Pour ce défilé, la créatrice Maria Grazia Chiuri a ainsi donné une nouvelle fois carte blanche à l’artiste Eva Jospin pour imaginer une grotte baroque en carton, pour ce spectacle en plein cœur du Jardin des Tuileries. En s’inspirant de la grotte parisienne des Buttes-Chaumont, de la Villa lombarde Borromeo Visconti Litta et des fresques du Palais Cinese à Palerme, la plasticienne a conçu une œuvre en 3D qui prend alors une forme en deux dimensions sur des panneaux et des toiles ornés d’arcs, de ruines et de murs recouverts de végétation. Une installation inventive recréant le réel par l’artifice.
Un univers qui explore l’intériorité, le mystère, avec ces énergies qui constituent une composante fondamentale de la féminité. C’est dans ce décor que les chorégraphes et danseurs néerlandais Imre et Marne van Opstal, duo créatif réunissant une sœur et un frère, évoluent, explorant la condition humaine aux limites des possibilités du corps et de l’esprit, à travers une danse à plusieurs niveaux souvent surréaliste. Un spectacle décrit par la créatrice comme une collaboration collective née de la rencontre de différents projets et langages. Une performance rappelant la Renaissance, les danseurs bougent en harmonie avec la collection, les corps sculpturaux mis en lumière bougent comme des statues évoquant un langage classique, mais empreint d’un élan résolument contemporain. L’image d’un plan de Paris issu des archives de la Maison Dior, imprimé sur un foulard est omniprésente mais c’est la fascination vouée à la reine Catherine de Médicis qui interpelle. Une référence à cette femme de pouvoir emblématique et pionnière dans les innovations pour la mode comme les talons, le corset, et surtout la dentelle de Burano qu’elle a introduite dans les manufactures royales. La mode dialogue toujours avec la réalité par l’artifice et les vêtements royaux se transforment.
Maria Grazia Chiuri a réactualisé le corset en lui donnant une forme quasi-géométrique qui encadre le buste. La guêpière, tantôt cachée, tantôt visible, dessine une silhouette rappelant les jupes larges portées à la cour de Catherine de Médicis.
Une jupe avec un cerceau recouverte de mètres de dentelle de raphia noir fut lancé en préambule, lançant le dialogue sur la mode et le pouvoir. Cette jupe historique était associée à un haut de soutien-gorge. Suis ensuite une robe à la forme ajustée et évasée signature maison réalisée avec des cordons de serrage, lui conférant une adaptabilité et une sensation résolument sportive. Les jupes New Look en coton brodé de fleurs, les patchworks de broderie anglaise et associés à des shorts assortis, ont également été repensés. De tradition ancestrale, les manteaux en raphia ornés de motifs floraux et d’oiseaux, sont également revisités avec la créativité et le savoir-faire contemporain de Dior. Cette collection rend hommage à la mode comme un art d’invention, capable de redéfinir la ville de Paris encore et encore, à chaque fois, laissant vivre les multiples facettes de son histoire. La mode comme concept urbain, vitrine de vêtements qui colorent les espaces de notre temps ; la ville comme toile de fond de l’imaginaire matériel et immatériel de la mode et au-delà. La carte comme moyen de mettre en scène une ville, d’exprimer la complexité culturelle de notre époque, de célébrer le pouvoir des femmes qui la naviguent au quotidien.