GALERIE DU MUSÉE, NIVEAU 4
Du 15 juin au 11 septembre 2017, le Centre Pompidou consacre une exposition personnelle à Hervé Fischer en présentant les divers aspects de son activité depuis les œuvres autour de la notion d’art sociologique, réalisées au début des années 1970, jusqu’aux grandes toiles récentes, fruits d’une réflexion économique, philosophique et éthique sur notre société.
Auteur de nombreux ouvrages théoriques sur l’art sociologique et numérique, Hervé Fischer a adopté une démarche liant art et philosophie, avec un regard constant sur l’actualité socio-économique et sur les nouvelles technologies. Né à Bourg-la-Reine en 1941, ancien élève de l’École normale supérieure, il a enseigné pendant des années la sociologie de la culture et de la communication à l’université de la Sorbonne, tout en menant sa carrière d’artiste multimédia.
Dès les années 1970, il manifeste son adhésion à la volonté de révolte contre la tradition et la culture élitaire, qui anime le milieu de l’art. Il entreprend le « décrassage culturel » avec un corpus d’œuvres et d’actions autour de l’Hygiène de l’art et il détruit ses propres œuvres, en partageant ce geste, au sein d’une démarche collective, avec d’autres artistes par un appel postal à la déchirure. Hervé Fischer inscrit cette réflexion dans le cadre d’un art dit « sociologique
» dont il est l’un des initiateurs majeurs. Il mène des projets participatifs en Europe et en
Amérique latine.
Dans les années 1980, il s’installe au Québec où il se consacre plus particulièrement aux arts numériques. Depuis 1999, il est retourné à la peinture pour explorer les imaginaires sociaux et les mythes contemporains qui habitent nos imaginaires individuels. Son œuvre continue d’affirmer « l’urgence d’une communication active ». À ce titre, une salle est consacrée à une démarche interactive avec le public à partir de smartphones, autour du hashtag #conscienceaugmentee.
2. L’EXPOSITION
UN PARCOURS EN 3 VOLETS
L’exposition et le catalogue, sous la direction de Sophie Duplaix, conservatrice en chef des collections contemporaines, Musée national d’art moderne, retracent le parcours d’Hervé Fischer depuis les années 1970 jusqu’à aujourd’hui. Le corpus d’œuvres témoigne du rôle engagé de l’art dans la société, que l’artiste a incarné de façon exemplaire et qui a nourri de nouvelles sensibilités sociologiques dans les pratiques de ses contemporains et des plus jeunes générations d’artistes. À travers un choix de pièces réalisées entre 1971 et 2017, le public est invité à découvrir tout l’œuvre d’Hervé Fischer, en trois séquences.
ART ET SOCIÉTÉ
L’exposition s’ouvre sur les œuvres produites entre 1971 et 1983 par lesquelles l’artiste questionne le fonctionnement idéologique de l’art, les rapports entre art et société, d’abord avec la déchirure des œuvres d’art, les peintures essuie-mains (hygiène de la peinture) puis par les prescriptions de la
Pharmacie Fischer, les cartes d’identité du Bureau d’identité utopique qui introduisent les interventions publiques dans des grandes villes et villages en Europe et en Amérique du Nord et du Sud.
L’artiste, en explorant les clivages culturels et politiques, met en place un matériel de communication en milieu social réel permettant une expression très libre et renouvelée selon le contexte. Les pilules, les tampons, les bannières, les pages des quotidiens mais aussi les panneaux de signalisation caractérisent son vocabulaire de l’époque. Cette signalisation jalonne l’exposition en rappelant les interdits, les obligations, les orientations qui nous régissent.
Une documentation, pour partie inédite, est consacrée à l’école sociologique interrogative, lieu alternatif initié par l’artiste et le collectif d’art sociologique, fondé en 1974.
UTOPIES NUMÉRIQUES
La deuxième séquence témoigne d’une rupture à laquelle l’artiste est confronté suite à ces expé- riences d’art sociologique engagées et extrêmes. Il met fin à ces pratiques au milieu des années 1980 et plonge dans les technologies numériques qui ouvraient sur de nouvelles et prometteuses utopies.
Cette décision coïncide avec son émigration au Québec. C’est seulement en 1999 qu’il reprend une pratique artistique en peignant les langages binaires puis des codes-barres numériques. Il peint les icones du monde économique et financier tout en questionnant les mythes et les imaginaires sociaux
du monde actuel (mythanalyse).
Le flux chaotique des structures numériques de notre quotidien liées à notre société d’information et de consommation remplit ce deuxième espace : code-barres, diagrammes dramatiques du monde financier, imagerie scientifique, notamment dans le domaine écologique, chiffres du marché de l’art.
Hervé Fischer adopte les gammes chromatiques saturées de la nouvelle nature numérique dans une série d’œuvres appelée « fauvisme digital » avec lesquelles se termine cette partie de l’exposition où l’artiste dessine ce nouvel âge numérique, théorisé dans ses nombreux essais. Ses pratiques artistiques sont d’ailleurs en étroite relation avec son travail théorique.