Le Musée du Louvre célèbre Eugène Delacroix (1798-1863), l’un des géants de la peinture française, plus de cinquante ans après la dernière rétrospective qui lui a été consacrée à Paris. C’était en 1963, à l’occasion du centenaire de sa mort.
Une exposition richement dotée avec pas moins de 200 œuvres, dont des aquarelles, des lithographies et des travaux d’art religieux ainsi que des revues intimes. De ses prémices en 1820 jusqu’à sa mort, tout y est représenté jusqu’aux œuvres religieuses et aux paysages plus mystérieux et méconnus.
Eugène Delacroix a connu et connaît toujours une célébrité mondiale. À chaque génération, il a fasciné le public. Nombreux furent les artistes à se mesurer à son esthétique, s’en inspirant ou en prenant le contre-pied. Delacroix est cultivé et s’adonne avec passion à son art, à sa curiosité. Forçat de travail, il explore toutes les facettes de la peinture. Ses impressionnantes techniques ont même été reprises par de célèbres impressionnistes comme Cézanne et Monet.
Cette exposition dédiée au peintre français présente 200 œuvres et pas des moindres avec en bonus des estampes, des dessins et autres écrits de l’artiste. En parcourant les salles, on comprend mieux les mutations du regard qu’il a engendrés dans sa longue carrière. Eugène Delacroix, décalé et vouant un désir de reconnaissance au même titre que les grands artistes flamands et vénitiens des XVI et XVIIe siècle, est salué comme celui qui a révolutionné la peinture. Ses grands chefs-d’oeuvre ont surtout été peints dans sa jeunesse ente 1822 et 1834. Une éclosion précoce pour ce surdoué qui avait soif de revanche face à sa condition familiale.
Après avoir débuté comme apprenti dans l’atelier Guerin , dans lequel il y rencontra entre autres Théodore Géricault, le jeune Delacroix en sort avec un bagage à la fois classique et libéral. Fan de son mentor Géricault, il peindra en secret à 22 ans la commande officielle venant du ministère de l’Intérieur et destinée à la Cathédrale de Nantes, reçue par Géricault, „La Vierge du Sacré-Cœur“ sous le nom de ce dernier. Il lui sera réattribué par hasard bien plus tard en 1842.
Eugène Delacroix va au bout de ses idées et vit au jour le jour en puisant ses sources où il peut. Résultat des courses, de magnifiques et immenses tableaux très explicites comme « Dante et Virgile », peint à 24 ans, « Les massacres de Scio », sur les tueries de civils grecs par les Turcs., et surtout l’incontournable « La liberté guidant le peuple ». Des œuvres grand format qui sans commande préalable l’ont ruiné. Mais fin stratège, lui-même sait, dès cette époque, jouer de tous les moyens mis à sa disposition pour construire sa carrière.
Les collectionneurs prennent sa défense, et les collections royales achètent ses grands tableaux et lui ouvrent la porte du musée des artistes vivants au Luxembourg, vraie antichambre du Louvre et le place au premier plan de la scène artistique.
Maitrisant à merveille les couleurs, ses tableaux dégagent une certaine sensualité dans leur liberté. Tout est teint par les pinceaux de Delacroix, la couleur, la texture et l’expression.
Experimentaliste avide, le peintre français est obsédé par la lumière et la couleur. Pour capturer la clarté unique de la peau, il peignait des modèles mixtes et au lieu de peindre en vert, il peint deux points (un bleu, un jaune) l’un à coté de l’autre pour laisser l’œil du spectateur faire le reste. Une technique intéressante qui fera des émules parmi les peintres.
De la peinture historique aux paysages, des portraits aux sujets religieux, Delacroix n’a pas de limite, il expérimente tout : il peint des nus, des sujets orientalistes (Femmes d’Alger dans leur appartement), des animaux, des sujets religieux, de grands décors baroques pour les palais de la République et pour le Louvre, et même des natures mortes avec d’étonnants bouquets de fleurs… Il exploite largement toutes les facettes de son art tout en s’adonnant à une autre passion l’écriture. Ses talents cachés d’écrivain lui donnent la force d’exprimer ses envies dans des livres bien écrits.
Dans l’exposition, on retrouve aussi son journal intime, qui conte ses amitiés fécondes avec George Sand et Frédéric Chopin et son admiration pour Shakespeare et les pièces de théâtre.
Dans les années 1850, il se consacre davantage aux paysages, comme par exemple, les falaises d’Etretat ou un coucher de soleil sur la mer à Dieppe. Peu connues ces tableaux ont été surtout conservés dans des musées étrangers. En 1832, lors d’un voyage au Maroc, il réalise des aquarelles et de merveilleux carnets de croquis. Pionnier du courant romantique, les lithographies du peintre Illustrent à merveille le rôle joué par le théâtre. Pourtant, ces estampes furent boudées par le public.
Eugène Delacroix est l’un des peintres le plus célèbres et les plus prolifiques de l’art français. Chef de file du romantisme et engagé, ses toiles colorées mettent en valeur ses sentiments du moment. Capable de passer du „coq à l’âne“ sans calculer, sa capacité d’adaptation est telle qu’il peindra plus de 800 tableaux et d’innombrables dessins au cours de sa vie. Reconnu dans le monde entier pour son gigantisme et son tableau iconique, „La liberté guidant le peuple“ ou „Liberty Leading the People“, qui a honoré les timbres-poste et les billets de banque en France et qui siège au Musée du Louvre au côté de la Joconde. On ressent lors de cette rétrospective toute la détermination de ce maître au processus créatif permanent mais aussi sa part de mystère. Son travail se situe dans ce rapport difficile entre le réel et l’imaginaire dans son observation.
La rétrospective de Delacroix se déroule jusqu’au 23 juillet au Musée du Louvre de Paris
Billet unique (collections permanentes et expositions) : 15€ sur place.
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 9 h à 18 h. Nocturnes les mercredi et vendredi jusqu’à 21h45.
Renseignements :
01 40 20 53 17