En plein parc du Bois de Boulogne, il fallait emprunter un petit chemin sablonneux sur le site du centre équestre Étrier de Paris, pour accéder au défilé Chanel haute couture.
Pour cette collection haute couture , la marque a rappelé l’artiste d’installation français Xavier Veilhan pour construire à l’entrée du centre équestre une aire de jeux de rêve, avec des moulins à vent géants et des poufs en guimauve rose. La culture était au rendez-vous dans le hall lumineux aux allures de serre. En plus du parfum habituel sur chaque siège, des sacs cadeau contenaient des disques du chanteur et compositeur français Sébastian Tellier. La musique de ce dernier était en fait la bande originale du spectacle.
À l’intérieur de ce grand loft aéré, la façon de concocter des collections pour Chanel est instinctive : pas de storytelling croustillant ni de références précises ici. Le mélange de cette saison incorporait un film de l’ambassadeur Chanel Pharrell Williams jouant de la batterie. Avec l’atmosphère établie, la collection a coché toutes les cases pour lesquelles Chanel est connue : il y avait un fort accent sur les tailleurs en tweed et les longs manteaux de différentes couleurs, des couches monochromes sur des robes légères et la mariée habituelle à la fin du spectacle. Les touches « chevalines » se sont également frayées un chemin dans la collection.
Des jupes mi-longues en tweed étaient associées à des bottes de cow-boy noires, dont certaines étaient surmontées de chapeaux à larges bords assortis. Le premier look, une veste et une jupe vert Kelly audacieuses, a donné le ton résolument décontracté pour ce qui a suivi, y compris un long manteau métallique, des ensembles assortis prêts pour le bureau et des pantalons de style capri.
Les manteaux sont foison, allant du manteau militaire bleu marine révélant des empiècements en mousseline transparente saupoudrés de sequins et de minuscules plumes d’autruche, à une robe manteau boutonnée style années 60 dans un ajouré de tresses de laine rose. La créatrice a travaillé une silhouette longue, avec des robes colonnes en dentelle et en mousseline inspirées des créations de Chanel dans les années 30, et a accessoirisé certains looks avec des pièces de la dernière collection de haute joaillerie de la marque, un hommage à la collection „Bijoux de Diamants“ créée par le fondateur en 1932. Au fur et à mesure que le défilé des mannequins se poursuivait, les vêtements devenaient plus formels ; une robe plissée moulante au sol avec deux poches avant boutonnées se démarquait, tout comme le look final : une robe de mariée blanche sans bretelles, portée par Jill Kortleve et accessoirisée avec un nœud blanc et un châle brodé boho-chic bref l’ensemble parfait pour un mariage de cow-girl en strass.
„Dans cette nouvelle collection, il y a des tailleurs, des robes longues comme Mademoiselle Chanel les imaginait dans les années 30 : ajustées au corps, même si elles ont ici de fortes épaules, et des robes plissées comme la robe de mariée par exemple“, explique Virginie Viard.
Photos: Getty Images/Imaxtree/Chanel/Corbis