Événement majeur dans ce pays, ou les fans ont bravé les restrictions pour être au plus près des routes tout au long du parcours afin de tout leur soutien à leur épreuve désormais dans la cour des grands. Tous les principaux protagonistes du WRC ont été ravis de cet accueil chaleureux dans cette croisade croate qui le temps d’un long week-end a réservé d’énormes surprises.
Épreuve sur goudron, le rallye de Croatie offrait une certaine variation dans la qualité de la surface d’un virage à l’autre. Les équipages en poux ont été confrontés à des routes rapides, très étroites, avec des sauts, ainsi que des techniques de sections. Et pour corser le tout, beaucoup de boue et de graviers le long des routes.
L’ordre de départ de la première étant une journée déterminée par la position au championnat, a vu le très jeune sociétaire finlandais de Toyota, Kalle Rovanperä, aborder la première étape le premier ..
Mais le plus jeune leader du classement s’est complètement loupé à moins d’un kilomètre de la fin de la spéciale en s’écrasant violemment en contrebas dans les arbres après un virage serré à droite.
La disparition de Kalle Rovanperä (Toyota) a permis au belge Thierry Neuville (Hyundai) de s’illustrer d’emblée. Le champion en titre français Sébastien Ogier (Toyota) a quant à lui évité de justesse de se faire piéger dans le même virage que son jeune coéquipier et a eu la chance de s’en sortir avec une seule crevaison, qui ne lui a coûté que quelques secondes sur la courte distance jusqu’à la fin de la spéciale.
Thierry Neuville sans erreur assure son leadership en s’octroyant 3 des 4 spéciales de la boucle matinale ; il n’a pas cependant pas réussi à capitaliser sur toutes car le britannique Elfyn Evans fut le plus véloce dans la 3e spéciale.
Ce dernier finit en seconde position au terme de cette première boucle à 7,3 secondes derrière le belge et avec 5 secondes d’avance sur son coéquipier Sébastien Ogier, 3e.
La boucle de l’après-midi a incontestablement été courue plus vite avec une belle performance du sextuple champion de la spécialité, lequel s’adjugeant 3 meilleurs temps sur 4 qui lui permettent d’évincer le gallois Elfyn Evans de la 2e place dans le processus.
Non seulement le français est revenu dans les roues de Thierry Neuville, mais il a également enregistré sa 600e victoire de spéciales en WRC lors de la 7e étape.
À l’issue de cette première journée compliquée, un grand écart s’est creusé entre le trio de tête et le reste du peloton, mené par le champion 2019 Ott Tänak, au volant de sa Hyundai.
L’estonien a fait un choix de pneus peu conventionnel, en optant pour des gommes trop dures et a perdu 25 secondes en luttant constamment pour être à l’aise sur la délicate surface croate.
Son coéquipier irlandais Craig Breen (Hyundai) était également très en retard, terminant la journée encore plus loin à près de 23 secondes derrière. Ensuite, vient la bataille des Ford officielles du britannique Gus Greensmith et du débutant français Adrien Fourmaux. Elle se conclut en fin de journée par un festival du jeune élu français qui débute pourtant dans cette catégorie en remplacement du finlandais Teemu Suninen (Ford) qui évolue dans cette épreuve en WRC-2.
Le lendemain, la journée s’avère aussi délicate que la veille avec des conditions bien moins fraîches. Le soleil est omniprésent tout au long de cette 2e étape forte de 8 spéciales chronométrées.
Les Toyota sont en forme et réalisent les meilleurs chronos avec un Sébastien Ogier impérial qui prend même la tête de l’épreuve suivi de son coéquipier gallois au nez et à la barbe du pilote belge Thierry Neuville (Hyundai) affublé d’un choix de pneus désastreux, à l’image de tous les pilotes officiels de la marque coréenne. Ils ont débuté cette étape avec des gommes trop dures comme la veille, mais visiblement, ce n’était pas la voie à suivre ce samedi, comme le prouvent leurs contre-performances.
L’avance de 7,7 secondes de Thierry Neuville (Hyundai) s’est transformée en un déficit de 4,3 secondes après que Sébastien Ogier ait pris le commandement en s’octroyant une 4e victoire d’étape consécutive.
Un festival des Toyota dont participe le protégé de la marque japonaise, Takamoto Katsuta, fort d’un temps scratch. Malgré cette énorme erreur de stratégie pneumatique, le pilote estonien du team Hyundai patine à la 4e place et peine pour rattraper le déficit de la demi-minute qu’il avait cédé à son coéquipier belge vendredi. Coté Ford, à l’instar de Toyota, les pilotes ont fait le bon choix avec toujours un Adrien Fourmaux au-dessus de son coéquipier Gus Greensmith. La boucle de l’après-midi s’est avérée bien plus serrée que celle de la matinée avec cette fois des Hyundai chaussées de bons pneus. Thierry Neuville se reprend et signe d’entrée une bonne performance en reprenant même 10 secondes au leader victime d’une crevaison. Le japonais Takamoto Katsuta (Toyota) répète sa forme matinale et gagne à nouveau. Les pilotes Toyota ne paniquent pas et la belle riposte du pilote belge n’entame pas leur quiétude, ce dernier reprenait à peine 0,1 secondes à Sébastien Ogier et à peine plus à Elfyn Evans juste devant lui. Il a clôturé cette 2e journée à 10,4 secondes de la tête et à 6,9 de la 2e position.
Ott Tänak (Hyundai) occupe une 4e place solitaire, presque une demi-minute derrière Thierry Neuville et 51 secondes devant l’impressionnant débutant en WRC, Adrien Fourmaux (Ford). Gus Greensmith (Ford) qui a toutefois montré quelques éclairs est 6e devant le pilote japonais Takamoto Katsuta et Craig Breen.
Cela a laissé les trois premiers équipages séparés d’à peine par 8 secondes, avant l’épilogue. Cinquième, le néo pilote de M-Sport, Adrien Fourmaux a subi une déconvenue qui l’a coincé dans un fossé et failli ruiner sa performance incroyable dans la catégorie reine du WRC. Heureusement pour le français, les nombreux spectateurs présents sur place ont réussi à remettre sur la route sa Fiesta échouée et la minute perdue n’a pas eu d’incidence sur sa position devant la Toyota de Takamoto Katsuta.
Le juge de paix de cette épreuve est la Powerstage, avec un suspense haletant dont les spectateurs alignés sur les collines autour de cette spéciale finale, au mépris apparent des restrictions locales du Covid-19, ont pu savourer de leurs yeux.
Fonctionnant dans l’ordre inverse du classement, l’exercice de la Powerstage a permis à Ott Tänak (Hyundai) d’être le premier des grosses WRC à partir pour tenter de rattraper sa prestation insipide du week-end croate et prendre les 5 points bonus. Mais il termine 5e loin de ses espérances et derrière son coéquipier Craig Breen (Hyundai) 2e étonnement véloce dans cette ultime spéciale. Avec 8 secondes à trouver, Thierry Neuville savait qu’il devait compter sur une catastrophe chez Toyota pour gagner l’épreuve, mais il a quand même pris le taureau par les cornes, en vain, une erreur en fin de parcours lui fait perdre trop de temps pour un exploit. Sébastien Ogier (Toyota) ne se pose pas de questions, il débute cette Powerstage en avant-dernière position avec 3,6 secondes de retard sur son coéquipier Elfyn Evans. Guerrier souvent impérial dans ce jeu de bonus, le français signe le meilleur temps, mais est convaincu à son arrivée au point stop que ce ne sera pas suffisant. En tant que dernier partant avec un si faible écart, Elfyn Evans (Toyota) n’avait pas tout à fait ses nerfs sous contrôle.
Déjà aux premiers temps intermédiaires, son avance sur son coéquipier français était réduite à néant. Le gallois sous pression s’est repris, mais a ensuite commis une petite erreur de pilotage peu avant l’arrivée, ce qui lui a coûté la victoire du rallye de… 0,6 secondes.
Sébastien Ogier signe le scratch et la victoire sur cette Power Stage et colle 4″5 à Elfyn Evans, son coéquipier… Ce qui lui offre la victoire du Rallye de Croatie pour seulement 0,6 secondes ! Incroyable final ! Elfyn Evans termine donc deuxième et Thierry Neuville est sur la dernière marche du podium. Ott Tänak prend la 4e place devant un épatant Adrien Fourmaux (Ford) qui appellera sans l’ombre d’un doute d’autres titularisations en WRC. Pour Sébastien Ogier, c’est la seconde victoire de la saison 2021, après le rallye de Monte-Carlo en janvier dernier.il reprend la tête du championnat WRC devant Thierry Neuville qui enregistre son troisième podium consécutif et Elfyn Evans.
Sébastien Ogier : „Je pensais que ce ne serait pas suffisant. On dirait que ça s’est vraiment rapproché des derniers mètres, peut-être qu’une dernière erreur d’Elfyn nous a donné la victoire, mais je pense que ce week-end, toute l’équipe a fait un travail incroyable. Bien sûr, l’émotion pour nous maintenant est super forte, c’est comme si c’était une montagne russe folle pour nous ce week-end entre la crevaison (vendredi) le problème de ce matin évidemment et j’étais heureux d’être toujours dans la course honnêtement et maintenant juste pour gagner comme ça, je suppose que c’est pour ça que nous faisons ce sport, pour l’émotion.“
Elfyn Evans : „Le dernier virage ! Je viens de sortir de la piste et j’ai complètement raté le virage suivant. Je n’ai pas tout perdu là-bas, mais je dirais qu’une seconde s’est écoulée. C’est dommage, mais ce fut un gros combat tout le week-end et chapeau à Seb pour la dernière étape.“
Thierry Neuville : „Pendant tout ce temps, j’ai été absolument à la limite de la voiture et j’ai essayé de l’apprécier, ce que nous avons réussi à faire. Martijn a également fait du bon travail et ce n’était pas facile pour le copilote, je suis content d’être ici.“
Le champion de retour Mads Ostberg (Citroën) a pris un départ idéal pour la défense de son titre en remportant une victoire incontestée sur sa Citroën C3.
Le leader des points de Skoda Fabia, Andreas Mikkelsen, s’est fourvoyé dès la première journée et le plus proche challenger du norvégien tout au long du rallye, fut le rapide russe Nikolay Gryazin (Volkswagen) lequel fut constamment gêné par des problèmes techniques avec sa VW Polo avant de sortir de la route avant la Powerstage.
Une déconvenue qui laisse le finlandais Teemu Suninen (Ford) revendiquer une 2e place lointaine devant le toujours régulier pilote bolivien Marco Bulacia (Skoda).
WRC-3 : Kajetan entre les gouttes
Le polonais Kajetan Kajetanowicz (Skoda) remporte la victoire devant son coéquipier finlandais Emil Lindholm (Skoda).
Le leader français de la catégorie Yoann Rossell (Citroën), très en forme a eu quelques soucis, mais complet le podium tandis que le débutant dans la catégorie et champion d’Europe 2019, Chris Ingram (Skoda) prend la 5e place.