Joie Collective – Apprendre à Flamboyer ! Quand la joie devient un outil politique et artistique au Palais de Tokyo.

Joie Collective – Apprendre à Flamboyer ! Quand la joie devient un outil politique et artistique au Palais de Tokyo.

Comment transformer la joie en une force de résistance collective ? C’est la question soulevée par Joie Collective – Apprendre à Flamboyer !, une exposition immersive présentée au Palais de Tokyo. Performances en direct, ateliers participatifs et manifeste visuel : cette expérience flamboyante fait de la fête un véritable acte politique. Par Mai-Linh Tran

Exposition qui célèbre la joie comme un acte politique

Depuis le 16 février et jusqu’au 12 mai 2025, le Palais de Tokyo accueille Joie Collective, une exposition démontrant que la fête n’est pas seulement synonyme d’insouciance, mais qu’elle peut aussi devenir un acte revendicatif et résistant. À travers une iconographie riche mêlant art visuel, performance et musique, cette manifestation interroge notre rapport à la joie collective. Dans un contexte mondial marqué par des crises sociales, politiques et climatiques, Joie Collective pose une question fondamentale : Comment continuer à célébrer ? Bien plus qu’une réponse hédoniste, la joie devient ici un outil stratégique, capable de rassembler, mobiliser et redonner du pouvoir à celles et ceux qui en ont été privés.

Photos : Joie Collective/ Palais de Tokyo/Kbsp/DR

Amandine Nana

Au cœur de l’exposition, Amandine Nana, commissaire de Joie Collective, réinvente le musée comme un laboratoire d’expérimentation où la participation des visiteurs occupe une place centrale. S’inspirant des fêtes populaires et des mouvements culturels, noirs et queer, elle crée un espace vivant où la joie devient un acte politique à part entière. Exit la contemplation passive : les visiteurs défilent sur l’Avenue Parade, prennent la parole à la Place Publique, et transforment le musée en une scène ouverte. Loin d’être anodine, la fête est ici conçue comme un moteur d’émancipation et de résistance. La joie collective dépasse ainsi le simple bien-être individuel pour devenir un puissant lien social, tandis que la flamboyance, héritée de la culture disco, incarne une affirmation de soi éclatante et sans compromis. En réhabilitant la fête comme un espace de contestation, cette exposition propose une nouvelle manière de penser l’engagement.

Photos : Joie Collective/ Palais de Tokyo/Kbsp/DR

Soirée flamboyante avec Noam Sinseau

Apprendre à Flamboyer ! a embrasé le Palais de Tokyo lors d’une soirée talent show animée par Noam Sinseau, humoriste et figure emblématique des cultures queer et voguing. Sur scène, des artistes aux univers contrastés se sont succédé pour démontrer que la joie peut se revendiquer sous mille formes : Jahlys, chanteuse de dancehall, a envoûté le public avec ses rythmes enflammés ; Natacha Prudent, humoriste, a prouvé avec brio que l’humour est aussi une arme de résistance ; et Bambi, Rajah et Madame B, figures incontournables du voguing, ont incarné la liberté de mouvement et l’affirmation de soi, mais ce n’était pas qu’un simple spectacle ! Une scène ouverte a offert à tous et à toutes l’opportunité de s’exprimer, de danser, de chanter ou encore de slamer. Peu importait la forme, l’essentiel était de briller, d’affirmer son identité et de partager son énergie. Cette soirée a illustré, au-delà des performances, comment la fête devient un espace d’affirmation où les minorités réinvestissent leur propre narration.

Manifeste de joie et d’engagement

Joie Collective – Apprendre à Flamboyer ! est une expérience totale où le spectateur est à la fois emporté et invité à participer. Mêlant performances et réflexions sur l’impact social de la joie, le Palais de Tokyo propose bien plus qu’un simple événement culturel : une véritable déclaration politique en faveur du partage, de la célébration et de l’affirmation de soi.

Photos : Joie Collective/ Palais de Tokyo/Kbsp/DR