domination aisée facile à laquelle Fabio Quartararo est coutumier une fois en tête. L’avantage de 2 secondes du français est réduit en l’espace d’un seul tour. Erreur du pilote ou problème mécanique, le scénario de la victoire est réécrit à dix tours de la fin. Incroyablement, Jack Miller ne se fait pas prier et prend de suite la tête dans la courte ligne droite des stands le tour suivant. Peu de résistance du pilote Yamaha, méconnaissable dans son pilotage, et en quelques virages , l’australien prend une demi-seconde d’avance et cette avance ne fait que croître.
Bien plus lent que ses poursuivants, Fabio Quartararo est désormais une cible facile pour les Ducati et les Yamaha, qui se sont rapidement alignés derrière lui. À 7 tours de l’arrivée, Takaaki Nakagami (Honda LCR) Joan Mir (Suzuki) et Aleix Espargaro (Aprilia) l’ont délogé pour le rétrograder directement en 7e position juste derrière l’Aprilia du catalan.
Dans les 5 derniers tours de cette course à rebondissement, le français perd encore du temps et se fait avaler par les deux officiels Honda, Pol Espargaro et Marc Marquez; une manœuvre impensable dix minutes plus tôt. Quelques tours de plus s’écoulent mais devant, la belle avance de Jack Miller est mise à mal par son coéquipier Pecco Bagnaia, lequel lui reprend une seconde pleine. Une certaine tension apparaît soudainement pour l’australien qui partait pourtant confortablement vers une première victoire Ducati. Les derniers tours sont nerveux, mais le n°43 garde son sang-froid et 5 ans après son unique victoire sur le circuit d’Assen en 2016, remporte une seconde course MotoGP, la première pour la firme de Bologne à Jerez depuis 15 ans. Pecco Bagnaia réalise quant à lui une autre performance de haut niveau en franchissant la ligne d’arrivée en 2e position, synonyme d’un premier doublé improbable ici à Jerez. Franco Morbidelli, 3e ferme la marche du podium en se tapant la poitrine de joie. Takaaki Nakagami, 4e égale son meilleur résultat en MotoGP en résistant avec autorité à la charge du champion du monde Joan Mir,5e .
Aleix Espargaro, 6e, confirme la bonne forme de sa monture cette saison devant un Maverick Viñales (Yamaha) anonyme qui décroche toutefois une 7e place, devant le français Johann Zarco (Ducati Pramac) 8e.
Marc Marquez (Honda) rebondit bien après ses accidents du samedi et du warm-up pour prendre une louable 9e place alors qu’il n’est toujours pas à 100 % de ses capacités, devant son compatriote et coéquipier Pol Espargaro (Honda),10e, Miguel Oliveira (KTM), 11e et Stefan Bradl (Honda HRC) wildcard ce week-end, 12e.
Fabio Quartararo passe le drapeau à damiers en 13e position et par voie de conséquence cède la tête du Championnat du Monde MotoGP à Pecco Bganaia. Le français visiblement en souffrance lors du tour de refroidissement se tenait le bras. Danilo Petrucci (KTM),14e et son coéquipier Iker Lecuona (KTM), 15e complètent les points.
„J’ai juste essayé de faire ce que je pouvais, j’ai fait beaucoup de tours tout seul ce week-end et je savais que j’avais un rythme raisonnable et quand Fabio est passé, je me suis dit que j’avais un peu plus de rythme. Je suis descendu dans les 37 pendant quelques tours avec lui, mais je n’ai pas été capable de maintenir ce rythme, mais lui non plus. Je ne m’attendais pas à ce qu’il revienne sur moi, mais il l’a fait. J’étais juste capable de… Je savais que j’avais un peu d’écart derrière moi et si je pouvais passer Fabio, je pouvais voir qu’il avait du mal. Je l’ai dépassé, j’ai baissé la tête, je n’ai pas fait d’erreur et j’ai essayé de faire les tours. Ces sept ou huit derniers tours ont été les plus longs de ma carrière. Je veux dire, c’est juste indescriptible ce que je ressens en ce moment, c’est un flot d’émotions : heureux, triste, tout. J’aimerais que mes parents soient là pour le fêter avec moi, mais ils sont à la maison, je sais qu’ils vont fêter ça. Je veux remercier tout le monde pour leur soutien, je vais essayer de recommencer bientôt.“