Passionné de boxe, de rugby, de tennis et ancien champion de bobsleigh, la longue vie de l’acteur français Claude Brasseur fut rythmée par le sport. Athlète accompli, il participe en 1981 sur un coup de dés au célèbre rallye raid Paris/Dakar aux côtés du pilote belge Jacky Ickx. Un pari risqué, mais payant, le duo remporte l’épreuve transafricaine en 1983.
Au début de sa carrière d’acteur, Claude Brasseur était également double champion de France de bobsleigh ! Mais malgré sa sélection en équipe de France, sa participation aux Jeux olympiques de 1964 à Innsbruck a été avortée suite à un grave accident aux Championnats de France un an avant. En début d’année 1980, Claude Brasseur et le pilote belge Jacky Ickx, alors aux sports d’hiver étaient tous les deux assis à la terrasse d’un café, et discutent automobile et aussi de la course de rallye raid Paris/Dakar qui était justement en train de se courir. Autour d’un verre, les deux vedettes plaisantent et se lancent le pari de participer à l’épreuve transafricaine. Info ou intox, toujours, est-il que les deux compères se prennent au jeu et se mettent en quête de trouver voiture et sponsors, pour la prochaine date.
En janvier 1981, Jacky Ickx et Claude Brasseur prendront le départ du raid Paris/Dakar 1981 au volant d’une Citroën CX à deux-roues motrices, soutenue par Citroën Belgique. Une vraie aventure pour ces deux novices en la matière, ainsi qu’une découverte de l’Afrique. Pour le pilote, exit l’univers des circuits, les stands et les rails de sécurité sont remplacés par du sable à perte de vue, un soleil de plomb, des rochers et de la boue. Pour Claude, la boussole et le sens de l’orientation font office de script. Une découverte assez chaotique au début, mais dès les premières spéciales le tandem à le rythme et gagne d’emblée une spéciale et ce devant tous le ténors de la discipline. Rapide peut être trop, avant de partir en tonneaux et abandonner. Mais que cela ne tienne, le Paris/Dakar a marqué ces deux bonhommes qui n’en demandaient pas tant. Ils s’alignent dans l’épreuve 1982, mais cette fois au volant d’un Mercedes 280 GE, et sous les conseils avisés de Jean Todt pour optimiser leurs chances. Cette fois, l’équipage s’est mieux concentré, il a appris, réfléchi, étudié, et embarque avec une bonne préparation en amont. Crescendo, ils se retrouvent en tête de l’épreuve avec une voiture en parfait état de fraîcheur. Cependant, au Mali à Gao, ils ratent un contrôle et écopent d’une lourde pénalité de 5 heures. Dépité, et avec un retard insurmontable, le duo n’a plus le choix et c’est un Jacky Ickx déchaîné qui s’adjuge l’étape Gao-Mopti. N’ayant plus rien à perdre si ce n’est de prouver leur combativité et leur brio, ils survolent littéralement tous leurs adversaires. Lors de l’étape marathon de deux jours, ils déposent les autres concurrents loin, très loin derrière eux avant d’enchaîner sur la liaison, sans s’arrêter afin de préserver leur monture de la chaleur. Une remontada superbe mais compliquée ponctuée de pannes et de crashs, mais au final, en sautant de bosse en bosse et en dominant les pièges de la jungle africaine, la célèbre paire termine 5e au panache et vainqueur moral de cette édition sans contestation.
Après cet exploit, Claude et Jacky misent sur la prochaine édition pour atteindre le Graal. Cette fois eu égard aux prestations antérieures, Mercedes emploie les grands moyens : assistance lourde, assistance légère en avion et contrôle permanent des équipages. Confié à Jacky Ickx et Claude Brasseur, le 4×4 Mercedes GE a subi un traitement de choc avec des essais en soufflerie pour être capable de ramener les lauriers du Paris/Dakar 1983.
Arrivés en Afrique, seulement en 5e position, Jacky et Claude s’illustrent ensuite avec une série de cinq victoires de spéciales consécutives afin de prendre le leadership, loin devant leurs poursuivants. La traversée du Ténéré, juge de paix du rallye, fut émaillée d’une tempête de sable dont les rescapés se souviendront longtemps. Entre Dirkou et Agadez, plusieurs équipages et motards restent engloutis dans un blizzard ocre, perdus. Un court instant, le 4×4 Mercedes 280 GE modifié du duo franco/belge se perd, mais par chance, retrouve la bonne trace mais connaît des problèmes de moteur avec un cylindre capricieux, puis tout rentre dans l’ordre. L’étape marathon se dispute sans intérêt et en liaison le 4×4 Mercedes reste immobilisé sur la piste : pont cassé. Coup de massue sur l’équipage leader, mais par chance, ils bénéficient de l’aide précieuse d’un pilote d’assistance rapide concurrent Jean Claude Avoyne qui leur fait une réparation de fortune afin qu’ils puissent rallier l’arrivée. Une fois sur place, l’assistance Mercedes prend le relais et démonte le pont de la voiture d’assistance rapide jumelle de Jean Pierre Jaussaud pour le mettre sur leur 4×4. Après leur mésaventure mécanique, l’équipage signe encore des victoires de spéciales et termine en tête près du lac Rose au Sénégal. Dakar accueille donc le duo en vainqueurs de ce rallye impitoyable. Jacky Ickx et Claude Brasseur ont déjà tout appris.
Jacky est aussi à l’aise sur une piste de terre, que sur l’asphalte d’un circuit et ça pour un spécialiste du tout-terrain, c’est quand même dur à accepter, d’autant plus qu’il soit au-dessus du lot et difficile devant à aller chercher à la régulière, Quant à Claude Brasseur, il rajoute une nouvelle corde à son arc, néophyte en navigation deux ans auparavant, il possède un excellent sens de l’orientation consolidé par une préparation sérieuse. Ces deux copains sont complémentaires et leur victoire était cette fois dessinée. Le jour même de cette victoire dans le Paris/Dakar, les deux lauréats annoncent leur participation à l’édition 1984.
Pour ce faire, Jacky Ickx a réussi à convaincre l’usine Porsche de participer à l’épreuve. Avec l’appui de récits, de résultats, et son expérience certaine et confirmée dans l’épreuve africaine, la firme allemande voyait par ce challenge une belle revanche, suite aux désillusions kényanes, pour s’imposer sur le Paris/Dakar. Sous sa direction, en prenant une base déjà existante, une Porsche 911 4 X 4 est étudiée, dessinée et testée dans des conditions extrêmes. Début 84, trois Porsche 911 d’usine étaient au départ de l’épreuve aux mains d’Ickx/Brasseur, Metge/Lemoyne et Kussmaul/Lener pour l’assistance rapide. En course, les bolides germaniques font étalage de leur supériorité, mais ne sont pas épargnées par les soucis techniques. Claude fait stopper la voiture suite à de la fumée qui s’échappe du tableau de bord, verdict : faisceau électrique grillé !! Près de l’abandon, ils réussissent in extremis à repartir après l’intervention d’un mécanicien de dernière minute. Loin des leaders, les deux compères vont signer 4 victoires d’étapes dans le désert avant de sortir de la piste, avec de gros dégâts. Ils parviennent toutefois à repartir et par la suite, remportent une 5e spéciale.
Au final, ils finissent 6e, mais c’est la Porsche sœur de Rene Metge et de Jean Claude Lemoyne qui s’adjuge la victoire de cette 6e édition du Paris/Dakar. Pari gagné tout de même pour l’équipage franco/belge à l’initiative du projet et dont la combativité n’a pas d’égal. Loin d’être rassasié, ils continuent leur aventure en duo avec Porsche qui toujours en quête d’évolution constante, va plus loin dans la technologie et propose 3 nouvelles 959, bourrée d’électronique et de nouveaux alliages. Mais cette année-là, les fusées allemandes sont affublées de multiples problèmes de jeunesse obligeant les équipages à surpiloter. Des risques inutiles, qui se terminent par des abandons consécutifs pour les trois équipages. Claude Brasseur a désormais une grosse expérience en navigation et veut encore passer du temps dans le baquet de droite au côté de son ami. Ils reprennent du service toujours avec Porsche en 1986 et au terme de cette dramatique édition, Claude et Jacky terminent à la seconde place derrière la Porsche 959 jumelle de René Metge et Jean Claude Lemoyne. Ce sera le dernier Paris/Dakar de Claude.