Le pilote Yamaha Valentino Rossi, a fêté son 40e anniversaire la semaine dernière. A une époque où la plupart de ses contemporains ont longtemps raccroché le cuir, le nonuple champion du monde ne montre aucun signe de ralentissement et cherche toujours un 10e titre mondial insaisissable. La campagne 2019 marquant le 10e anniversaire de son dernier succès au championnat, pourrait lui apporter cette chance.
Pour le prodige italien, la perte des titres qu’il aurait dû gagner renforce sa motivation et son âge n’est pas un problème pour lui. Après ces explications, Valentino Rossi a surtout évoqué sa défaite dramatique en 2006 face au défunt pilote américain Nicky Hayden, suite à une chute en course lors l’épilogue espagnol de Valence. Un revers qu’il n’a en fait pas encore digéré.
„Gagner 10 titres est un rêve auquel je crois toujours, mais c’est aussi un grand regret, car je pense que je le mérite“, a déclaré le champion lors d‘ une interview à l’occasion de son 40e anniversaire. En ajoutant: „J’ai perdu deux titres à Valence dans la dernière course en 2006 et plus récemment en 2015, et j’ai également aussi été finaliste à plusieurs reprises en 2000, 2014 et 2016. Je pense alors que ma carrière mérite au moins dix titres. C’est l’une des raisons de mon aussi opiniâtreté. „
Il revient aussi sur ses choix de changements d’équipes et de machines plutôt que de rester à continuer sa moisson chez Honda, sans toutefois regretter, hormis peut-être son manque de réussite chez Ducati. Quoi qu’il en soit, malgré son âge, „le Doctor“ n’a pas négligé la possibilité de signer un nouveau contrat pour courir au-delà de 2020. Pour ce prodige accro à la vitesse, il n’y a aucune chance qu’il tourne le dos à un contrat mirobolant d’une dizaine de millions d’euros par an avec l’équipe Monster Yamaha. Tous pensent que son contrat actuel avec Yamaha serait le dernier, mais l’intéressé reste évasif et attend les saisons à venir avant de se prononcer. Cepandant, il annonce : „J’ai beaucoup d’envie et j’ai encore deux années qui pourraient être les dernières, mais rien n’est moins sûr.“ Valentino Rossi surfe plutôt sur ce flou afin de prouver à ceux qui pensaient qu’il aurait dû prendre sa retraite depuis longtemps, qu’il est toujours compétitif. Il y a une dizaine d’années, après ces 5 titres, beaucoup estimaient que le pilote italien était arrivé au crépuscule de sa carrière, mais que nenni, avec deux titres supplémentaires et une présence toujours en haut de l’affiche aujourd’hui, le phénomène Rossi est bel et bien là.
Des statistiques impressionnantes, avec une carrière en mondial qui s’étend sur 22 ans dans laquelle il a remporté les titres 125cc, 250cc, 500cc et plusieurs de MotoGP. Des débuts courageux, de par sa grande taille, le jeune Valentino ne pouvait pas s’intégrer parfaitement dans ses Aprilia RS125 et RS250, soulevant ses fesses sur la bosse du siège arrière alors qu’il tentait d’aplatir son corps sur le réservoir de carburant dans les lignes droites. Il a connu le pilotage des difficiles 500 cc avec succès avant de s’intégrer aux nouvelles MotoGP toujours avec brio. Sa domination sans partage dans les premières années du MotoGP a poussé les constructeurs à trouver des réponses pour mettre un terme à sa marche victorieuse et indirectement de nouvelles technologies et un développement digne de la formule 1 furent leur apparition. Mais loin de stopper le fantasque champion, car ce dernier fait preuve d’une faculté d’adaptation impressionnante. Seul bémol dans sa quête de victoires : son passage chez Ducati. Pourtant ce duo italien diabolique était donné gagnant. Mais le pilote iconique a eu toutes les difficultés à comprendre sa monture et hormis quelques places d’honneur, sa désillusion fût énorme.
Depuis ses premiers tours de roues sur un circuit de championnat du monde, il y a 23 ans, Valentino Rossi a conquis les admirateurs et capturé les cœurs avec son sourire effronté avant chaque course et ses facéties après le devoir accompli. Un regard pétillant qu’il porte toujours lors des conférences de presse et des apparitions publiques. Mais derrière cette attitude joviale, il y a un homme motivé par un seul objectif : gagner. Redoutable psychologiquement, il en profitait aussi au détriment d’autres coureurs, dans des bagarres virils en course. Les Sete Gibernau, Casey Stoner et autres l’ont appris a leur dépens. Jouer aux jeux de l’esprit est son fort, bien que beaucoup disent qu’il est adouci par l’âge. Il n’a pourtant pas peur d’appeler un chat un chat notamment en critiquant sa propre équipe, Yamaha, pour sa régression au cours des deux dernières années. Il profite aussi des conférences de presse pour tacler ses rivaux avant de recourir à des réponses diplomatiques. Une guerre psychologique qu’il sait gagner et paradoxalement le public le suit dans ses controverses. Très à cheval sur la sécurité, lui qui a perdu de nombreux amis en course, milite pour améliorer les pistes et les équipements. Une trace indélébile restera à tout jamais graver dans sa mémoire, cette tragédie personnelle en Malaisie ou il n’a pu éviter son copain Marco Simoncelli, champion du monde 250cc, tombé juste devant lui. Écrasé par sa moto et celle l’américain Colin Edwards, le jeune espoir italien a succombé des suites de ses blessures à la tête, un vrai désastre dans la vie de Valentino. Pour cette nouvelle saison, les cartes sont redistribuées mais son abnégation est indéfectible à 40 ans. Fin prêt à gagner des Grands-Prix, cette „bête de course“ sera toujours au rendez-vous le dimanche afin de poursuivre sa chasse victorieuse. Même avec une carrière déjà bien remplie, Valentino Rossi reste le passionné de ses débuts, et continuera à chercher la gloire sur l’asphalte tant qu’il le pourra.
Certains naissent avec un ballon collé au pied, d’autres avec un guidon dans les mains. Valentino Rossi a une place d’honneur dans la seconde catégorie. Né à Urbino et vivant dans le village italien de Tavullia, en Emilie Romagne au nord d’Ancône, le fils de Graziano Rossi (ancien pilote professionnel des années 80) faisait de la moto presque aussitôt qu’il pouvait marcher. Fidèle à ses fans, et reconnaissable par son numéro fétiche 46 de couleur jaune fluo, il n’a pas d’égal dans la moto. Effet „boule de neige“ de ses succès en piste, et surfant sur une aura incroyable, il crée sa marque et fonde un véritable empire autour du VR 46. Il devient par voie de conséquence, le plus grand employeur de Tavullia avec pas moins d’une centaine de personnes directement employées par ce pilote-patron dans une série d’activités comprenant un magasin de produits dérivés, une pizzeria, une gelateria, une bottega et un bar, dont les postes clés sont occupés par ses amis proches.
Le numéro 46 emblématique de Valentino Rossi domine l’horizon dans le village de Tavullia. Des drapeaux portant «VR 46 » ornent chaque rue et le conseil municipal a même réduit la limite de vitesse de 50 km/h à 46 km/h en l’honneur de son héros local. Par ailleurs, il a créé à proximité une académie de pilotes dans un espace baptisée VR46 Motor Ranch. Un espace de jeu comprenant une piste de terre longue de 1,5 km et de nombreuses structures afin de vivre moto. Les teams VR46 Moto2 et Moto3 de Valentino Rossi ont élus domicile dans cette enceinte qui constitue aussi la base de l’académie. Ce ranch est également la pierre angulaire du business énorme du merchandising de Valentino Rossi, qui a généré rien que l“année passée plus de 20 millions d’euros de marchandises portant le nom de l’italien.
En 2018, les intérêts commerciaux de Valentino Rossi dans la moto ont engendré un chiffre d’affaires de près de 30 millions d’euros, sans compter son contrat annuel avec Yamaha et son parrainage personnel.
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