Le jardin des Tuileries à Paris s’est métamorphosé pour accueillir la nouvelle collection automne/hiver de la maison Dior. Dans un style visuel sophistiqué Maria Grazia Chuiri revient sur l’esprit des années 70 pour présenter la marque comme consciente et engagée. Dernièrement, la maison Dior s’est associé au Musée du Louvre pour financer une restauration quinquennale du jardin des Tuileries. La somme allouée pour ce mécénat n’a pas été révélée, mais quand on voit que la fashionxeek de Paris s’ouvre en grand avec le nom Dior arborant une structure temporaire de la taille d’une gare provinciale au centre de l’un des parcs publics les plus anciens et les plus élégants de Paris, tout laisse à penser que la somme est relativement importante.
Christian Dior aimait les fleurs et la nature, sa source d’inspiration sera la tulipe pour ses motifs vestimentaires et la bonne odeur du muguet dans ses bouteilles de parfum Diorissimo. Mais au 21e siècle, la maison qu’il a fondée diffuse ses affections à plus grande échelle. La mode est désormais bien plus grande que les simples vêtements et Dior, l’une des marques les plus puissantes du moment, a à la fois l’ambition et la puissance économique de revendiquer une place à la table dans des conversations allant du féminisme au changement climatique. Aux côtés de son camarade de classe Louis Vuitton, LVMH l’a bien compris et grâce en partie à Dior, la belle croissance du groupe a augmenté avec un chiffre d’affaires à 38,4 milliards d’euros au cours des neuf premiers mois de 2019.
La créatrice Maria Grazia Chiuri a pour cette collection adopté un style visuel beaucoup plus sophistiqué, présentant la marque Dior comme une identité consciente et engagée, axée sur la valeur des identités qui plaisent aux consommateurs modernes.
Dès le commencement avec le mot «consent» (consentement en français) en lettres géantes clignote au-dessus de la passerelle, et ce, au lendemain de la condamnation pour viol de Harvey Weinstein… Un hasard ?? Toujours est-il que Maria Grazia Chiuri a précisé que „consentement“ est un mot important pour l’instant. Coutumière du fait, elle aime que ses shows soient une tribune pour faire des déclarations ouvertement politiques. Sur les autres illuminations, on pouvait lire „le patriarcat tue l’amour“ et „L’amour des femmes est un travail non rémunéré“. Dans ce bel espace de spectacle éphémère conçu en collaboration avec Claire Fontaine, un collectif d’art travaillant sur les enseignes au néon, symbole de la forme de commerce la plus directe et qui, dès la porte, inscrit un mystérieux message : „I say“. Des installations lumineuses çà et là ou prônent des messages forts et poignants comme “ consent “ ainsi que des courtes „féminine beauty is ready made “ et „women raise the upraising „.autant de formules visant à soutenir l’égalité femme-homme, et le combat climatique..
Silhouettes d“écolières, foulards en bandana et t-shirts marqué, les mannequins évoluent sur un podium tapissé de pages du journal Le Monde, inspiré du fameux portrait d’Henri Matisse de 1949 dessinant dans son atelier et immortalisé par le photographe Robert Capa. Le collectif Claire Fontaine a adopté le sol en coupures du journal comme un symbole de la façon dont le bruit du monde extérieur affecte le monde de l’art. „Consent“ est un mot important, en particulier après le phénomène Me Too “ a déclaré Maria Grazia Chiuri.
Dans les coulisses, le moodboard de Chiuri célébre les femmes fougueuses des années 1970 de Bianca Jagger en tailleur-pantalon aux photos de l’album de famille de la mère de Christian Dior en foulard et jean évasé. Le premier modèle sur le podium est grimé d’une coupe de lutin . D’autres avaient des écharpes enroulées autour de leurs longs cheveux. Ils portaient des tailleurs-pantalons de Bianca Jagger, des gilets et casquettes de garçon boulanger d’Annie Hall, des débardeurs et des fusées éclairantes, des ponchos et des beaucoup de franges. Les six premières tenues du défilé : un tailleur-pantalon, une combinaison, une robe et l’incontournable combinaison midi-jupe et blazer de Dior. Les mannequins ont toutes un sac en bandoulière ainsi que de l’iconique veste Bar. Ces multiples combinaisons donnent des looks imposants, mais néanmoins élégants. Les franges sont foisons avec des motifs carreaux et pois sous toutes les formes directement issus des archives maison. Un bel écho à l’émancipation par la mode vécue par la directrice artistique dans les années 70. Une période de libération de la femme qui revient sur le devant de la scène ici, avec un défilé de foulards en soie, des franges, des carreaux de couleur orange et marron et des bottes en mouton retourné. Les doudounes Dior assorties à d’autres vêtements font aussi partie des looks dans cette collection automne-hiver
2020/2021.
Dans les coulisses, la maîtresse de maison a déclaré „les années 1970 étaient le seul moment où les femmes voulaient se représenter et être fidèles à elles-mêmes, plus qu’à la mode“. Pour elle, la silhouette a toujours été au centre de la maison Dior, car le couturier se considérait comme un architecte. „Toutefois, une silhouette ne fonctionne pas pour toutes les femmes.“ Affirme t-elle.