À la tête de Chanel, Virginie Viard commence désormais à apporter sa patte. Après un galop d’essai avec la précédente collection couture de l’automne 2019 encore très marquée par son mentor de longue date, elle propose maintenant à la marque une transition esthétique très homogène. À chaque saison, Chanel clôt le calendrier de la Fashionweek de Paris – et le mois de la mode dans son ensemble – avec un spectacle grandiose. Pour le défilé printemps/été 2020 de Chanel, la directrice créative Virginie Viard prouve qu’elle aussi sait mettre en avant les productions de Chanel. Elle redonne à la célèbre griffe une certaine jeunesse avec une série de pièces amusantes et faciles à porter, qui se trouvaient au cœur de son héritage. En tant que tels, il existait des piliers classiques de Chanel comme les talons hauts, les silhouettes ultras féminines et surtout le tweed. En s’inspirant de Paris, la ville où tout a commencé, bien sûr, comme son illustre mentor, elle a envahi la nef du Grand Palais pour un spectacle tout en toitures.
Cette collection qui rend hommage à la vraie parisienne garde toutefois quelques touches de Karl Lagerfeld, allant des chaussures plates à capuchons en passant par les piles et les piles de vestes en tweed. Virginie Viard a modifié le look du début des années 90 en proposant des robes à taille basse, des renforts tweed, des cardigans amples et des chapeaux à fleurs rappelant „Blossom„. Les jupes en taffetas volumineuses, des vestes à paillettes, les denim à jambes fuselées et les shorts courts, permettent de mettre en exergue toutes sortes de styles à porter dans la collection. Mais là où la directrice artistique semble s’écarter de l’héritage de son prédécesseur, c’est le léger manque de fantaisie. Les habitués des spectacles de Chanel sont habitués à des décors de plus en plus fantastiques associés avec une kyrielle d’accessoires. Elle a préféré apparemment de rester ancrer dans les vêtements de jour. Le décor choisi pour ce défilé printemps/été 2020 fut les toits typiques en zinc de la capitale française ou les mannequins évoluaient harmonieusement entre les cheminées en tenues Chanel, ce qui colle parfaitement à l’esprit parisien.
Pour sa composition, le tweed, apparaît non en tailleur, mais en combi-short. Les modèles arpentent les toits vêtus également de robes jusqu’aux genoux, jupes à volants, jupes monochromes avec quelques touches modernes inattendues. Par ailleurs, à noter une prolifération de petits shorts, de denim et d’éclats de couleurs vives couleurs comme rose bonbon et rouge tomate. Beaucoup de pièces en mousseline de soie et en organza sont présentes dans les tenues. Le résultat est probant avec toujours l’essence même de Chanel. Pour les chaussures, le choix entre celles en deux parties à bride „chevillaire“ dont certaines en noir et blanc bicolores et les sandales à talons en T était parfaitement adapté à l’ambiance tout comme les sacoches à bandoulière matelassées dont certaines dotée de sangles couleur arc-en-ciel. Beaucoup de perles superposées sur de longs colliers entrecoupés du célèbre logo double C. Un défilé réussi pimenté durant le final par l’intrusion d’une blogueuse qui a tenté de se fondre grimé dans un costume en tweed noir et blanc et un chapeau melon, mais le célèbre top Gigi Hadid. prit les choses en main pour escorter elle-même l’intrus hors de scène.
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