Il y a des rendez-vous qui marquent une ville. Le Mondial du Breaking est de ceux-là. Depuis sa création en 2022, il a vu défiler les plus grandes stars du breakdance mondial, contribuant à sa renommée internationale. Chaque année, le Palais des Sports devient une arène dans laquelle se mêlent virtuosité, sueur et poésie. À guichets fermés, la 3ᵉ édition a confirmé l’engouement. « On ne s’attendait pas à un tel engouement ! » confiait Fathi Benjilali, coorganisateur, les yeux brillants devant la foule. Mais le Mondial du Breaking n’est pas seulement une vitrine pour les champions. C’est aussi un tremplin chorégraphique ouvert à toutes les écoles de danse de la région. Cette année, le Comité départemental de Danse des Bouches-du-Rhône a souhaité élargir l’initiative à ses partenaires voisins régionaux. Résultat : pas moins de 30 écoles de danse se sont produites sur la scène du Palais des Sports, offrant des spectacles généreux, pleins de sincérité et de fougue. « Je voulais réunir toutes les danses. On est un vivier fort, mais il y avait une carence d’événementiel », ajoutait Fathi Benjilali
Dans la catégorie reine, le 2vs2 Bboy, la finale a opposé le binôme Russo-Venezuela Grom et Alvin au duo français Dee et Ankif. Ces derniers ont enflammé le parquet avec un style tranchant, instinctif, enraciné dans la région. « Ici, on ne break pas comme à Paris », rappelaient-ils fièrement. Formless Corp, a une nouvelle fois imposé sa loi avec son duo magique, Alvin et Grom. Une victoire nette, une suprématie confirmée. Formless Corp n’est pas seulement un nom, c’est une constellation qui illumine le breaking mondial.
La catégorie Kids a offert ce qui restera comme la plus grande affiche de la décennie. Le jeune breakeur chinois Hollyrain, champion du monde WDSF 2025 et pressenti pour les Jeux Olympique de la jeunesse de Dakar, a enchaîné un véritable festival ces dix derniers jours en Europe. Déjà star des réseaux avec des millions de vues lors du DPC Jam, il a poursuivi sur sa lancée à Marseille. En 3v3, il a battu l’équipe sibérienne la plus forte du moment. Et au Mondial du Breaking, il a confirmé sa domination en surclassant le breakeur sibérien Maloy, considéré comme le meilleur du circuit underground sur un score net de 3 à 0. Ce triomphe place la Chine au sommet du breaking international et lui vaut le respect de toute une communauté. Hollyrain n’a pas seulement gagné des battles, il a gagné des cœurs, à suivre…
Dans la catégorie Bgirl, une autre révélation a marqué les esprits. Arisha, jeune breakeuse sibérienne au talent hors norme, a livré des performances incroyables pour son âge. Sa maîtrise est rarement vue dans le monde du breaking. Des freezes venus de l’espace, une souplesse et une force de titan dans un corps d’enfant. Elle a bouleversé le public, rappelant que le futur du breaking est déjà là, et qu’il danse avec une intensité cosmique. En finale, elle s’est imposée face à la breakeuse suédoise au style dynamique et punchy, Bgirl Emina.
Le Mondial du Breaking n’est pas seulement une suite de battles. C’est une fête, une communion, une célébration de la culture hip-hop. Les spectateurs ne se contentent pas de regarder : ils vivent l’énergie, ils partagent les émotions, ils deviennent partie prenante du spectacle. Comme l’Open 13 pour le tennis, le Mondial du Breaking est désormais un marqueur de l’identité marseillaise. Il prouve que la ville sait accueillir les plus grands, tout en gardant son âme populaire et chaleureuse. « C’est un événement qui vient du peuple et qui est réalisé pour lui », affirme Mohand Zenasni, coorganisateur du Mondial du Breaking.
La ville de Marseille a célébré une culture, une manière de vivre, une façon de dire « je suis là » avec le corps entier. Le Mondial du Breaking est devenu un carrefour, un miroir, une rampe de lancement. Et si le parquet du Palais des Sports pouvait parler, il dirait sûrement : « Revenez vite. J’ai encore des frissons. »