L’exposition „Körpernebel“ de Pierre Joël

L’exposition „Körpernebel“ de Pierre Joël

Imaginez, où que vous soyez, des images de nudité, de sexualité, de comportement bestial qui vous assaillent et ne vous lâchent plus. Dans notre société actuelle, la nudité et la sexualité sont devenues des marchandises dénuées de sensualité et de poésie. A force de manger du „fastfood“, on s’habitue et on n’arrive plus à discerner les plats raffinés. Il en va de même avec la nudité et le sexe.

Imaginez-vous maintenant dans un cocon, avec une autre personne nue en face de vous. Des raies de lumières traversent ce cocon, se reflètent sur certaines matières, créent des ombres à travers d’autres matières. Admirez la nouvelle dimension donnée aux corps en face de vous, cette sensualité, cette poésie qui créée le désir en vous. La nudité et le sexe sont devenues une œuvre d’art qui donne envie de les découvrir autrement.

L’univers a été créé à partir du néant, tout était noir puis est apparu la lumière. Il en va de même dans mon travail photographique, je pars du noir pour illuminer des éléments (souvent des parties du corps), et ainsi, créer des ombres et affiner des contours. La question est toujours (qu’est ce) ce que je veux voir et comment je veux le voir.

L’œuvre doit être aboutie au moment de sortir de l’appareil photo, avec ses qualités et ses défauts, car souvent dans mon travail les défauts subliment l’ensemble de l’œuvre.

Avec les technologies actuelles, la photographie montre des images fausses et aseptisées. Souvent le résultat final ne correspond plus à la scène vue par le photographe. La retouche excessive donne une esthétique fausse de l’image et trompe le spectateur.

Dans mes œuvres je veux respecter l’imperfection de ce monde, laisser l’image telle quelle, montrer les défauts des corps, je veux une poésie du réel et pas une poésie du fictif. Depuis mon plus jeune âge, le sexe était un tabou. Plus on me disait que „c’est sale“, plus il m’attirait. Mon attirance en est venue à un point où je n’ai pas envie de le salir, mais plutôt de le magnifier. Mon esprit voyeur  (photographique) fait le reste.

Quel plaisir d’être avec une partenaire, de la regarder bouger, se poser, insinuer quelques gestes érotiques, montrer sans montrer. J’ai appris à observer, mais pas seulement en face, plutôt un regard détourné au travers de jeux de miroirs ou au travers de matières.

Je m’accorde à voir le sexe autrement, à l’apprécier autrement. la poésie raconte des histoires, sublime le réel. „Jouer“ avec le sexe est devenue la pierre d’angle de mon œuvre. Créer des ombres, voir son reflet dans différentes matières, le mettre en scène sous différents angles, je suis le metteur en scène, le corps nu et les reflets sont les acteurs. Ce qui était „sale“ dans mon enfance est devenu beau. Les tabous n’en sont plus, et même si ils interpellent ou „choquent“, ils font partie de l’œuvre et lui donne toute sa dimension.

L’image que je donne au corps féminin, et plus particulièrement à son sexe est emprunt d’une telle mise en scène et poésie qu’il décourage le voyeur « pornocrate ».

La mort est quelque chose qui a beaucoup marqué ma vie, et par delà, mon art. Jusqu’à mes 20 ans j’avais une peur maladive de la mort. La moindre scène de meurtre dans un film me faisait faire des cauchemars. Puis, après le décès de ma grand-mère, bizarrement la mort a commencé à m’intéresser. Pas de manière morbide, mais plutôt un questionnement sur l’esthétique de la mort et du squelette. Ainsi j’ai commencé à intégrer la figuration de la mort, par un crane généralement, dans mes photos. J’ai un attrait tout particulier pour opposer la jeunesse, la beauté et le sexe, à la mort.

je me situerais entre la „Photographie subjective“, „l’Expressionnisme“ et la „vanité“.

Tout en voulant montrer une image réelle, tel que mes yeux la voient, l’image finale paraît être retravaillée, floutée, déformée par les effets spéciaux que je mets en œuvre lors de la prise de vue, telle une allégorie. Mes photos sont souvent des mises en scène, telles des natures mortes avec parfois un rappel à la mort.

Il y a de nombreuses façons de communiquer, moi j’ai privilégié l’image. Mes photos racontent une histoire, mais elles parlent aussi de moi, mes questions, mes peurs ou mes joies. Laissez vous imprégner par cet univers décalé et créez votre histoire au travers de mes photos.

exhibition „Körpernebel“ by Pierre Joël

vendredi 15 décembre à 19:00 – 0:00

du 15 décembre à 19:00 au 16 décembre à 0:00

Anomalie Art Club

Storkower Strasse 123, 10407 Berlin