Plus qu’une victoire, le belge à domicile, met fin a plus d’une année de disette et rassure Hyundai Motorsport pour la suite du championnat. C’est aussi une première pour son nouveau copilote flamand, Martijn Wydaeghe, en championnat du monde. Son coéquipier irlandais, Craig Breen, termine second et offre le doublé au constructeur coréen, mettant un terme à la série de cinq victoires consécutives de Toyota. Par Khalad

Loin d’être novices dans cette épreuve, les deux pilotes Hyundai, Thierry Neuville et Craig Breen, partaient avantagés à Ypres. D’emblée, leur expérience préalable des spéciales a payé et ils ont rapidement pris le large face à leurs rivaux. Pourtant, lors de la première spéciale, c’est leur coéquipier estonien Ott Tänak (Hyundai), qui a été le plus rapide. Un leader éphémère, qui a ensuite peiné lors des chronos suivants dans les spéciales caractéristiques de cette épreuve. En outre le champion du monde 2019 subit un problème mécanique dans la deuxième boucle du vendredi avec ensuite une crevaison, puis un cric défectueux qui s’est cassé lorsqu’il changeait le pneu incriminé. Les Toyota à l’affût en profitent pour le passer et tentent de recoller au duo Hyundai à l’avant. Craig Breen (Hyundai) se montre très rapide et met la pression sur le héros local Thierry Neuville, mais le pilote belge force son talent et met un écart substantiel sur son dauphin.

Photos: RedBull/Dppi/Grégory Lenormand/Pirelli

Alors que les pilotes Toyota ne pouvaient pas rivaliser avec les deux fusées coréennes, ils se suivaient tous les uns avec les autres. Le gallois Elfyn Evans (Toyota) a passé la majeure partie de l’épreuve en tête, mais a eu du mal à se défaire du jeune finlandais, Kalle Rovanperä (Toyota), auréolé de sa première victoire en Estonie, lequel s’est montré nettement plus à son aise lorsque le rallye s’est déplacé au sud-est dans les Ardennes vers Spa. Quant au champion du monde sortant, Sébastien Ogier (Toyota), rien n’a été simple. En ouvrant la route le premier jour, il a dû balayer l’asphalte belge couvert de poussière agricole. De plus, la configuration de sa Toyota ne lui satisfaisait guère. Les choses auraient donc pu être bien pires pour le septuple champion français, et elles l’étaient pour les équipages les moins expérimentés du WRC.
Pour preuve, son compatriote Adrien Fourmaux (Ford) fut la première victime des piégeuses spéciales autour d’Ypres. En pleine forme d’entrée et déterminé à pousser ensuite un peu plus fort, tout s’est terminé soudainement, lors de la 3e spéciale lorsque sa Ford Fiesta WRC est sortie de sa ligne sur un rapide virage à gauche et a mordu le fossé en bordure de route. La voiture est de fait catapultée en l’air en vrille et s’explose dans un fossé avant qu’elle ne s’immobilise finalement après avoir heurté un poteau télégraphique. Les dégâts se sont avérés trop importants pour qu’il puisse jouer un autre rôle dans le week-end.
La disparition de son coéquipier britannique Gus Greensmith (Ford) était beaucoup moins dramatique, mais non moins exaspérante. À quelques centaines de mètres du départ de la 4e spéciale, une note optimiste l’envoie dans un fossé. Courant juste en sandwich entre les pilotes M-Sport avant qu’il ne se retire de la course, le japonais Takamoto Katsuta (Toyota), en course avec un nouveau copilote, Keaton Williams, remplaçant de Dan Barritt encore en convalescence a bien débuté le rallye menant d’un bel écart face au français Pierre-Louis Loubet (Hyundai) derrière. Mais dans une section à grande vitesse, Takamoto Katsuta a ressenti un „rebond“ dans sa direction sur une bosse et n’a pas pu virer à gauche. Sa Yaris est devenue incontrôlable, la roue arrière droite tombant dans le fossé et propulsant la voiture en vrille dans les airs. L’accident a coupé une ligne électrique et a provoqué un arrêt prolongé de l’épreuve, mais heureusement, l’équipage s’en est sorti indemne. Pierre-Louis Loubet n’est pas en reste en laissant tomber samedi sa i 20 WRC dans un fossé de la même manière que Gus Greensmith.

/

Photos: RedBull/Dppi/Grégory Lenormand/Pirelli

Les positions figées devant

Le dimanche, Craig Breen (Hyundai) a considérablement lâché du lest avec la probabilité que les ordres de l’équipe l’ont obligé à ne pas courir trop fort face à son coéquipier Thierry Neuville, quoique intouchable à la régulière. Mais avec une seconde place à Ypres, le pilote irlandais pourrait marquer pour la première fois un deuxième podium consécutif en WRC.
Kalle Rovanperä (Toyota) est très fort ce dimanche et continué à creuser l’écart sur ses coéquipiers en allant chercher le podium. Elfyn Evans (Toyota) perd du terrain, mais reste à distance de Sébastien Ogier (Toyota) qui vise surtout les points de la PowerStage. Reparti en Rally2, le samedi, Gus Greensmth (Ford), a lutté contre des problèmes d’interphone en espérant au moins enregistrer une arrivée pour obtenir des points constructeurs pour Ford. Reparti également en Rally2, Pierre-Louis Loubet a crevé dans l’ultime chrono et a choisi de s’arrêter et de changer la roue malgré la courte longueur de la spéciale.
Thierry Neuville (Hyundai) remporte son rallye devant Craig Breen et Kalle Rovanperä. Les 3 pilotes Toyota se sont battus avec acharnement pour le podium final, mais c’est le jeune pousse finlandais qui s’impose en s’offrant son premier podium WRC sur l’asphalte. Elfyn Evans et Sébastien Ogier affublés par des crevaisons le dimanche matin, ont terminé respectivement 4e et 5e.
En dépit de son classement plus favorable dans cette épreuve, Elfyn Evans perd toutefois du terrain au championnat face à Sébastien Ogier. Le français bénéficie des points bonus de sa seconde place sur la power stage face au gallois seulement 5e dans l’exercice. Ott Tänak (Hyundai) a remporté la power stage pour le 3e rallye consécutif, mais son déficit de championnat par rapport au leader français est de 75 points, peu de chance donc pour le championnat.

Photos: RedBull/Dppi/Grégory Lenormand/Pirelli

„Nous avons eu beaucoup de pression en venant ici, mais je me suis senti assez à l’aise tout le week-end“, je pouvais compter sur mon équipe, et la voiture fut parfaite. C’est un plaisir d’offrir à Martijn cette première victoire, surtout ici en Belgique.“ a déclaré Thierry Neuville.

WRC-2: Jari Huttunen le survivant

Le finlandais Jari Huttunen (Hyundai) est passé entre les gouttes pour sa deuxième victoire de la saison en WRC-2 et la première pour la nouvelle Hyundai i20 N Rally2.
Pourtant son coéquipier Oliver Solberg (Hyundai) au volant de la même voiture semblait intouchable, mais le samedi, le jeune suédois a dû se passer de la direction assistée avant que sa voiture refuse de démarrer suite à un problème électrique, le contraignant à l’abandon alors qu’il avait plus de 4 minutes d’avance sur Jari Huttunen.
Nikolay Gryazin (Volkswagen) toujours aussi rapide s’est retrouvé hors-jeu dès le vendredi en étant piégé dans un fossé. Frustré, le pilote russe est reparti le couteau entre les dents le samedi, remportant plusieurs spéciales, mais un incident mécanique le met au ralenti en fin d’épreuve. Teemu Suninen (Ford) a abandonné sur des problèmes mécaniques le samedi matin tandis que son équipier Tom Kristensson (Ford) est sorti de la route.

WRC-3 : Jamais deux sans trois pour Johan Rossel

Auteur d’une course solide, le français Yohan Rossel (Citroën) ne s’est pas laissé surprendre par les pilotes locaux très rapides sur les routes piégeuses de la région d’Ypres. Premier leader, il a su riposter du tac au tac à ses rivaux malgré une grosse performance du pilote belge, Sébastien Bedoret (Skoda), le samedi. Parti tout juste second le dimanche avec un infime écart, le pilote Citroën profite des problèmes de transmission du pilote Skoda et reprend la tête pour s’offrir sa 3e victoire de l’année avec 51“0 d’avance et une 7e place au classement général de l’épreuve. Il devance les belges Pieter Jan Michiel Cracco (Škoda) et Vincent Verschueren (Volkswagen). Le malheureux Sébastien Bedoret toutefois au pied du podium.

Photos: RedBull/Dppi/Grégory Lenormand/Pirelli