C’est un spectacle exaltant dans une Maison de Verre éphémère construite au pied de la tour Eiffel à la fin de l’escalier du Trocadéro avec une mise en scène très années 80 qui fut proposé par Anthony Vaccarello directeur artistique de Yves St Laurent pour lancer sa collection automne/hiver 2019/2020. Sa vision des femmes glamour est mise en valeur dans ce show à thèmes ou le „Tout Paris“ s’est donné rendez vous ce mardi soir.
Anthony Vaccarello, le designer belge de la maison Yves St Laurent a illuminé la passerelle parisienne avec des néons des années 80. Une période où les noctambules du monde de la mode qui émergeaient seulement après 20 h 00, faisaient toujours fait appel à Saint-Laurent pour se faire remarquer. Il était donc normal que ce gigantesque défilé de la maison Yves St Laurent au Trocadéro à Paris, leur soit dédié.
Dans ce contexte, le designer maison a dévoilé une collection qui fera tourner les têtes, à la fois sur le canal habituel de la mode que sur les médias sociaux. Une reconstitution de club parisien ou il faut soigner son allure pour espérer obtenir le ticket d’entrée comme la file d’attente ou des têtes bordées de borsalinos colorés et des nuques de boas à plumes ainsi que des femmes en short, le dos juste couvert par des boléros à manches longues sans bouton patientent en musique. Certes, il n’y avait rien de subtil dans les robes de cocktail aux couleurs fluorescentes et lumineuses qui ont attiré les regards et qui ont donné à la performance de ce défilé de Saint-Laurent un final spectaculaire : les mannequins montaient sur scène, encadrés dans un contexte kaléidoscopique de miroirs et de projecteurs rythmés par une sono entraînante. Les lumières noires UV accentuaient les couleurs néon qui couvraient des talons aiguilles et des lunettes de soleil lumineuses pour faire briller les plumes de marabout sombres. En revanche, si les tenues de soirée phosphorescentes fournissaient un moyen infaillible de faire une entrée fracassante en attirant les créatures les plus éclatantes du monde du luxe comme des papillons de nuit, ce n’était pas la seule proposition d’Anthony Vaccarello pour le glamour de l’ombre. Le spectacle a en fait commencé avec une tenue très différente pour la soirée : une combinaison plongeante de smoking en satin noir associée à un énorme manteau à épaulettes capable de remplir n’importe quelle pièce dans laquelle une femme ainsi vêtue déambulerait. Cette silhouette inspirée des années 80, attribuée à l’esprit libéré des muses de longue date de la maison que sont, Betty Catroux, Bianca Jagger et Catherine Deneuve, s’est traduite de bout en bout depuis le short de cocktail structuré jusqu’au blouson boléro en brocart. Les robes, elles aussi, ne manquaient pas, quoiqu’elles fussent presque toujours courtes. Un classique de la marque en somme, du jupon de tutu aux cuisses hautes jusqu’à des bouchons à manches bouffantes asymétriques parsemées de paillettes, elles restent toutes superbes.
Sans oublier la veste emblématique du couturier qu’est le fameux Smoking qui reste un incontournable dans ses défilés. À noter également des costumes en satin blanc pur et des vestes de trophée incrustées de cristaux, ainsi qu’une combinaison de styles XXL en noir classique qui, portée comme une robe, était l’un des looks les plus captivants de la nuit.. En affinant sa vision des femmes glam rocker plutôt que de trouver une nouvelle voie pour la maison dans le cadre du patrimoine YSL. Anthony Vaccarello semble avoir pris plus de risques à la fois pour évaluer ce patrimoine et pour adapter la forte empreinte de mode à la création d’une nouvelle silhouette et de nouveaux produits. Les trois premiers looks du spectacle, un manteau long en laine de feutre gris avec un pantalon en satin noir et un chemisier en satin noir, ou un pantalon en laine en feutre camel avec une robe courte en laine noire, ont ouvert la voie à une collection de thèmes avec de larges silhouettes aux épaules. Cet accent mis sur la couture, l’un des héritages d’Yves Saint-Laurent depuis que le couturier légendaire fut le pionnier des tailleur-pantalon pour femmes afin de les libérer du patriarcat masculin, a donné au spectacle l’étincelle de sophistication qui lui manquait. Ceci est illustré dans un tailleur-pantalon blanc avec un large revers et un baudrier noir autour de la taille. Une robe brodée de fleurs rouges à finitions gonflées, une robe courte à manches longues laminées brillantes noires ou une simple robe fourreau noire avec un nœud à pois en soie illustrent parfaitement ces looks. Sans oublier pour autant les robes très courtes qui assurent un look super sexy. Il y avait encore une bonne quantité de shorts accordés avec des blousons à franges, les pantalons cigarette sont eux associés à un chemisier en soie.
Le maillon faible de ce défilé était la collection homme. Les vêtements pour hommes ne présentaient guère d’évolution. Le jean slim ajusté noir combine toujours avec les vestes en cuir de même que les manteaux et blousons en velours perlé qui n’ont pas changé. Une collection masculine qui semble avoir survécu à leur cycle de la mode. Dommage que ces vêtements pour hommes n’aient pas reçu le même « traitement à l’épaule » que ceux des femmes. Comme prévu, à la fin, une partie entière du spectacle a été réalisée sous des lumières noires, les modèles marchant derrière une cloison en verre, de sorte que seules certaines parties réfléchissantes de leurs vêtements et de leurs chaussures soient visibles par le public.