Le célèbre photographe brésilien, Sebastião Salgado lance une pétition urgente pour protéger les populations autochtones contre le coronavirus. Le manifeste met en garde contre un risque réel de génocide auquel sont confrontés les peuples d’Amazonie en raison de contagions causées par des envahisseurs illégaux sur leurs terres.
Avec leurs casquettes de militants écologistes, le couple Salgado adresse cette pétition, signée par des personnalités et des artistes du monde entier, directement au président brésilien, Jair Bolsonaro, aux dirigeants du Congrès et au pouvoir judiciaire. Sebastião Salgado, qui au cours de la dernière décennie a beaucoup travaillé en Amazonie, lance également un appel à travers une vidéo commentée par sa voix off en anglais, et où les visages des personnes qui ont signé la pétition sont montrés, ainsi que des photographies de plusieurs autochtones.
Il y explique que les peuples indigènes du Brésil sont confrontés à une grave menace pour leur propre survie en raison de l’émergence de la pandémie de Covid-19. Tout en rappelant que 5 siècles auparavant, ces ethnies ont été décimées par les maladies apportées par les colons européens. La pétition signée par une belle brochette de personnalités, de scientifiques d’intellectuels. et d‘ artistes du monde entier tels que Pedro Almodóvar, Meryl Streep et Mario Vargas Llosa, Madonna, Oprah Winfrey, Brad Pitt, David Hockney et Paul McCartney, Gisele Bündchen, Naomi Campbell, Yann Arthus-Bertrand, Ai Weiwei, Norman Foster, le prince Albert de Monaco, Juliette Binoche, Jean Nouvel, Sting, souligne que le président doit agir de manière responsable face aux populations les plus fragiles et doit réagir de toute urgence pour éviter une extermination programmée des peuples autochtones qui représentent „la préhistoire de l’humanité“. Sebastião Salgado espère que cette pression internationale pourra forcer le gouvernement à réagir positivement, comme cela s’est produit l’année dernière lorsque l’indignation mondiale a entraîné le déploiement de l’armée pour éteindre les incendies en Amazonie. Le Brésil est le pays d’Amérique latine le plus durement touché par la pandémie avec l’effondrement des hôpitaux, des morgues et des cimetières.
Dans tout le pays, le nombre de morts comme des personnes infectées est exponentiel et la région amazonienne est l’une des plus affectées par le coronavirus. La ville capitale de cette partie du pays Manaus, doit faire face à l’une des situations sanitaires les plus précaires du Brésil. Son système de santé publique est actuellement surchargé et sans solution à court terme, de plus, des fosses communes ont du être creusées en pleine ville pour enterrer les nombreuses victimes.
Tandis que le Covid-19 continue à prospérer dans le pays, la région amazonienne reste la plus fragilisée, et la maladie pourrait y décimer les peuples autochtones. Pourtant, la position du président Jair Bolsonaro face à ce virus est irresponsable. Ce dernier toujours droit dans ses bottes, et ce, en dépit d’un nombre incalculable de cas positifs et de décès liés au coronavirus, ne se soucie guère de l’impact de la contagion, surtout dans le bassin amazonien. Lui, adepte de solutions capitalistes, a voté récemment une loi facilitant l’exploitation de l’Amazonie. Avant son élection à la tête du Brésil en janvier 2019, les autorités brésiliennes protégeaient les tribus indiennes des chercheurs d’or, de la déforestation, de l’exploitation minière et des éleveurs de bétail….
Mais le nouveau président, favorable à l’exploitation de la forêt amazonienne, persiste, quitte à porter la responsabilité de la destruction de l’Amazonie et de ses peuples de la forêt ! Dès l’arrivée du coronavirus, le gouvernement brésilien a ordonné le retrait des fonctionnaires et de la branche policière qui veillaient sur les communautés indiennes. Un abandon délibéré qui laisse ces peuples indigènes sans protection. Dès lors, la voie est libre pour les orpailleurs, les exploitants forestiers, les pseudos sectes religieuses ainsi que les fermiers et force est de constater qu’ils ne se sont pas fait attendre. Pour Sebastião Salgado, il faut tirer le signal d’alarme, car ses invasions dans la forêt amazonienne à la fois soudaines et flagrantes doit être immédiatement stoppée. Les intrus peuvent amener avec eux le coronavirus à ces populations indiennes qui n’ont pas d’anticorps contre les maladies des villes et les maladies qui viennent d’ailleurs et ainsi sonner le glas de cette population fragile. Dans sa tribune, il demande avec véhémence, l’instauration ou la création d’une force militaire pour chasser ces envahisseurs de la terre indigène. En espérant que cette pression internationale pourrait forcer le gouvernement à le faire, comme cela s’est produit l’année dernière lorsque l’indignation mondiale a entraîné le déploiement de l’armée pour éteindre les incendies en Amazonie.
„Aujourd’hui, avec la propagation rapide de Covid-19 dans tout le Brésil, les communautés autochtones, certaines vivant isolément dans le bassin amazonien, pourraient être complètement éliminées „ selon Sebastião Salgado, qui ajoute : “ Le coronavirus s’est propagé rapidement dans tout le Brésil, condamnant les communautés indigènes les plus isolées du bassin amazonien, lesquelles n’ont aucune défense contre cette pandémie.
Les communautés autochtones n’ont jamais été aussi attaquées … Comme pour la culture, ce gouvernement n’a aucun respect pour les territoires autochtones. En conséquence, rien ne protège les peuples autochtones du risque de génocide provoqué par une infection introduite par des étrangers qui pénètrent illégalement sur leurs terres“ renchérit Sebastião Salgado, soulignant les compressions budgétaires paralysantes et le récent limogeage de plusieurs hauts responsables de l’environnement qui avaient ciblé les prospecteurs et les bûcherons illégaux.
Le photographe qui a dénoncé par ses images, le génocide du Rwanda de 1994, a averti que les 300 000 autochtones de l’Amazonie brésilienne risquaient d’être anéantis. Pour lui, quand un acte qui éliminera une population ou une partie d’une population, est approuvé ou encouragé est bel et bien un génocide…
“ Au Rwanda, c’était un génocide violent, une attaque, où des gens ont été tués physiquement. Ici, au Brésil, la violence de la contagion signifiera également la mort de l’indigène.“
Le constat du missionnaire italien Carlo Zaquini, qui a travaillé longtemps dans la communauté Yanomani est sans appel : “ Dans certains villages, je savais que la rougeole avait tué 50 % de la population. Si le Covid-19 fait la même chose, ce serait un massacre.“