Des ampoules monumentales incrustées de lettres orthographiées CHANEL ont scintillé sur le podium du Grand Palais en préfiguration d’une collection célébrant l’industrie du cinéma. Le défilé Chanel s’inspire de l’apogée des années 1950 à Hollywood avec une touche française. En effet, comme à son habitude, le Grand Palais s’est mué cette fois en Hollywood avec une énorme composition pour reproduire le célèbre signe „Hollywood“ de Los Angeles en Chanel. Nichées sous la nef du Grand Palais, les six imposantes lettres de la maison offrent un spectacle de cinéma tout en lumière pour les rares spectateurs invités ou autorisés à prendre place le long d’une passerelle immaculée.
Comme Milan avant elle, hormis certaines stars, peu d’invités ici, les acteurs américains qui fréquentent habituellement Chanel, souvent le point culminant de la Fashion Week de Paris, sont restés à l’écart. Mais la créatrice Virginie Viard rêve d’une époque plus glamour. Elle propose ici une collection optimiste canalisant la machine de stars de cinéma d’Hollywood ou de Cannes et son cirque médiatique, en plaçant à juste titre l’actrice française oscarisée Marion Cotillard au premier rang avec Vanessa Paradis accompagnée de sa fille Lily Rose Depp. Chanel rend donc hommage aux actrices de cinéma françaises des années 1960 qui ont fait la gloire d’Hollywood. Romy Schneider, Brigitte Bardot, Anna Karina, Jean Seberg et Jeanne Moreau … Ces actrices françaises des années 60 sont omniprésentes et inspirent ce défilé Chanel printemps/été. Une Ode au Cinéma en noir et blanc qui aurait fait plaisir à Gabrielle Chanel, laquelle était très inspiré de ces belles actrices. L’illustre maison de mode française lui dédie sa première rétrospective en créant sa collection la plus cinématographique. Un défilé de mode inclusif mettant en vedette le top model Jill Kortleve dans un décor très hollywoodien. La directrice artistique Virginie Viard, s’inspire de cette immortalité presque sacrée des protagonistes féminines des films pour célébrer la jeunesse éternelle. Parce que selon elle, la mode, comme le cinéma, a le pouvoir d’attraper le temps, de permettre aux vêtements, comme les protagonistes des histoires, de ne pas vieillir. Un court-métrage sorti avant le show rendait hommage à des actrices comme Jeanne Moreau et Romy Schneider qui ont retenu l’attention des réalisateurs américains, mais ont également joué dans les classiques français à l’époque. Cette collection est un hommage aux muses de la maison, à celles que Gabrielle Chanel et Karl Lagerfeld habillaient dans la fiction et dans la vraie vie. „Je pensais aux actrices du photocall, sortant du tapis rouge : leurs visages un peu distraits, leur attitude un peu décalée avec les tenues qu’elles portent … Ce côté très vivant du cinéma qui passe au-delà du cinéma „, confesse la créatrice.
Aux emblématiques costumes en tweed écru et noir, on trouve des jeans aux coups de pinceau fluorescents, des robes fluides, des t-shirts imprimés, des pantalons capri, des robes longues imprimées de petites fleurs noires et blanches, des ensembles brodés de paillettes, des bermudas et des couches asymétriques. La maison multiplie sur un registre plus jeune et décontracté les tailleurs avec bermuda, des jeans aux teintes fluo et des tee-shirts imprimés des lettres Chanel façon néons.
Et dans ces vêtements, nous voyons des détails pertinents, tels que les imprimés sur les chemises avec le compte à rebours (5, 4, 3, 2, 1 … Action) et les clins d’œil à la garde-robe de ces actrices françaises, stars des années 60 et 70, passées du grand écran aux magazines de société et à la mode et à de nombreuses reprises… habillé par la maison.
Le défilé proposé est aussi un étalage diversifié de glamour de grande classe qui se mêle au décontracté dans une collection remarquable pour ses formes d’épaule exagérées rondes, larges, diagonales et plates à la fois. Les mannequins portent des vestes en tweed sur des shorts soyeux, tandis que les robes droites incluent elles des détails en trompe-l’œil tels que des poches à l’arrière. La collection comprend également des touches de rose bubble-gum et des hauts de style pyjama à logo épais. Plus haut de gamme, la signature maison n’est pas oubliée avec ses nouveaux tailleurs jupe en tweed écru et noir. Le meilleur était un numéro noir en maille rigide avec des épaules rondes géantes, une taille ultra-cintrée, des bras tubulaires géants et de larges poignets et col de chemise blancs visibles, une belle silhouette contre la longue piste illuminée d’un blanc pur.
Certains looks décontractés, cependant, sortent un peu du lot. De grands imprimés aux couleurs vives, comme un col roulé et une robe croisée, comportaient des lettres gonflées épelant Chanel pour évoquer toujours les néons. C’est sans doute un peu trop branché pour cet événement, mais ce décalage passe bien.
Toutefois, quelques éléments marquants, comme cette minirobe noire sans épaule très chic conjuguée, avec une surjupe noire en soie transparente qui flottait doucement jusqu’aux chevilles pour révéler sensuellement les jambes. En outre, un sublime haut ample en soie noire avait des nuances spectaculaires de plumes blanches comme une ceinture.
Le coté rebelle de cette génération est parfaitement retranscrit pour cette collection.
Les chevauchements et les asymétries, que l’on voit dans les différents vêtements, soulignent cet esprit rebelle cher à la grande Gabrielle Chanel.
Les pantalons qui deviennent transparents du genou à la cheville, des gilets masculins et une immense envie de montrer la peau. Le soutien-gorge haut, dans toutes ses versions, parcourt la collection ainsi que les hauts qui s’ouvrent sur le devant, invitant au jeu de la séduction. On les voit en noir, très simple, essayant de passer inaperçu sous des vêtements du même ton. Mais aussi d’un blanc éclatant décoré de délicates broderies de paillettes et de cristal, transformées en bijoux-pièces. Toutefois, aucun nombril n’est apparent grâce aux pantalons et autres des jupes très taille haute. Pour les soirées, le vestiaire de cette collection n’est pas en reste : une robe noire au décolleté plongeant, avec un soutien-gorge scintillant sur une jupe taille haute, un costume à sequins, une robe bustier portée avec de fines chaînes dorées soulignant la taille et robe asymétrique fluide à imprimé double C transparente. Coté accessoires, les perles blanches peuvent être portées en sautoir, en serre-tête, ou carrément en ceinture, par ailleurs, le sac iconique 2.55 est réduit afin de pouvoir le porter aisément autour du cou, en ceinture, ou comme une mini-pochette.
Désormais, il ne fait aucun doute que la nouvelle fille Chanel enfreint les règles et sort de l’ordinaire. Tatouée, blanche, noire, fine, normale ou forte … C’est sans aucun doute l’un des défilés de mode les plus inclusifs de la maison et au casting, pour sa 2e apparition, la nouvelle égérie Chanel du moment, la néerlandaise Jill Kortleve s’est nettement démarqué avec son attitude body positive et ses mensurations généreuses, loin de la minceur habituelle des mannequins. Elle porte un pantalon rose fluo à taille haute avec une fine ceinture bijou, une brassière noire sous une cape transparente, découvrant sa taille et son décolleté. Le mannequin, qui mélange les origines hollandaise, surinamaise, indonésienne et indienne, incarne avec fraîcheur cette nouvelle garde de mannequins dont les formes n’ont d’égal que leur équilibre.