Ludique et coloré, le spectacle du défilé d’automne/hiver 2019/2020 d’Issey Miyake sous la verrière du lycée Carnot de Paris fut grandiose. Un défilé animé par le chant et la musique atmosphérique de la chanteuse et compositrice japonaise Hiroko Sebu accompagnée de son clavier korg. Et c’est et sous cette sonorité atypique, que les mannequins défilent dans des duos assez symétriques vêtus des dernières interprétations de tissus et de silhouettes innovantes du designer maison : Yoshiyuki Miyamae.
Coutumière du fait, la maison japonaise est toujours en recherche de nouveaux tissus comme par exemple, ce fameux tissu sculptable „dough dough“ à mémoire de forme très présent dans ses manteaux ses paletots et ses blousons à cols géants modelables.
Pour cette dernière collection Yoshiyuki Miyamae joue avec les volumes et les textures faisant en sorte que les hauts, les jupes et les manteaux apparaissent multidimensionnels. De nombreux manteaux XXL, de forme trapezoidals associés a une écharpe confirme une certaine modernité de la silhouette. Les plissés de la créatrice sont eux apparus dotés d’un graphisme triangulaire en 3D dans des tons éclatants avec un vrai parti-pris sur la légèreté. La texture star „dough dough“ est bien sûr omniprésente ainsi que le costume. Celui-ci est décliné avec des ensembles trois pièces dont certains se conjuguent avec un pantalon large au style „sarouel“ et un sweat plissé coloré. En outre, pour la ressemblance kaléidoscopique, certaines créations ont été réalisées avec un nouveau tissu „Blink“ imprimé en résine.
Le premier couple de looks a présenté le tissu inventif flexible à mémoire de forme d’Issey Miyake. Les pièces grises étaient constituées de fibres similaires à de la laine. Les imprimés audacieux en noir et blanc ressemblaient à du Pop art imaginatif. De loin, il était même difficile de distinguer la silhouette tant le motif est fort. Les couples qui passent et repassent devant les photographes avant de se séparer vers les angles tangents de la salle. Un parcours bien balisé entrecroisé de triangles intelligents dont la signification est devenue claire par la suite. Les premiers looks étaient des couples portant manteau et jupe en „dough dough“, suivait après toujours des duos aux vêtements sculptés, mais sous différentes formes afin de montrer toute leur versabilité. La suite est différente avec des manteaux et des robes dans une sorte de gris-sur-gris aux de motifs Docteur Who Tardis avec aussi une belle vision des plis élancés en accordéon de Miyake, dont le motif monochrome ressemble aux touches du synthétiseur Sebu nettement exagéré pour la cause. Le vêtement extensible et texturé qui avait l’air sculpté et géométrique surtout dans les cols était un hommage discret à l’emblématique et très contrefait sac Bao Bao. Son panneau a été adapté et allégé pour donner lui donner l’apparence d’un tissu synthétique, légèrement pressé à la chaleur avec une grille triangulaire (une certaine corrélation avec cet étonnant tracé de piste équilatéral). En costume de marine, noir ou blanc, ou en différents looks multicolores et volumineux de plus en plus ensoleillés avec parfois des formes légèrement banales, les mannequins vont et viennent sans pause. Deux longues robes dans des panneaux encadrés de plis techniques multicolores rebondissaient comme un Slinky sur une cage d’escalier raide alors que leurs modèles sillonnaient les courts, avant et arrière. Les manteaux aux imprimés colorés ainsi que les hauts à manches longues dispose de cols larges ou hauts. Le pantalon est ample, en leggins ou raccourci au-dessus de la cheville. Le classicisme est aussi présent avec des apparences entièrement noires qui prouvent qu’il y a de la poésie dans les couleurs les plus élémentaires. Ici, les textiles noirs viennent de belles textures et sont ont mis en valeur de façon surréaliste sur les modèles. Le final fut un superbe florilège de couleurs vives résolument inspirées par les années 80. Presque néon, des violets saturés, des verts, des jaunes et des bleus ont illuminé la passerelle du lycée Carnot afin de satisfaire la grappe de photographes présents qui n’en demandait pas tant.