L’afrofuturisme, un univers cher à Ibrahim Kamara, lequel a transformé le Tennis Club de Paris en un paysage lunaire parsemé d’imposantes structures planétaires argentées, pour sa première collection Off-White. La terre rouille du Sierra Leone, son pays natal, a recouvert le terrain afin d’établir un univers exempt de toute oppression tel un nouveau monde.
Un voyage imaginé dans une logique lunaire avec des costumes et des robes perforés d’œillets qui rappelaient vaguement la forme des combinaisons spatiales. En se référant à ses débuts en Afrique de l’Ouest, Ibrahim Kamara injecte une essence de son pays d’origine dans les vêtements, avec une palette de couleurs terreuses inspirée par les toits en tôle ondulée rouillés par la pluie et des motifs qui évoquent les civilisations de tribus africaines. Bien qu’il ait prouvé l’importance de rendre hommage au grand Virgil Abloh, il est passionnant de voir sa propre histoire et sa propre personnalité émerger à travers un nouveau dialogue visuel, car que serait Off-White sans un cœur et une personnalité écrasante ?
Les vêtements eux-mêmes ont une technicité qui les enracine dans l’intersection entre le futurisme et l’historicisme, et avec un titre comme „Lunar Delivery“, il y a un certain soupir de soulagement quand on réalise que les pièces ne sont pas directement tirées d’un film de science-fiction ou d’un livre de design de l’ère spatiale, mais qu’elles sont au contraire réfléchies et racontent une histoire en elles-mêmes.
L’idée de présenter une collection dans un cadre planétaire reste fidèle à l’ambition enfantine perpétuée par le regretté Virgil Abloh. “Je suis resté fidèle à la philosophie de la maison et à sa sensibilité industrielle. Nous mélangeons les concepts et les envoyons sur la lune, un endroit où je pense que Virgil projetait aussi son univers”, a confié le jeune créateur. Si la marque qu’il imagine aujourd’hui ne ressemble peut-être pas au Off-White de Virgil Abloh, la philosophie insufflée par Ibrahim Kamara est tout à fait dans l’esprit du fondateur. Des structures audacieuses, des épaules arrondies et une abondance d’œillets contribuent à créer une ligne cohérente ; des jupes en gabardine, des bouffants métalliques et des accents de morphologie contrastent tous avec la toile de fond poussiéreuse de l’endroit. Comme lors de son dernier défilé pour la maison, l’un des points forts de la collection est la chaussure, qui raconte une histoire aussi à elle seule. Les mi-bas anguleux, les bottes de combat métalliques et les baskets surdimensionnées sont soigneusement associés à chaque look. Il ne s’agit pas d’un basique de base ajouté après coup, mais d’un accessoire indispensable pour compléter chaque tenue.