ELEVATION VERCORS 2025 : Le souffle des crêtes, la rage des riders au bout de l’effort

ELEVATION VERCORS 2025 : Le souffle des crêtes, la rage des riders au bout de l’effort

357,3 kilomètres, 10 000 mètres de dénivelé, 60 heures pour boucler la boucle. L’Élévation Vercors n’est pas une simple course. C’est une odyssée de cailloux et de crampes, une aventure humaine où l’on pédale autant avec les jambes qu’avec l’âme. Récit d’un tour pas comme les autres, entre falaises, entraide et dépassement de soi. Par Khalad

Un tour de force au goût de liberté

Vendredi matin, 7 h tapantes. À l’Albenc, petit village niché au pied du Vercors, ils sont soixante-neuf à s’élancer, les yeux encore un peu embués, mais le cœur déjà en surchauffe. Devant eux, une boucle de 350 km, 70 % de chemins, 30 % de bitume, et un seul mot d’ordre : autonomie. Pas d’assistance, pas de chrono officiel, juste une trace GPS et une promesse de paysages à couper le souffle. Yoan Dercourt, l’homme derrière cette idée un peu folle, a dessiné le parcours avec des copains, presque comme on trace une ligne de vie. „Il y avait peu d’épreuves gravel dans le coin. On s’est dit : „Pourquoi pas en faire un vrai événement ?“ Résultat : un tracé qui flirte avec les crêtes, embrasse les plateaux et tutoie les falaises. La Molière, Presles, Château Julien, Font d’Urle, col de la Machine, plateau d’Ambel… Le Vercors dans toute sa splendeur, brut et généreux.

Photos : Owaka sport /UYN/Arnibas/Élévation Vercors/DR

Une course sans course, mais pas sans panache

„Ce n’est pas une course“, préviennent les organisateurs. Et pourtant, ça y ressemble furieusement. Il y a des dossards, un départ groupé, un podium. Mais l’esprit est ailleurs. Ici, on ne court pas contre les autres. On lutte contre soi-même, contre la fatigue, contre les coups de mou qui s’invitent sans prévenir. Et surtout, on s’entraide. Carole Pique, l’une des neuf femmes au départ, le dit avec simplicité : „On roule à son rythme, on écoute son corps. Les capteurs, c’est bien, mais ça ne mesure ni la chaleur, ni le moral.“ Elle avance aux sensations, comme beaucoup. Et quand ça coince, on serre les dents, on boit, on mange, on attend que ça passe. Parfois ça revient. Parfois non. Mais on continue.

Rafik, l’invité surprise du peloton

Parmi les visages marqués par la poussière et les nuits trop courtes, Ludo Martin, un fervent adepte de l’Utra Trail a terminé l’épreuve 16ᵉ, un autre nom attire l’attention : Rafik Djedjig. Figure bien connue du monde du running, il s’est lancé dans l’aventure avec un VTT hybride, presque sur un coup de tête. Peu d’entraînement, un vélo pas vraiment taillé pour le gravel, et pourtant… Après 24 heures de selle, il pointe à la 21ᵉ place, à seulement cinq heures du vainqueur. Un exploit. Un vrai. „La fourche tapait fort dans les descentes, mais j’ai roulé aux sensations“, confie-t-il, encore étonné de ce que son corps a su encaisser. Comme quoi, le mental, ça pédale aussi.

Photos : Owaka sport /UYN/Arnibas/Élévation Vercors/DR

Loïc, Florian et Julien : les rois du caillou

Au sommet du classement, trois noms : Loïc Marin-Lamellet, spécialiste de l’ultra-distance, qui s’impose avec une régularité de métronome. Derrière lui, Florian Ponzio, tout aussi affûté, et Julien Delaet, qui complète le podium avec panache. Mais au fond, peu importe le classement. Ce qui compte, c’est d’avoir bouclé la boucle. D’avoir vu le jour se lever sur les crêtes, d’avoir partagé un bout de pain ou un éclat de rire à Vassieux, seule base de vie du parcours, avec ses lits de camp et son ravito spartiate.

Un parfum d’aventure, un goût de „reviens-y“

L’Élévation Vercors, c’est un peu comme un roman d’aventure qu’on écrit à la force des mollets. Chaque virage, chaque montée, chaque crevaison raconte quelque chose. Et même si les jambes crient stop, le cœur, lui, en redemande. Cette deuxième édition, du 4 au 6 juillet, a tenu toutes ses promesses. Et déjà, dans les regards fatigués, mais brillants des finishers, on devine une envie folle de revenir. Parce qu’ici, on ne vient pas juste pour rouler. On vient pour vivre.

Photos : Owaka sport /UYN/Arnibas/Élévation Vercors/DR