Les défilés de haute couture de la maison Valentino sont devenus particulièrement remarquables pour leur décadence théâtrale, leur élégance raffinée et leur présentation. En fait c’est une nouvelle définition de la beauté, imprégnée d’une sincérité et d’une délicatesse exquise qui touche au plus profond.
Intitulée „Anatomie de la couture“, la note du défilé parle d’une volonté d’explorer notre compréhension du corps de la femme en montrant comment l’histoire de la couture a entretenu une idéalisation souvent contrariée de la femme.
Le corps, celui des femmes en particulier, est à la fois un fait et une construction culturelle, dont les canons de beauté évoluent au fil du temps, imposant tantôt une verticalité tendue, tantôt une horizontalité douce, célébrant certaines parties de l’anatomie plutôt que d’autres. Dans la Haute Couture, poussé par l’urgence de repenser les rituels et les processus de la Couture afin de créer un canon qui reflète la richesse et la diversité du monde contemporain, mais l’idée de la beauté qui n’est pas absolue, le créateur vedette de Valentino Pierpaolo Piccioli a imaginé cette collection Anatomie de la Couture sur une variété de femmes aux corpulences et âges différents. „Rendre digne en sublimant les différences“, rétrocède t-il
Une ligne de pensée conforme, redéfinissant le concept abstrait de la beauté que l’on nous fait souvent croire afin de présenter une harmonie plus vraie des types physiques, à la fois poétiquement et scientifiquement. En somme, une approche intelligente qui modifie subtilement les idées préconçues sur qui peut porter quoi et pourquoi. Et offre la possibilité à chacun de se refléter dans sa conception. Le point de départ et d’arrivée de l’ensemble du processus est le corps.
Les silhouettes le suivent de près ou s’en détachent. Des ourlets extrêmement courts laissent entrevoir la nudité, tandis que des décolletés profonds révèlent le torse. Un sens aigu de la verticalité alterne avec l’horizontalité de la brise. Cela s’exprimait également sous la forme de bustiers corsetés, d’une large gamme de textures inhabituelles et de vêtements qui, pour la plupart, masquaient l’intégralité du corps, tout en restant flatteurs pour la forme.
Les concoctions crémeuses dans une coupe en sablier, les gants en satin, les paillettes et les perles qui ornaient de nombreuses pièces scintillantes pourraient tous être des clins d’œil au glamour hollywoodien de la vieille école. Le créateur a surfé aussi avec les longueurs et les volumes selon les gabarits et les courbes. Un panel de belles robes longues à larges volumes ainsi que des mini-robes mais aussi de larges pantalons veloutés et des costumes sculptés font partie intégrante de la collection. Sublimant les corps par des pièces à la fois moulantes et flottantes, les modèles attirent le regard en déambulant. Si la teinte rouge emblématique est toujours d’actualité, ce sont des couleurs douces qui dominent le défilé comme le beige, le crème ou le marron. Lorsque l’on considère que les finitions asymétriques, les éclaboussures de néon et le style pantalon tailleur et t-shirt, obscurcissent les points de référence habituels, toujours est-il que les codes de Valentino Couture sont bel et bien présents mais exprimés à travers différents cadres corporels. Le dialogue intime entre qui pense les vêtements, qui les fabrique et qui les porte se reflète dans la présentation. La force des dessins et du message est indéniable, surtout quand on regarde les visages des mannequins qui portent les pièces. De taille, d’âge et d’origine ethnique différents, ces femmes offrent un affichage diversifié de la beauté.
Pierpaolo Piccioli s’est efforcé d’imprégner ses défilés de diversité, ici le défilé Valentino Haute Couture en était encore une autre démonstration comme un geste de respect pour l’avenir de la mode. En larmes en quittant le podium et embrassé par son armada de mannequins, il a fait mouche auprès du public.