Sebastião Salgado, photographe professionnel depuis 1970 est brésilien originaire d’une région rurale du centre du Brésil. Économiste de formation, il se tourne à 30 ans vers la photo qui le passionne plus que les études de marché. Ce changement de vie sur le tard, le photographe l’a construit en France, où il a fui la dictature militaire du Brésil.
Il intègre successivement les agences photographiques Sigma (1974-1975), Gamma (1975-1979) et Magnum (1979-1994) et au cours d’une carrière de quatre décennies, il a couvert des guerres, des révolutions, en témoignant par ses clichés des horreurs liés aux aberrations de la mondialisation et aux humains. De la famine à la pauvreté, des déplacements de population de communautés exploitées ou vulnérables, aux paysages ravagés rien n’échappe à l’œil de Sebastião Salgado qui en parcourant plus de 100 pays témoigne d’une certaine misère de l’humanité.
Dans les années 1990, Sebastião Salgado avait photographié le génocide au Rwanda qu’il a couvert, et face aux horreurs liées à cette barbarie, dont il est indirectement impliqué, il perd pied et tombe en dépression avec ces scènes qui passent en boucle dans sa tête. Sa confiance en l’humanité est consumée “ je savais que cela serait la dernière fois de ma vie, j’ai me suis senti mourir, mon corps a commencé à être malade „ décrit-il à cette époque.
Après quelques années au „vert“, Sebastião Salgado s’intéresse au développement durable. Il fonde avec sa femme Leila une organisation environnementale dédiée à la Vallée de la rivière Doce, au Brésil nommé Instituto Terra, grâce à laquelle ils reboisent une région avec plus de 2,5 millions d’arbres pour faire renaître cette terre condamnée à mourir. Parallèlement, il reprend goût à la vie avec des envies de projets dantesques et lance une ébauche baptisée Genesis sur la splendeur de la nature mondiale. Un virage à 360° qui va durer huit ans dans la nature, une sorte de thérapie de travail dont le photographe brésilien profite pour se réconcilier avec sa passion photographique.
Pour Genesis, le trip de Sebastião Salgado fut sans limites. Il parcourt les déserts, les pôles ainsi que tous les grands espaces vierges de la planète, avec en point d’orgue, la recherche de terres intactes et de peuples vivants naturellement et simplement comme aux origines du monde. La rencontre avec certaines populations qui ont conservé un mode de vie traditionnel l’ont fasciné, comme une certaine interaction avec les animaux sauvages, les végétaux et les minéraux. Pour lui tout est lié et le monde moderne l’oublie vite. En capturant les paysages et Indiens d’Amazonie, tribus de Papouasie, otaries des Malouines ou volcans des Galápagos en noir et blanc, le résultat est exceptionnel dans une esthétique à la lumière théâtrale dont l’exotisme n’a pas son pareil. L’exposition de son travail définie son esthétique photographique en la matière. Son intérêt pour la nature s’en ressent, il s’était concentré sur une certaine manière de prise de vue pour mettre en valeur la beauté des lieux. Le travail de Sebastião Salgado pour Genesis aura finalement embrassé à la fois le photojournalisme et l’art avec des clichés plus profonds et sur une période plus importante.
„Ce qu’on voit ici, c’est la partie de la planète qu’on a l’obligation de préserver“ Sebastião Salgado.
L’exposition Genesis présente près de 60 de ces plus beaux clichés „GENESIS“ autour des paysages originels, de la nature et des populations vivantes selon leurs traditions ancestrales. Son œuvre se pose en cinq thématiques : Afrique, Amazonie et Pantanal brésilien ; confins du sud ; Sanctuaires ; Terres du Nord ; patrimoine génétique. Toutes les photos sont en noir et blanc et montrent outre les paysages, une faune, une flore et des hommes simples à l’écart du monde moderne où la nature règne en maître. Soufflant le chaud et le froid, son parcours est bien relayé dans cette exposition: quittant les majestueux glaciers et icebergs de l’Arctique, on survole les grands canyons de l’Arizona, les forêts et fleuves d’Amazonie, on croise les caribous d’Alaska ainsi que les lions, les éléphants et les gorilles de Zambie, de l’Ouganda et du Rwanda pour se retrouver face à des de tribus peu connues en Indonésie, en Papouasie, en Ethiopie, au Brésil… Une découverte à travers des scènes de vie et des portraits parfois envoûtants ainsi que certains aspects de leur existence à part. Une réflexion sur cette beauté si fragile qu’on doit absolument protéger, c’est le souhait qui a le plus de valeur dans la tête de Sebastião Salgado.
Exposition Genesis à la Fondation GoodPlanet dans le parc du Domaine de Longchamp à Paris
Fondation GoodPlanet
1 Carrefour de Longchamp
75116 Paris
Tel. + 33 1 48 42 01 01
www.goodplanet.org/fr