Miuccia Prada célèbre le pluralisme et la complexité des identités féminines avec une collection pleine de citations et de références. Dans ce défilé, elle casse les codes acquis de la sensibilité féminine
Ce fut l’un des shows les plus attendus de la semaine et sans doute, de toute la semaine de la mode.
C’est au cœur de la Fondation Prada au n° 2 de Largo Isarco, dans l’espace Deposito qu’une arène psychédélique fut élaborée. Le décor conçu par le studio d’architecture OMA de Rotterdam permettait au public d’être situé au-dessus du podium de ce complexe aménagement. La marque phare du prêt-à-porter italien a présenté son concept de mode à la fois surréaliste et glamour..
Pour inaugurer le podium, un environnement de miroir délimité par des distorsions graphiques et dominé par une statue stylisée représentant l’Atlas Farnèse de la mythologie grecque. La bande son du spectacle électro et sensuelle de Frédéric Sanchez, accompagne d’emblée la première flopée de mannequins qui défilent comme de superbes femmes éclectiques puissantes en vestes ou manteaux croisés et en jupes à franges. La créatrice Miuccia Prada se lance dans un jeu de citation raffiné où l’esthétique hippie rencontre le glamour des années 1920 et ou l’univers sportif se laisse contaminer par de délicates transparences. „Une réflexion sur la force des femmes et un accent mis sur l’autorité innée que l’on trouve dans ce qui est intrinsèquement féminin“
Comme en témoignent les vêtements d’extérieur rembourrés d’où jaillissent les liens de couleur unis, les robes impalpables avec plastron brodé portées avec des vestes aux épaules importantes, le gilet en peau de mouton maxi décliné dans de jolies nuances. Les couleurs sont extrêmes et vont de l’échelle de gris austère aux tons saturés de fuchsia, rouge écarlate, bleu électrique, soulignant la tacticité des textures et le dynamisme des silhouettes. Un mannequin traverse l’espace vêtu d’une jupe mi-mollet fendue sur l’arrière des cuisses, d’une veste au cordeau, d’une chemise sans manches boutonnée sous le menton, une cravate et des talons en vernis rouge. Sa coiffure aux longs cheveux élégamment coupés droit tracent une ligne implacable sur le dos. Les silhouettes se croisent avec des configurations à la fois davantage fantasques et oniriques.
Les blouses d’organza, les tulles superposés à des collants et brassières, les robes flapper aux franges de perles et aux cristaux et celles aux couleurs pastels rebrodées se mélangent allègrement comme le veut la tendance du “ vivre ensemble “
„Les vêtements reflètent le pluralisme et la complexité des identités féminines, des femmes qui incarnent de multiples idées de soi en un seul instant“, explique Miuccia Prada. „En défiant toute catégorisation simpliste, ils reflètent la relation toujours fluctuante des femmes avec leur identité.“
Les accessoires ne sont pas en reste avec cette collection automne/hiver, ils jouent un vrai rôle dans cette auto-représentation féminine. Les minaudières, compactes et géométriques, se portent en ceinture, pendentif ou bracelet en remplaçant les bijoux, tandis que les fourre-tout indubitables brillent par leurs couleurs.
Pour être complet et parvenir à l’uniforme de beauté en parfaite adéquation, les chaussures contribuent aux looks : des escarpins à bouts carrés à sangle contrastée et petit talon aux bottes de moto, en passant par les bottes de combat à haute semelle débardeur et les sandales à bande à talons épais.
Miuccia Prada a le don pour cerner les attentes de femmes et n’a pas son pareil à déconstruire tous les stéréotypes associés à la féminité pour déboucher à des collections magnifiques qui interpellent à chaque fois.